Il y a quarante ans, les parents d’Omar Abodib rachetaient un manoir en piteux état sur les hauteurs d’Étretat (Seine-Maritime) et le transformaient en hôtel-restaurant. Omar Abodib, la quarantaine et quatre enfants, a pris le relais il y a déjà quelques années et a fait fructifier l’investissement. De 21 chambres, le Donjon Domaine de Saint-Clair vient de passer à 25. Le restaurant gastronomique – avec à sa tête le chef Gabin Bouguet - s’est doublé d’un bistrot ouvert début août. “Avant d’être un hôtelier-restaurateur, je suis un entrepreneur ancré dans mon territoire. Je suis heureux d’avoir 25 salariés, ça veut dire que je fais vivre 25 familles. Nous avons un rôle à jouer dans notre environnement, au-delà des produits et de la cuisine, nous devons aussi investir dans le bâtiment, la rénovation de notre patrimoine, l’art de la table, etc. On se doit de soutenir les entreprises françaises.” Omar Abodib regrette que le rôle des professionnels dans la dynamique du tissu économique et social ne soit pas reconnu à sa juste valeur. Or c’est ce qui le fait avancer.
“J’ai évolué. Je suis sorti des relations purement commerciales. Il faut s’ouvrir à l’autre, accorder de l’attention, tisser des liens. Avoir des relations saines.” Aussi, dans ses relations avec les producteurs et les fournisseurs, il a instauré un “rapport gagnant-gagnant”. “Si je te fais travailler, tu me fais travailler, ou au moins tu es un ambassadeur de ma maison. Car je suis aussi un ambassadeur de leur maison”, détaille-t-il.
“Il faut entendre les attentes de nos collaborateurs”
L’année dernière, Omar Abodid a organisé avec le Collège culinaire de France le Marché complice au Havre. Il a invité 30 fournisseurs à vendre leurs produits aux clients. Douze chefs de la région présents les ont ensuite cuisinés sous leurs yeux, avec la surprise du contenu du panier. 3 500 personnes sont venues. “Tout le monde s’est amusé. J’aime cet esprit de partage.” Des producteurs qui sont également mis en valeur dans le menu du restaurant. Autre action, une fête chez lui qui réunit tous les producteurs, avec un shooting photo professionnel : le producteur repart avec son portrait et une photo de son produit.
“La dimension humaine et la dimension temps ont été longtemps oubliées. Je sens qu’elles reviennent. Par exemple, une fois par an, j’invite mes collaborateurs à passer trois jours dans un vignoble différent. Le travail de précision, ultra professionnel et dans la bonne humeur que l’on trouve chez les vignerons imprègne l’équipe. Même si un salarié est sur le point de quitter l’entreprise, je l’invite. On a travaillé ensemble, on doit se quitter en bons termes.” Omar Abodib parle d’éthique, de relations humaines, d’entreprise aux valeurs sociales, de respect. “Je veux qu’ils gardent une bonne image et qu’on puisse se rappeler sans aucune gêne.”
L’entrepreneur investit aussi dans la formation professionnelle. Il vient de leur proposer une formation sur l’intelligence relationnelle (pour améliorer le contact avec le client) ou encore sur le vin : “Tout le monde progresse et cela permet aussi de fidéliser les équipes”. Il privilégie les CDI et que les salariés ont deux jours de congés consécutifs. “Nous pâtissons d’un désamour du métier et plus encore d’un désamour du service. Il faut entendre les attentes de nos collaborateurs. On doit aider et accompagner nos salariés au même titre que nos fournisseurs. En fait, ça me fait du bien de me sentir utile.”
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Publié par Nadine LEMOINE