"Mon grand-père, boucher-charcutier-traiteur, m'a transmis son amour de
la cuisine et de la restauration. À la fin de la troisième, je me suis donc
orienté vers un lycée professionnel et j'ai fait dans la foulée trois CAP, en
cuisine, service et hôtellerie internationale. À 14 ans, je voulais déjà
être directeur d'hôtel, et je pensais que le meilleur moyen d'apprendre ce
métier était de connaître les coulisses, en cuisine et en salle. J'ai effectué
mes premiers stages dans de belles maisons du sud de la France comme chef de
partie cuisine, avant de partir en Grande-Bretagne dans un hôtel-restaurant 4 étoiles.
Très rapidement, le directeur m'a proposé de manager la partie salle en
restauration. J'avais 21 ans et je devais gérer une brigade de 23 personnes,
ce qui n'a pas été facile du tout...
Au bout de deux ans, j'ai quitté le climat anglais pour les Antilles. J'ai
fait le tour de la Martinique pour trouver un poste. J'ai donné mon CV au chef
du Méridien qui m'a dit : "Les diplômes, je n'en ai rien à faire. Allez
chercher une veste de cuisine." Le lendemain, il me confiait l'ouverture
d'un petit restaurant à consonance gastronomique, La Case créole... Une fois
cette mission achevée, j'ai fait l'ouverture d'un autre restaurant d'hôtel, au
Méridien Saint-Martin de l'Anse Marcel. Le dernier jour de mon service, le chef
a reçu un appel dans son bureau. Il m'a demandé: "Kourou, Guyane française,
ça t'intéresse ?", et je suis parti ouvrir un autre établissement
gastronomique là-bas, Le Provence.
"J'ai toujours eu le sens du commerce"
Rentré en métropole, j'ai voulu monter une affaire saisonnière à Port-Camargue.
Ça a été un échec mais, comme je dis toujours, c'est la continuité de la
réussite. On m'a mis quelques bâtons dans les roues, et je n'ai pas eu le droit
de vendre de l'alcool. Je me suis retrouvé endetté et j'ai fermé l'affaire. C'est
là que j'ai intégré l'hôtel Imperator Concorde de Nîmes, où j'avais déjà
travaillé comme groom. J'ai croisé le directeur d'hôtel qui m'a proposé un
poste de chef barman. J'ai tout de suite accepté, tout en devenant associé, en
parallèle, dans un établissement bistronomique, Le Carré d'art de Nîmes. Ma vie
a basculé quand l'un des actionnaires de l'hôtel m'a dit : "Quand on
est capable de vendre une bouteille de vin 700 francs, on peut vendre une
chambre d'hôtel 1 000 francs." Et je me suis retrouvé chef de
réception et directeur commercial de l'établissement. Je n'y connaissais rien,
mais il m'a fait confiance, lui qui avait commencé sa carrière comme simple
primeur. J'ai toujours eu le sens du commerce, et j'ai appris rapidement le
métier, qui est plus facile, je trouve, que la restauration.
"Conseil, service et
disponibilité"
Trois ans plus tard, j'ai accepté d'auditer un hôtel sur l'île de
Saint-Barthélemy, et j'en ai pris la direction commerciale. Il faut savoir saisir
de telles opportunités... À mon retour, Yannick Gavelle, que j'avais
rencontré lors d'un salon à l'international, m'a proposé de m'associer dans un
projet de chaîne hôtelière. J'ai rencontré ses deux autres associés et
fondateurs, Cyril et Karl
Vaussard, et c'est ainsi que je suis devenu le directeur commercial
et développement d'Hôtels & Préférence.
Aujourd'hui, le groupe compte 150 établissements 4 ou 5 étoiles,
notre objectif étant d'atteindre 250 enseignes à terme. Nous proposons des
coûts d'affiliation raisonnables et une vraie expertise. Une chaîne doit
désormais offrir du conseil, du service et de la disponibilité à ses affiliés.
C'est cette valeur ajoutée qui lui permet de se distinguer d'autres acteurs, axés
seulement sur la promotion et la réservation.
Passionné par les automobiles anciennes, j'ai aussi décidé de faire d'Hôtels
& Préférence la chaîne de référence sur ce créneau. Par exemple, j'ai pris
un stand sur Rétromobile, le plus grand salon européen du secteur, j'ai créé un
package 'Spa pour Madame, spa pour la voiture'... Les collectionneurs ont les
moyens, ils ont la passion des belles choses et ils peuvent amener d'autres
clients, par exemple lors d'un séminaire. C'est un marché de niche très
intéressant et, dans ce métier, il faut savoir se démarquer."
Publié par Propos recueillis par Violaine Brissart
mercredi 30 septembre 2015