Surpris. C'est ainsi que Cyril Laugier qualifie ce qu'il a ressenti quand il a appris qu'il avait décroché sa première étoile, après un coup de fil d'un ami. Le chef de L'Auberge du paradis, qu'il a ouverte il y a dix-huit ans à Saint-Amour-Bellevue, ne s'attendait pas à cette récompense. "À 42 ans, je suis heureux de faire partie de l'élite, c'est pour moi une reconnaissance professionnelle", avoue-t-il. Né à Rabat au Maroc, Cyril Laugier a passé son enfance à Grasse (06) où il se passionne très tôt pour la cuisine, qu'il apprend aux côtés de ses chères grands-mères. Après l'école hôtelière de Nice en 1989, le jeune sudiste part apprendre le métier aux côtés de Georges Blanc à Vonnas (01), puis au Coq au vin, petite auberge à Julienas (69) dans le Beaujolais. Il tombe amoureux de la région. Mais le jeune chef poursuit sa carrière sous d'autres cieux : tout d'abord dans les cuisines de l'Élysée, sous la présidence de François Mitterrand, puis à Istanbul pendant trois ans dans une brasserie française. De retour en France, il s'installe finalement à Saint-Amour-Bellevue, après avoir eu un coup de coeur pour cette auberge qu'il restaure totalement.
Cuisine des épices
Aujourd'hui, l'établissement dispose de neuf chambres et d'un restaurant. La décoration, fruit d'un métissage entre une ambiance contemporaine et rustique, est d'ailleurs à l'image de sa cuisine : très créative. Le chef aime marier les saveurs contraires, cuisiner les légumes en dessert et les fruits en plat, et surtout s'amuser avec les épices : curry, cardamome, garam massala, poivre de Timut... Il change de menu tous les mois. "Je propose une cuisine d'inspiration, très décalée, où les épices jouent un rôle majeur. Cela vient sans doute de mon enfance au Maroc et de mes années en Turquie. Et puis, j'aime aussi mettre en scène mes plats, avec une présentation en relief et en hauteur. Il est vrai que je suis un passionné d'architecture et de sculpture", explique Cyril Laugier. Quant à la suite de sa carrière, le chef semble détaché. Il souhaite tout simplement continuer à cuisiner comme il l'aime.
Publié par Stéphanie Pioud