C'est sous la bannière 'le coeur battant de nos villages', que l'Umih a lancé les Assises de la ruralité à Rodez.
Rodez a accueilli lundi 9 avril les Assises de la ruralité
organisées par l'Umih, qui souhaite déclencher un mouvement et poser les bases d'une
reconstruction durable de l'activité rurale. « La ruralité est une grande cause qui mérite la mobilisation de
tous » a indiqué en ouverture Hervé Bécam, vice-président confédéral
de l'Umih. Aujourd'hui n'est pas une fin
en soi mais un acte fondateur, destiné à fédérer les énergies ». Et
celles-ci sont multiples, comme l'ont prouvé les témoignages qui se sont
succédé en tribune. Christian Tesseydre,
maire de Rodez s'est battu comme son prédécesseur pour l'implantation du
musée Soulages, musée d'art contemporain
situé à l'entrée du centre historique de la ville. Alors que ce musée n'était qu'à l'état de
projet, un sondage indiquait que 85% des ruthénois étaient contre. « Depuis son ouverture, en 2014, les
offres d'emploi ont augmenté de 30%. Le musée s'est hissé parmi les premiers de
la région Occitanie. Notre objectif est désormais de doubler sa fréquentation
mais pour cela, nous avons besoin de mettre en place des packages 'tourisme' en
Aveyron, qui bénéficieront à l'ensemble du territoire ». Cette notion d'animation
a été omniprésente durant l'ensemble des travaux. Elle est nécessaire pour
attirer les visiteurs mais aussi pour recréer une vie locale. Au premier plan
bien sûr, les cafés, les hôtels, les restaurants. En 2015, France Boissons a
initié les rencontres « Comptoirs & Territoires » qui permettent aux élus
locaux et aux patrons d'établissements d'échanger sur les difficultés rencontrées
et de proposer des solutions, explique Franck
Fléchard, directeur de la communication de la filiale de distribution d'Heineken.
« Pour reprendre un établissement en
zone rurale, il faut un accompagnement spécifique. Cela demande une
compréhension du tissu local, des besoins qui sont différents en fonction des
lieux ». Charles-Edouard Barbier qui est hôtelier-cafetier-restaurateurs
dans l'Oise, membre de l'Umih 60 et labellisé Bistrot de Pays, le confirme. « La base, c'est proposer des services
de proximité adaptés. Mais cela ne suffit pas, il faut donner d'autres raisons
de venir, attirer la clientèle des villes avoisinantes par des événements, en n'hésitant
pas à innover, à tenter ». Dans son établissement de Heilles, celui-ci
a même osé un défilé de mode sur le thème de la lingerie en partenariat avec
une boutique de Beauvais.
Savoir s'adresser aux clientèles locales
Autre expérience intéressante, celle de Charles Moncouyoux et son Bus 26. « Avec mon épouse nous avons fait cinq
ans chez Régis et Jacques Marcon. Quand on a ensuite
voulu ouvrir un établissement à la campagne, les banques nous ont dit que ça ne
marcherait jamais. A force de réfléchir, nous avons décidé d'ouvrir il y a
trois ans un restaurant itinérant. Nous nous installons un mois dans un village,
mais en arrivant le matin et en repartant le soir. On investit des endroits
très différents mais qui redonnent vie aux villages. On pensait s'adresser aux
30/50 ans et ce sont les 40/90 ans qui réservent… Pour recréer de l'activité,
je pense qu'il faut aussi donner aux communes des éléments de communication. Le
travail doit se faire en partenariat. »Fabrice Galland, président de la Fédération International des
Logis, a présenté récemment en Haute-Marne le nouveau concept développé par le
réseau dans les communes de moins de 2000 habitants : l'Auberge de Pays by
Logis. « Ce sont des
boutiques-hôtels de 7/8 chambres, que nous accompagnons et qui s'adressent
certes aux touriste, mais également à la clientèle locale. Ces implantations
vont se faire en collaboration avec les acteurs locaux et des exploitants qui
ont la volonté de construire un projet ». D'autres outils
apparaissent. Même la Sacem s'y met. Son représentant, Dominique Grenier, a annoncé un abattement supplémentaire de 25% (sur
le tarif protocolaire Umih) pour les petits établissements situés dans des
communes de moins de 2 000 habitants dont le chiffre d'affaires ne dépasse
pas 100 000 euros. A ses côtés à Rodez, le chanteur Yves Duteil, membre du conseil d'administration de la Sacem et
maire pendant 25 ans d'un village de 750 habitants. Près d'une trentaine d'intervenants
ont ainsi plaidé la cause de la ruralité, dénonçant principalement sa méconnaissance. Le
retrait des pré-enseignes en est le meilleur exemple pour Frédéric Néraud, président de Tourisme Loiret ou pour Vanik Berberian, président de l'Association
des Maires Ruraux de France, qui fustigent tous deux des normes pensées pour
les grandes villes, au mépris de la campagne et de sa réalité.