Gwendal Poullennec, directeur international des guides Michelin, et Elisabeth Boucher, directrice communication, ont annoncé, le 13 février, le lancement du premier podcast du célèbre guide rouge : Oui Cheffes !, un podcast qui célèbre les femmes dans le milieu de l’hôtellerie-restauration. "Nous avons eu l’intention, dans un collectif animé par Gwendal Poullennec, de travailler sur l’invisibilité des femmes", explique Elisabeth Boucher. Face aux défis persistants liés à la représentation des femmes dans l’hôtellerie-restauration, le guide rouge s’engage à travers ce podcast dans une démarche de valorisation et d’émancipation des talents féminins du secteur, en leur offrant une tribune pour partager leurs expériences, leur expertise et leurs ambitions.
Le guide Michelin recence 0,4 % des restaurants en France. Sur les 630 restaurants étoilés en France présents dans le guide, 45 sont tenus par des femmes (7 %). Même si c’est le double d’il y a dix ans, est-ce suffisant ? Certainement pas. Problème de visibilité, question entrepreneuriale avec notamment les difficultés d’accès à des financements, crainte de suivre des formations… "Nous constatons qu’il y a au moins trois leviers sur lesquels Michelin a sûrement un impact positif réel : la mise en visibilité des femmes - les femmes sont encore vues comme des exceptions ou des exploits -, la transmission des savoirs dans le secteur, et la dimension entrepreneuriale. Nous avons décidé de saisir le premier levier, c’est-à-dire la mise en valeur des femmes dans ces métiers", explique Gwendal Poullennec. "L’attractivité des métiers de l’hôtellerie et de la restauration ne pose pas de problème aux femmes. Les freins se situent notamment au moment des financements", déplore la directrice communication.
Oui Cheffes !
"Conscients de notre responsabilité dans l’évolution du secteur, nous avons souhaité, avec ce premier podcast, valoriser les talents féminins de la gastronomie et de l’hôtellerie. Si modeste soit-elle face aux défis considérables liés à la place des femmes dans ces métiers, cette initiative vise à inspirer la nouvelle génération, à encourager des carrières et à briser les stéréotypes de genre encore trop présents dans le milieu de l’hospitalité", déclare Gwendal Poullennec. Le nom a été choisi en écho à une expression typique de la cuisine, qui a été féminisé et pluralisé pour donner le sentiment de collectif. "On sent plus de solidarité entre les femmes que les hommes ", témoigne Elisabeth Boucher.
La première série est composée de 5 épisodes, d’une durée de 10 à 15 minutes. Les épisodes proposent une rencontre exclusive avec une professionnelle qui se livre sur son parcours et sa vision du métier. Le guide a donné la parole à Anne-Sophie Pic, seule cheffe à diriger un restaurant trois étoiles Michelin. À Nadia Sammut, la première cheffe étoilée d'un restaurant sans gluten à l'Auberge La Fenière (elle-même étant atteinte de la maladie cœliaque). "Je suis la troisième femme de ma famille a diriger le restaurant. Cette année, la maison fête ses 50 ans. J'arrive après une grand-mère qui était très forte, qui a fait de la cuisine son métier parcequ'elle devait avoir un métier. Ma mère [la belle-fille de sa grand-mère] a suivi des études de médecine et est arrivée dans les cuisines pour suivre mon père. Et moi j'arrive après, avec cette maladie cœliaque. J’ai œuvré pour garder cette force, cette résilience, cette envie de créer", a témoigné Nadia Sammut. À Georgiania Viou, cheffe étoilée du restaurant Rouge, à Nîmes, qui rappelle également le parcours de sa grand-mère et de sa mère, des femmes "courageuses" qui lui ont précédé. "L’idée qu’on est une exception alors qu’il y actuellement tant d’autres femmes m’est difficile. Donc si on peut se servir de nos voix pour faire passer le message, faisons-le !" À Blanche Loiseau, cheffe de cuisine en charge du développement des restaurants de la maison Loiseau, et qui milite toujours contre les termes de "cuisine féminine", et à Sarah Benahmed, directrice de salle du restaurant La Table de Lausanne, qui a exposé un joli témoignage autour de la maternité qu'elle englobe dans la parentalité.
Publié par Romy CARRERE
