du 27 janvier 2005 |
COURRIER DES LECTEURS |
SPÉCIAL FISCALITÉ Par Frédérique Pasloix
Peut-on appliquer la règle de TVA des 3/4 des forfaits pour un séminaire ?
Je pratique des forfaits pour les séminaires d'entreprise avec un prix par personne qui comprend à la fois une pension ou une demi-pension, la location de la salle de réunion et les pauses. Est-il possible d'appliquer la règle de TVA des '3/4 - 1/4' sur ce même forfait ? (M. Z. par courriel)
L'article
279-a du Code général des impôts prévoit que le taux réduit de 5,5 % s'applique
aux trois quarts du prix pension ou demi-pension dans les établissements d'hébergement,
le quart restant étant soumis au taux normal. L'article 30 de l'annexe IV du même Code
précise également que, pour l'application de cette règle, les prix de pension et de
demi-pension sont diminués, le cas échéant, de la
fraction représentative de prestations autres que la nourriture et le logement.
Pour l'administration fiscale, cette règle doit être interprétée strictement et ne
vise que les forfaits comprenant une nuitée, un petit-déjeuner et 1 ou 2 repas. C'est le
contenu qui compte, et non pas la dénomination commerciale utilisée par l'entreprise.
En effet, la règle s'appliquera aussi bien aux 'pensions', 'soirées étape' ou autres
dès lors que les conditions de fond sont remplies.
En plus de
ces prestations, si votre forfait global séminaire comprend une fraction du prix de
la location de salle de réunion ou du matériel, il convient de ressortir le montant
correspondant et de le taxer au taux normal de TVA. De même pour le prix des pauses boissons et autres services en
plus du petit-déjeuner et des repas, ou de toute autre prestation supplémentaire.
En définitive, c'est seulement le prix de la pension ou de
la demi-pension - au sens strict - qui pourra bénéficier du régime des 3/4 - 1/4. Bien
entendu, c'est à vous d'évaluer, à l'intérieur du forfait global,la valeur de la
location de salle et des autres prestations à ressortir. En cas de contrôle,
l'administration vérifiera -notamment au moyen des prix affichés ou des contrats conclus
- que les prix forfaitaires retenus pour l'application des 3/4 - 1/4 correspondent bien à
des pensions ou des demi-pensions. L'administration fiscale a rappelé dans sa
documentation administrative (3C 221) qu'en tout état de cause, leur montant ne peut
être supérieur au total du prix des prestations comprises dans la pension ou
demi-pension lorsqu'elles sont facturées isolément. Il est également précisé que
lorsque le prix du forfait affiché ou négocié ne comprend pas la boisson, celle-ci,
ainsi que les autres suppléments éventuels, doivent être soumis au taux qui leur est
propre (19,6 % en général). Ces suppléments ne peuvent donc pas être intégrés après
coup dans le prix pension ou demi-pension pour l'application de la règle des 3/4 - 1/4. zzz60f
Doit-on mentionner la TVA sur les notes de restaurant ?
Certains clients d'affaires me réclament de véritables factures avec mention de la TVA, en complément des notes que je délivre habituellement. Est-ce normal ? Suis-je obligé de leur rédiger une facture dans tous les cas de figure ? (R. P. par courriel)
Tout
d'abord, il convient de bien distinguer la note
et la facture : la note est un document destiné aux consommateurs qui comprend des
mentions simplifiées sur les prestations consommées, les prix ; à l'inverse, la facture
est un document beaucoup plus complet qui indique notamment les coordonnées du client,
les prix hors taxes, la TVA. Lorsque le client est un client d'affaires, qui consomme dans
le cadre de son activité professionnelle, la remise d'une facture en bonne et due forme
est en principe obligatoire.
En effet, l'article L. 441-3 du Code de commerce prévoit que "tout achat de
produits ou toute prestation de services pour une activité professionnelle doivent
faire l'objet d'une facturation. Le
vendeur est tenu de délivrer la facture dès la
réalisation de la vente ou la prestation du service. L'acheteur doit la
réclamer
"
En outre, l'article 289 du Code général des impôts précise que "tout assujetti
est tenu de s'assurer qu'une facture est émise [
] pour les livraisons de biens ou
les prestations de services qu'il effectue pour un autre assujetti, ou pour une personne
morale non assujettie".
Si, pendant longtemps, cette obligation a été peu respectée dans le secteur de
la restauration, c'est parce que la TVA n'était pas récupérable sur les repas
d'affaires. Les clients se contentaient donc de simples notes pour justifier leurs frais,
sans demander une mention spécifique pour la TVA.
Mais, depuis 2002, la situation a changé puisque
les clients peuvent désormais - sous
certaines conditions - récupérer la TVA comprise dans leurs dépenses de restauration (instruction fiscale du 15 juillet 2002).
Pour pouvoir justifier de cette récupération, ils doivent être en possession d'une
facture complète avec toutes les mentions nécessaires. C'est sans doute pour cette
raison
que vos clients vous demandent depuis quelque temps de 'véritables' factures.
Vous devez répondre à cette obligation, en prenant soin d'y reporter toutes les
mentions obligatoires, notamment le nom et l'adresse de l'entreprise cliente, les mentions
de TVA, la date, le numéro. Vous devez conserver un double de ce document et pouvoir le
présenter en cas de contrôle. zzz66f
Quels sont les éléments de comparaison valables lors d'un contrôle fiscal ?
Faisant actuellement l'objet d'un contrôle fiscal avec reconstitution du CA avec une méthodologie particulière, je souhaiterais que vous me fournissiez des documents concernant les différents ratios de la restauration traditionnelle avec une part rôtisserie. En effet, l'inspecteur qui me contrôle actuellement établit des ratios au vu de l'activité d'un concurrent proche mais dont l'activité est différente de la mienne. (R. P. d'Amiens)
Avant
de vous répondre, précisons que si le vérificateur procède à une reconstitution de
votre CA, c'est qu'il a dû préalablement rejeter votre comptabilité au motif qu'elle
était irrégulière ou non probante.
En effet, si votre comptabilité est valable, il doit se fonder sur celle-ci et ne
peut reconstituer les ratios.
Ce préalable étant rappelé, il n'existe pas à notre
connaissance de document de référence faisant état de ratios pour l'activité
restauration-rôtisserie. En tout état de cause, ce type de document aurait une portée
limitée puisque, dans le cadre d'une reconstitution de CA, l'administration doit se
fonder sur les conditions concrètes de fonctionnement de l'entreprise, et non sur des
éléments étrangers à la gestion propre de celle-ci, comme, par exemple, des
pourcentages tirés de monographies ou de statistiques professionnelles.
De la même manière, l'administration ne peut se fonder
uniquement sur une comparaison de ratios avec une autre entreprise similaire.
Ce type de références, qu'elles soient spécifiques ou générales sur une branche
considérée, ne peut tout au plus être utilisé que pour conforter les résultats
obtenus par d'autres méthodes de reconstitution.
En outre, même dans ce cas, l'entreprise peut contester la référence utilisée
en démontrant que ses propres conditions de fonctionnement sont différentes et
comportent des particularités de nature à expliquer les écarts constatés. En
conclusion, c'est à vous de démontrer - à
partir d'éléments étayés - en quoi votre activité est différente de celle de votre
concurrent, et de proposer, au besoin, une autre méthode de reconstitution fondée sur
des éléments propres à votre entreprise. zzz60t
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L'Hôtellerie Restauration n° 2909 Hebdo 27 Janvier 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE