du 26 janvier 2006 |
ÉDITO |
"Le dossier n'est pas clos"
Qu'en
termes élégants ces choses-là sont dites ! Angela Merkel
sous les ors de Versailles ne pouvait faire moins pour signifier à Jacques
Chirac son opposition farouche
à toute autorisation par l'Union européenne
de baisse de la TVA en restauration. Si la forme y était, le fond n'a
pas changé : tout pays membre des Vingt-Cinq peut s'opposer à une mesure
fiscale pour qu'elle reste bloquée. Et Mme la chancelière savait très
bien qu'elle jouait sur du velours en confirmant la position allemande sur ce sujet
sensible.
On aurait pu s'en douter en suivant l'actualité internationale
: la Première dame de la République fédérale d'Allemagne
n'a pas froid aux yeux. Elle n'a pas hésité à dire au tout-puissant
Georges Bush tout le mal qu'elle pense de sa politique en Irak et de ses méthodes
à Guantanamo, elle n'a pas cillé non plus pour exprimer à Vladimir
Poutine ses sentiments à propos de la Tchétchénie. Alors, le baisemain
de Jacques Chirac, les fastes de la Galerie des Glaces et les lettres amicales de
Nicolas Sarkozy à "Chère Angela" avaient peu de chances de l'impressionner.
Chapeau, l'ancienne prof de physique de la République démocratique allemande
: se frotter au totalitarisme, ça forge un caractère…
Bon, résultat de notre diplomatie 'grand siècle', nous gardons notre TVA à 19,6 % pour la restauration contrairement aux affirmations dites, redites et reredites par nos hommes politiques qui auraient pu prévoir un éventuel refus de Bruxelles sans pour autant cesser de plaider la cause de la profession.
Au-delà des soupçons compréhensibles de duplicité à l'égard de nos élus, il faut raison garder, contrairement à l'attitude de notre ministre du Budget dont la charge contre André Daguin, exprimant la colère et le désarroi des professionnels, ne méritait pas les propos du porte-parole du gouvernement tenus mardi sur Europe 1. En colère, on le serait à moins, mais pour continuer la lutte sur ce dossier capital pour l'avenir de la profession, il faut avoir la tête froide.
Aux dirigeants des organisations professionnelles, qui ont
été reçus à Matignon dès la fin du conseil Ecofin du
24 janvier, de poursuivre inlassablement le plaidoyer pour une mesure indispensable
à l'avenir de la restauration. Aux techniciens du droit, aux spécialistes
de l'économie tertiaire de démontrer la nécessité d'alléger cet impôt sur les
activités à forte intensité de main-d'oeuvre dont la restauration est l'archétype. À
eux d'invoquer le fameux principe de 'subsidiarité' qui risque de devenir rapidement
un mot-clé de notre vocabulaire, à eux de démontrer l'absence de
distorsion de concurrence dans des activités de service non délocalisables.
En clair, le convive de Düsseldorf n'ira pas déjeuner à Strasbourg
parce que la TVA est à 19,6 % d'un côté et à 5,5 %
de l'autre.
Bref, comme le dit joliment Angela, "le dossier n'est pas clos
!"
Et à vous, chers restaurateurs, de surmonter votre compréhensible
amertume, de 'faire avec' les allégements de charges, les réductions
du temps de travail, les contraintes administratives, pour développer vos affaires
en sachant que malgré tout, c'est d'abord la qualité de votre travail
qui fait le succès de vos entreprises auprès des consommateurs.
L. H. zzz82
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L'Hôtellerie Restauration n° 2961 Hebdo 26 janvier 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE