L'avenir paraissait tout tracé pour Alex Varlik qui, après des études de droit à Assas, rejoint le barreau de Paris. Mais l'avocat finit par s'ennuyer. "J'avais besoin d'aventure. Mon père étant turc, j'ai choisi de m'installer à Istanbul, d'autant que la ville commençait à vraiment bouger. Il y avait beaucoup d'énergie dans tous les domaines : l'art, le design, la gastronomie…", raconte-t-il. En 2006, il plie bagage et rejoint un cabinet d'avocats turc spécialisé en fusions-acquisitions. Quelques mois plus tard, il quitte tout et se lance dans l'immobilier et l'apprentissage du turc. "Je voulais faire quelque chose d'opérationnel, et puis cela m'a permis de me constituer un petit réseau", note-t-il.
C'est alors qu'il rencontre l'un des propriétaires de The House Cafe, une chaîne stambouliote de cafés branchés. "Je lui ai proposé de faire de la location d'appartements à la journée avec services dédiés. Il m'a fait confiance et nous nous sommes associés", poursuit-il. The House Apart - "un concept conçu pour la classe moyenne émergente turque" - se révèle "un carton total". En deux ans à peine, la société compte trente appartements dans la ville, ce qui ne manque pas de susciter l'intérêt d'investisseurs. En 2009, la majorité du capital est ainsi cédée à un fonds d'investissement irlandais, Kerten Private Equity.
Épaulé par ce nouvel appui financier, Alex Varlik se lance dans l'hôtellerie de luxe, avec la création de The House Hotel. "Les boutique-hôtels étaient quasiment inexistants à Istanbul à cette époque. Le succès a là aussi été au rendez-vous : en dix-huit mois, nous avons ouvert trois établissements", déclare-t-il.
"Istanbul est une petite New-York"
Deux années plus tard, l'aventure prend fin, en raison d'un conflit avec le fonds d'investissement. Alex Varlik conçoit alors un boutique-hôtel à signature française, le Georges Hotel Galata. L'adresse de vingt chambres multiplie les clins d'oeil au pays natal de l'hôtelier : parquets à la française, moulures, bougies sur les tables, Gainsbourg en fond sonore… "J'ai voulu accueillir les hôtes comme dans une maison particulière. Il n'y a pas d'enseigne à l'extérieur, ni de réception. Il y a une vaste terrasse avec vue sur le Bosphore et un restaurant bar d'influence française. Le personnel n'est pas visible dans les parties communes : j'ai créé des accès distincts derrière des portes masquées ou des rideaux", détaille-t-il.
D'ici cinq ans, l'établissement devrait gagner vingt chambres supplémentaires, tandis qu'Alex Varlik pense d'ores et déjà à d'autres projets d'hôtellerie et de restauration dans le pays. "La Turquie est jeune et dynamique. Les Turcs ont une mentalité un peu anglo-saxonne, dans le sens où ils sont très entreprenants et ambitieux. Je suis fasciné par Istanbul, cette ville est extrêmement moderne et progressiste, c'est une petite New York où tout se passe très vite", juge-t-il.
Pour Alex Varlik, Istanbul constitue donc un tremplin qui va lui permettre d'exporter sa marque hôtelière. Le Georges Hotel South Beach - une adresse de 36 chambres - ouvrira à Miami à l'horizon 2018. D'autres destinations, comme New-York, Los Angeles et Hong-Kong, devraient également voir le jour, d'ici à 2023.
Publié par Violaine BRISSART