du 6 octobre 2005 |
L'ÉVÉNEMENT |
AVEC DES CHIFFRES D'AFFAIRES EN CHUTE LIBRE AU SUD DE PARIS
UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR ?
Paris C'est un chantier bruyant et poussiéreux. Les pelleteuses congestionnent les flux de circulation, provoquent chutes de plafonds et explosions de fenêtres. Il réduit les terrasses à néant et condamne les piétons à d'innombrables zigzags pour traverser la rue.
Les nuisances consécutives aux travaux du tramway sur les Maréchaux engendrent une baisse significative du chiffre d'affaires des hôteliers et restaurateurs, due à la désaffection de la clientèle. |
La
construction du tramway avance au ralenti et entraîne la fuite de la clientèle vers un
paysage urbain moins désolant. On ne compte plus ses nuisances. L'unanimité est contre
lui : c'est dire si le tramway n'a pas pléthore d'adeptes au sein du sud parisien.
Pourtant, si hôteliers et restaurateurs s'accordent à dire que sa réalisation
s'éternise, tous n'y voient pas un effort financier inutile ; certains misent même sur
les premières rames pour redorer le blason des maréchaux et apporter à ce coin passant
de Paris un certain cachet. Mais en attendant, les chiffres d'affaire sont en berne. Alors
le long des rails fuse le concert des lamentations.
Porte de Vanves, midi. La brasserie Au Maréchal
Bruno sauve les meubles sur quelques pleines tablées, mais entretient peu l'espoir de
voir la situation s'améliorer rapidement : "La fin des travaux en 2006 ?
Impossible sans les JO !", selon Éric Perier et Éric Cailleret, qui ont repris
l'établissement en juin et qui n'ont pas connu le coin autrement qu'enclavé. La paire
déplore l'accessibilité réduite et l'interdiction de stationnement qui leur retire une
grosse partie de leur clientèle. Le long du boulevard, plusieurs établissements ont
fermé : ici une pizzeria, et là, porte Brancion, le restaurant de l'Hôtel Clarisse qui
n'a tenu que 12 mois. "Quand on vous colle gravats et pelleteuses devant la porte,
les gens ne viennent plus : on a fait faillite à une vitesse vertigineuse",
déclare le directeur de l'hôtel, M. Cambournac. Le patron a entamé une procédure de
règlement à l'amiable pour obtenir des compensations. Comme Christiane Teilhol, patronne
du Paris Orléans, qui a touché 20 000 E d'indemnités, soit 53 E par jour. Une somme
insuffisante, selon cette directrice qui espère voir, avec l'arrivée du tramway, fleurir
une nouvelle clientèle de flâneurs attirés par les embellissements urbains. "On
essaye de maintenir le personnel avec l'espoir de voir la fin des travaux arriver, car on
désire conserver notre équipe. Il aurait été souhaitable de la part de la
municipalité de faire des avances de trésorerie pendant cette période difficile",
confie la patronne. Un point de vue partagé par David Khalfa, directeur de l'Idéal
Hôtel porte d'Orléans, dont les affaires vont mal : "Les agents de voyages ne
font plus appel à nous. L'hôtel ne figurera pas dans les brochures tant que les travaux
ne seront pas achevés. Avec une perte de 50 % du taux de fréquentation, j'ai dû
emprunter 50 000 E pour compenser le manque à gagner." Sa demande
d'indemnisation est en cours de traitement, comme de nombreux dossiers. Tous les patrons
n'y font pourtant pas appel : faible montant des sommes perçues, délai d'obtention
tardif ; autant de raisons qui freinent à enclencher une procédure pourtant rendue
lisible sur www.tramway.paris.fr
Selon Marie Boivet, directrice du Mercure de la
porte de Versailles, on aurait pu faire autrement : "Je suis favorable au tramway,
mais les travaux auraient dû s'échelonner en fonction du calendrier du parc où
l'essentiel des affaires se traite les 4 derniers mois de l'année. Le parc des
expositions de Paris est le 3e plus important d'Europe. Autant de
désagréments sont très préjudiciables pour notre image. Même si le résultat sera
réussi et valorisera le quartier, c'est actuellement un travail de Pénélope : on fait,
on défait et on n'avance pas." À sa décharge, le tramway représentera 1 000
arbres plantés, de larges trottoirs pour piétons et cyclistes, outre un allégement
circulatoire conséquent. Pour un coût de 311 ME.
Gaëlle Girard zzz22v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2945 Hebdo 6 octobre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE