L'établissement devient également le rendez vous des alpinistes. Il n'est pas rare d'y croiser Maurice Herzog ou Frison Roche. Le succès est tel que le chemin muletier ne peut suffire aux 12 000 visiteurs annuels. La ville décide donc en 1892 de construire un chemin de fer à crémaillère pour relier la mer de glace à Chamonix. Le projet suscite une farouche opposition des habitants, qui veulent protéger l'emploi des guides et des muletiers. Inauguré en 1909, ce train relie toujours, en vingt minutes, la ville à l'hôtel et la mer de glace. C'est aujourd'hui l'attraction touristique la plus fréquentée de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Du mobilier originel pour témoigner de l'histoire du lieu
Mais, l'hôtel, resté dans son jus depuis son ouverture, n'était plus adapté à la clientèle actuelle. Il fallait donc s'attaquer à la rénovation et la modernisation de cette icône alpine. Un pari qu'a relevé le groupe Sibuet, en quelques mois à peine. "Il a fallu entreprendre une rénovation en profondeur, une mise aux normes, refaire entièrement le toit, etc. tout en respectant les demandes de l'architecte des bâtiments de France", explique Jérémy Brunet, le directeur général. Les travaux ont commencé en septembre 2016, avec des conditions climatiques extrêmes et un approvisionnement possible uniquement par la voie ferrée. Meubles, grues, machines : tout a été livré par le train. "Il fallait décharger toutes les vingt minutes avant de laisser la place aux touristes."
Les boiseries ont été déposées, retraitées et vernies. Les vieux parquets rénovés craquent encore sous le poids des années. Le style respecte les codes de la montagne et le mobilier originel, conservé et détourné, comme l'antique caisse-enregistreuse, témoigne de l'histoire des lieux. "Nous avons voulu avant tout respecter l'âme des lieux et son histoire", explique Nicolas Sibuet. Dans les chambres, par exemple, les anciennes cheminées en bois, ont été transformées en bibliothèque. Désormais, Le Terminal neige-Refuge du Montenvers compte onze chambres doubles et cinq familiales, deux suites ainsi qu'un dortoir de dix places (au lieu de trente précédemment). Deux restaurants accueillent les touristes. L'hôtel reste ouvert à l'année, comme auparavant. Le soir, après le départ du dernier train, les clients dînent dans la salle aux boiseries centenaires où ils peuvent entendre craquer le glacier et rouler les éboulis.
Publié par Fleur Tari