En mars prochain, la nouvelle
maison Troisgros présentera ses nouveaux atours au sein d'un parc de 17
hectares avec un étang. Les travaux ont commencé en juin 2015 pour un coût de 8
millions d'euros. « Comme disent les Canadiens, on prend notre chance, et non
pas on prend un risque, dit Michel Troisgros. Un pôle bancaire nous a suivis.
Notre expérience et nos bilans positifs ont joué en notre faveur et la présence
de César, dont le travail est reconnu, a forcément rassuré les banques sur
l'avenir de l'entreprise ». La genèse du projet : « Cela faisait
86 ans que nous étions locataires à Roanne. Nous avions fait quelques approches
avec les propriétaires au fil du temps mais le rachat a toujours été bloqué,
explique Michel Troisgros. Et puis nous avons réfléchi. Pour la prochaine
génération, rester dans ce cas de figure, ce n'était pas ce qu'il y a de mieux
car ils n'auraient pas pu gagner en espace, ni la transformer selon leurs
désirs. Ils n'auraient pas eu d'autre option que de changer la déco et de se
concentrer sur le développement de la marque et de restaurants ». Aussi
petit à petit, l'idée a germé qu'il fallait transférer la maison afin d'être
chez soi dans un lieu conçu exactement comme ils le souhaitaient. « Il y a une quinzaine d'années, nous avions visité
le terrain de Ouches et nous étions tombés sous le charme de cette nature et
des bâtisses. Lorsque nous avons appris qu'il était remis en vente, nous nous y
sommes rendus Marie-Pierre, César et moi. Nous avons finalement opté pour un
déménagement, ce qui nous permet d'offrir à nos clients la vue sur une campagne
magnifique et non plus sur des voitures qui passent devant la maison… »
Sur le terrain, des bâtiments
agricoles ont été complétés par une salle de restaurant contemporaine avec au
centre un grand chêne et une vue sur les vergers et la forêt de chênes. A côté,
se trouve un petit manoir qui accueillera 12 chambres et une longère
privatisable avec 3 chambres. Un ensemble architectural conçu avec Patrick Bouchain. « Ce sera un 3
étoiles qui n'aura pas les codes traditionnels d'un 3 étoiles. Nous avons
entamé une grande réflexion sur le métier et notre vision de cette future
maison, confie Marie-Pierre Troisgros.
Ainsi les clients vont accéder au restaurant par une arrière-maison, en voyant
les offices, la cave, la plonge… comme si on présentait les hommes de la
maison. Nous emmenons régulièrement nos collaborateurs visiter les lieux afin
qu'ils se l'approprient. Tout le monde est impliqué. L'âme de la maison, ce
sont les hommes et ils seront toujours là ».
Et la cuisine ? « César et moi avons travaillé à la conception
de la cuisine. Il aura un lieu à lui dont il n'aura pas hérité mais qu'il aura
conçu en prenant en compte l'organisation qu'il souhaite mettre en place, les
matériaux… Nous conservons la même équipe et nous ferons entre 50 à 60 couverts
comme aujourd'hui. », précise Michel Troisgros. Un changement de lieux
qui peut avoir une incidence sur la cuisine ? « Je le pressens mais je ne peux pas l'anticiper. Il faudra le
vivre ».