La question ne fait pas l’ombre d’un doute. Aux yeux de Damien Rodière, directeur général France de The Fork, la crise a été “un accélérateur de digitalisation” pour les restaurateurs. “Pendant cette période, le seul moyen de garder le lien avec leurs clients a été le digital. Pour eux, c’est devenu une évidence”, estime-t-il. Sans vente à emporter ni livraison à domicile, ces derniers “n’auraient pas eu d’activité pendant huit mois”.
De son côté, Kevin Mauffrey, directeur commercial de Deliveroo France, observe une explosion des restaurants présents sur sa plateforme de livraison, passant de 12 000 établissements début 2020 à 20 000 en fin d’année. De grands noms comme Hélène Darroze ou Yannick Alléno se sont même prêtés au jeu de la livraison en moins de 30 minutes, rappelle-t-il.
Les dark kitchens ont également gagné du terrain, tout comme les QR codes. “Le QR code est une solution supplémentaire qui permet de simplifier la prise de commande et le paiement, faire gagner du temps au restaurateur, etc.”, souligne Damien Rodière. Cet outil représente aussi un “enjeu d’écoresponsabilité, puisque cela permet d’économiser du papier”.
Une tendance de fond
Cette explosion de la digitalisation et de la livraison est-elle amenée à s’essouffler avec la réouverture des restaurants et des terrasses ? “Ces changements vont s’inscrire dans la durée », assure Pauline Gauthier, cheffe de pôle Agrotech, spécialiste du marché anglo-saxon. Au Royaume-Uni, la livraison alimentaire – une “habitude ancrée depuis longtemps” - est adoptée par 40 % de la population. Pour l’experte, la livraison et la restauration sur place sont “deux concepts qui ne sont pas du tout concurrentiels”. “Tout dépend de l’expérience que [les consommateurs] ont envie de vivre”, note-t-elle.
Publié par Violaine BRISSART