BOUCHES-DU-RHÔNE
La croisade de Pierre Alfonsi contre
la loi littoral de 1986
Pierre Alfonsi, président de la FIH 13. |
Depuis
le 31 novembre 2004, date de la démolition de Chez Juju et Chez Marc et Mireille, à
Beauduc (Salin-de-Giraud), les Bouches-du-Rhône n'ont plus de restaurants de plage.
Pourtant, 70 établissements du littoral - dont le célèbre Fonfon - sont tous ou en
partie sur le domaine maritime. Certains sont soumis à une Autorisation d'occupation
temporaire (AOT), qui est un titre d'occupation du domaine public, personnel et précaire.
Difficile pour eux de vendre ou de léguer leur affaire. À peine élu à la présidence
de la Fédération de l'industrie hôtelière des Bouches-du-Rhône (FIH 13), Pierre
Alfonsi avait promis à ses adhérents de monter au créneau et d'organiser un lobbying
professionnel intense pour réformer la loi littoral. Il a tenu promesse, rallié par
d'autres départements concernés, il crée une commission spécialisée au sein de la Fih
13 (et prochainement au sein de la Fédération régionale qu'il préside), et organisé
de très nombreuses rencontres avec la préfecture sur ce thème. Seul problème : le
sous-préfet Yannick Imbert, secrétaire général, qui était son interlocuteur, vient de
partir comme chef de projet Iter !
Réformer
la loi littoral
L'action de Pierre Alfonsi vient
d'être officialisée par le président Daguin qui l'a désigné pour siéger au Conseil
national du littoral. Pour lui, pas de doute, il faut réformer la loi littoral et
l'adapter aux réalités du monde économique : "Cette loi a été votée en
urgence, il y 20 ans, pour éviter de bétonner les côtes. On n'avait pas eu tort de la
prendre, mais ce n'était pas suffisant. On ne peut pas faire des lois rigides. Dans une
démocratie, il faut tenir compte de l'efficacité économique. C'est ce qu'ont compris
les députés qui veulent la réformer. Il est parfaitement anormal qu'au même endroit,
à quelques mètres d'écart, certains ont le foncier à leur nom et que, pour les autres,
on leur demande de partir au bout de 60 ans d'installation, sans indemnité
d'éviction, et qu'ils n'ont pas le droit de vendre leur affaire. C'est l'administration
qui est fautive quand elle les met hors-la-loi. Il faut s'asseoir autour d'une table,
faire un état des lieux, chiffrer le nombre d'emplois concernés, les
investissements." Pierre Alfonsi milite depuis longtemps sur l'établissement d'un
cahier des charges qui lierait les établissements situés sur le domaine maritime. "Il
faut que les établissements s'engagent à respecter et entretenir l'environnement. Pourquoi
l'État n'aurait-il pas le droit de donner des baux de longue durée, cessibles, qui
permettraient d'amortir les investissements sur 10 ans au lieu des 2 ans dans le cas des
AOT ? Quand un professionnel investit, crée des emplois, respecte l'environnement et les
normes d'hygiène et de sécurité, il ne peut pas avoir en permanence une épée de
Damoclès au-dessus de sa tête."
Réclamant l'équité devant la loi et la
possibilité d'entreprendre dans des conditions normales, Pierre Alfonsi, fort de sa
nomination, compte rencontrer prochainement les ministres responsables du dossier. À
suivre.
Dominique Fonsèque-Nathan zzz22v
Complément
d'article 2959p6
Jean-Pierre Lasserre - Hôtel
le Richelieu à Marseille (13) : LÉtat ma mis en prison
En 1992, Jean-Pierre Lasserre achète
Le Richelieu à Marseille. Létablissement (21 chambres, 2 étoiles),
qui date des années 1930, est situé sur la Corniche Kennedy, à côté de la plage
des Catalans. Problème : 60 m2 sont situés sur le domaine maritime
(salle des petits déjeuners, terrasse de 20 m2 et salons des 2 suites).
Jean-Pierre Lasserre est au courant mais ny attache pas dimportance. "Depuis
les années 1950, quelque soit le propriétaire, lAOT était renouvelée
régulièrement pour une période de 4 ans." En 2000, il veut vendre son
fonds. Il apprend "que lAOT ne serait pas renouvelé et quon
demanderait la démolition de la partie située sur le domaine maritime". Il est
atterré : "La règle du jeu changeait en cours de partie. On est en plein
délire. LÉtat ma mis en prison puisquil me prive de la liberté
individuelle de vendre." Il prend un avocat, rencontre la mairie et obtient une
AOT puis, une deuxième jusquau 31 décembre 2006. Il nest plus question
pour lui de trouver un repreneur ni même de travailler correctement. "Comment
investir quand on na pas de visibilité et quon peut vous demander de démolir
une partie de votre hôtel ? Amputer lhôtel de
60 mobligerait à tout restructurer. Ce nest pas économiquement viable
et me priverait du classement. Ma seule solution serait de vendre en appartements. Que ce
soit moi ou un autre qui soit propriétaire de létablissement, quest-ce que
cela change ? La manière dont les AOT est donnée est une entrave à la liberté
dentreprendre. On me dit que nous sommes 70 dans ce cas dans le département.
Comment pouvons-nous investir et développer lemploi sans aucune visibilité ?
Cest un gâchis." |
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L'Hôtellerie Restauration
n° 2959 Hebdo 12 janvier 2006 Copyright © - REPRODUCTION
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