Les professionnels du tourisme se sont retrouvés hier en fin de journée au Quai d'Orsay pour le 'rapport d'étape' concernant la taxe de séjour. Le tour de table était-il joué d'avance ? Roland Héguy, président confédéral de l'Umih, Laurent Duc, président de la branche Umih Hôtellerie et Jacques Barré, président du GNC, qui pensaient participer à une négociation ont fait part de leur surprise et de leur déception ce matin rue d'Anjou devant la presse. En effet, la grille de tarification présentée par les services techniques des ministères concernés ne serait pas modifiable même si une ultime réunion est annoncée d'ici à dix à douze jours. Plus étonnant, le contenu de la grille « était connue sur le site des Echos alors que nous commencions seulement la réunion » constatent avec une certaine stupeur les dirigeants syndicaux qui considèrent avoir assisté à un débat d'abord « parisien » et qui, dans son ensemble, « stigmatisait» l'hôtellerie française. Plusieurs points étaient à l'ordre du jour. Le principe d'une taxe applicable au réel ou au forfait et son régime facultatif ou obligatoire : « ces décisions restent entre les mains des maires. Donc, rien ne change. Nous voulions davantage de transparence dans l'affectation des recettes et surtout qu'elles soient dirigées vers le tourisme. Les choses restent là aussi en l'état. » Petite satisfaction tout de même : la taxe Hidalgo destinée au financement des transports en Ile de France est pour l'instant reporté. Quant à l'élargissement de l'assiette de perception de la taxe de séjour à la totalité des hébergements réclamée au nom de l'équité commerciale par les hôteliers, l'affaire n'est pas gagnée. « Nous pensions que les services de l'Etat allaient étudier les différentes possibilités, qu'il y aurait des études d'impact. Eh bien non. Ce sont les établissements qui ont fait des efforts de classement et principalement les hôtels qui vont être taxés. Alors que nous nous sommes battus pour mettre en place une lisibilité et une visibilité de l'offre française, les établissements qui ont investi vont aujourd'hui être les premiers taxés. C'est une erreur monumentale, économique et psychologique » s'énerve Laurent Duc. Si le barème ne prévoit toutefois pas de déplafonnement pour les 1 et 2 étoiles, on passerait de 1 euro à 2 euros pour les 3 étoiles, de 1,50 euro à 2,5 euros pour les 4 étoiles, de 1,50 euros à 3 euros pour les 5 étoiles. Pour les non classés, le plafond passerait de 0,40 euro à 0,75 et les palaces iraient directement à la case 3,50 euros. « Sur le principe, ca ne va pas, ajoute Laurent Duc. Un palace, c'est une distinction et non un classement. Comment peut-on appliquer une taxe sur une distinction ? ». Pour Jacques Barré, d'autres aspects doivent être soulevés : « Nous avons en face de nous des députés qui sont dans l'addiction fiscale. Ces montants annoncés sont-ils des seuils plafonds ou plancher ? ». Ce compte-rendu à chaud "ne doit pas faire oublier que le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, soutient le tourisme et la profession et que de nouvelles propositions vont apparaître" relativise Roland Héguy. Sous la bannière du GNI, le Synhocart, la Fagiht et la CPIH déplorent eux-aussi cette hausse programmée car elle « ne constitue pas un signal positif pour le secteur ». Leur analyse de la réunion est plus modérée. Ils estiment que la profession a été entendue en réaffirmant le principe d'une taxe fixée au réel et non au forfait. Ce système, rappelle le groupement, permet « à l'hôtelier de faire supporter la taxe par les clients et de ne la distinguer du prix de vente. Autre avantage pour l'hôtelier de la taxe de séjour au réel, ne payer ni TVA ni commission aux agences de réservation en ligne sur la taxe de séjour. Enfin ce système de taxe de séjour au réel permet à l'hôtelier d'afficher sur internet des prix plus compétitifs car hors taxe de séjour. » Nécessaires dans le débat actuel. Le groupement qui réclame également l'égalité des taxes dans l'hébergement, a évoqué plusieurs pistes, plaidant ainsi pour une « déclaration systématique des meublés touristiques auprès de leurs communes, la délivrance d'un numéro d'enregistrement et l'obligation faite aux sites internet d'afficher en face de chaque annonce le numéro d'enregistrement du logement. ». Revenant sur la problématique parisienne, le groupement note avec satisfaction la décision réaffirmée de la Ville de Paris « de passer la taxe de séjour au réel à compter de l'année 2015 ». Une « excellente nouvelle pour Didier Chenet, président du Synhorcat et co-président du GNI. Nous réclamions cette mesure depuis plusieurs années ».
Publié par Sylvie SOUBES