Contraints d'être rénovés en raison des mises aux normes et mis en vente en fonction de l'âge de leurs propriétaires, les hôtels parisiens font l'objet de toutes les convoitises. Rachetés par des fonds ou des particuliers, ils subissent de profondes transformations qui jouent beaucoup sur l'esthétique. Le Grey Hôtel de la rue de Parme à Paris (IXe), n'échappe pas à la règle. Ouvert depuis le 15 septembre après dix mois de travaux, il devrait proposer un prix moyen de 230 € la chambre à l'année. Racheté en 2011 par la famille Gazil, l'hôtel propose une partition monochrome, sur une variation de gris, mises en valeur par des jeux de lumière qui forment dans tout l'hôtel une symphonie en gris mineur. Contrairement aux idées reçues, Le Grey Hotel, n'est pas un hôtel triste, même si le gris en est la couleur dominante. Il est surtout un hommage à la couleur grise, qui rappelle celle des toits de Paris.
"Le cahier des charges donné à Vincent Bastie, l'architecte [qui possède à ses actifs plus de 30 chantiers réalisés sur Paris] et à sa chef de projet Elsa Joseph, était simple : faire un hôtel en gris", déclare Sophie Gazil la propriétaire. "Car moi qui suis une coloriste de métier, je souhaitais justement une non-couleur, sur laquelle je pouvais jouer en modulant les valeurs d'intensité", poursuit-elle. Car ici la couleur vient en contre point du gris alors que la lumière donne de la profondeur… Dans les 32 chambres de l'hôtel ainsi que dans la seule suite, tout est donc gris, du sol au plafond mais rehaussé d'une couleur spécifique. Ainsi, la couleur argent est dédiée à la seule suite, mais dans les autres chambres on a dispatché d'autres touches de couleur comme le pourpre, le charron (bleu acier) ou le safran.
L'importance des espaces
Le mobilier choisi par Elsa et Sophie est en bois gris foncé, mais les fauteuils sont habillés de tissus chauds, des lainages ou des flanelles, alors que les têtes de lit sont en simili cuir gris. Seule nuance de couleur, la moquette et un bandeau de couleur sur l'armoire : type tartan pour la chambre safran, type bulle de verre pour la chambre bleu charron. Les salles de bains sont de vraies compositions. "Toutes les salles de bains possèdent quatre types de carrelages gris, sans oublier la touche Bastie avec les leds implantées dans les carrelages de la douche", décrit Sophie Gazil. Les chambres, d'un bon niveau acoustique, font entre 18 et 22 m2. "Pour les quatre chambres individuelles, nous avons même choisi un lit en 140 cm", précise la propriétaire qui ajoute que "tout a été choisi en fonction des espaces. Elsa a dessiné deux motifs de moquette sur cinq qui viennent toutes de chez HTW. Quant aux tissus, ils viennent de chez Osborne, Pierre Frey, Elitis, Nobilis, Nina Campbell, Little Designers Guild, Kvadrat, Lelièvre, Missoni ou encore Dominique Kieffer".
Sur les murs, la couleur grise a fait l'objet de toutes les attentions. "Tous les jours, je vérifiais la couleur en fonction de la lumière du jour. Je ne voulais pas d'une couleur qui vire", déclare la jeune femme. Principale décideur, Sophie Gazil a su choisir également les artistes pour animer les murs. Dans la junior suite, c'est une fresque qui a été commandée à Hervé Half, qui propose, façon Léger, la vue des toits de Paris depuis le vasistas de la suite. Dans les autres chambres et dans le lobby les tableaux ont été réalisés par Julie Gauthron qui développe sur le thème du sommeil d'élégantes compositions d'endormies créées à partir de fil de fer. Au niveau des équipements, on retrouve tout le confort 4 étoiles avec pour la suite, une cafetière Nespresso en supplément.
Puits de lumières, douces ou fortes
"Nous avons choisi des matériaux de la qualité maximale", explique la propriétaire, ma famille étant dans le bâtiment, nous avions des conditions intéressantes." Mais plus que tout, ce sont les luminaires qui font la différence. Toutes les chambres possèdent luminaires, liseuses, et appliques qui apportent leur puits de lumières, douces ou fortes, qui se règlent avec les variateurs de lumière. "Comme j'ai voulu un hôtel où la couleur est souvent absente, j'ai en revanche bien choisi mes lumières car je pense que la lumière scénarise le gris", déclare la jeune femme. Et ce choix est original, comme cette lampe capeline placée à l'entrée de l'hôtel qui, la nuit, crée des effets d'ombre et de lumière, ou cette lampe type cage à oiseaux, joli point de couleur près du bar sombre, ou encore les jolies appliques cylindriques placées à la tête du lit dans les chambres.
"Nos clients, principalement des hommes d'affaires adorent", déclare la jeune femme. Fière de ce premier établissement, la propriétaire aimerait bien relancer un nouveau chantier dans un autre quartier. "Mais comme c'est une affaire familiale, nous devons déjà absorber l'achat de celui-ci", confie-t-elle. En attendant, elle est satisfaite du quartier et de l'entente cordiale avec les nouveaux hôtels ouverts récemment comme le Secret, très ouvert. "Tout le monde se renvoie les clients", dit-elle, tout en précisant : "nous sommes tous très différents, mais il en faut pour tous les goûts."
Publié par Évelyne de Bast