du 20 avril 2006 |
CONJONCTURE |
MALGRÉ LES EFFETS RAVAGEURS DES REPORTAGES TÉLÉVISÉS
La crise anti-CPE a peu affecté l'activité hôtelière
BDO MG Hôtels & Tourisme dresse le bilan des manifestations anti-CPE auprès des hôteliers français. Cette enquête a couvert l'ensemble du territoire et un panel représentatif d'hôteliers indépendants et de chaînes.
Sur
l'ensemble du territoire, l'impact des mouvements sociaux sur les performances hôtelières
devrait être limité en mars et avril 2006. L'économie n'a pas été
paralysée comme en 1995, et les actions de blocage sont restées temporaires,
voire symboliques. Selon BDO MG Hôtels & Tourisme, après plusieurs
semaines d'agitation chronique dans de nombreuses villes françaises, les
hôteliers sont soulagés de voir se profiler un retour à la normale.
Les professionnels, situés sur le parcours
des manifestations, ont connu 2 mardis agités (les 28 mars et 4 avril), pour
ne citer que les plus grands rassemblements. Au cours de ces 2 journées, les
hôtels de centre-ville pris dans la tourmente ont dû faire face à
des annulations. Et quand on sait l'importance des nuits du mardi au jeudi pour
l'hôtellerie urbaine, ces conséquences ne sont pas négligeables.
La mobilisation anti-CPE a été
importante dans l'Ouest. Gilles Cibert, à l'hôtel La Pérouse à
Nantes, a vu les cortèges défiler devant son établissement : "Nous
avons subi une dizaine d'annulations à chaque manifestation nationale. À
l'échelle d'un mois, ce n'est pas catastrophique, mais le remplissage optimal
des jours de milieu de semaine est important pour nous." En outre, l'impact
sur l'activité ne se mesure pas qu'en termes de fréquentation : "La
plupart des clients sont compréhensifs, mais les touristes étrangers ont
besoin d'être rassurés face à des événements qu'ils
ne comprennent ni sur le fond ni dans leur forme", ajoute-t-il. À l'hôtel
Jules Verne, situé un peu plus en retrait des parcours de manifestations, on
n'a pas constaté d'impact direct sur l'activité. La perturbation des transports
en commun et la difficulté pour les taxis d'atteindre certaines parties du
centre-ville ont toutefois provoqué l'exaspération des clients.
Annulations de clients individuels
À l'hôtel Anne
de Bretagne, Gilles Legendre a enregistré des annulations de dernière
minute au cours des 2 grandes journées de manifestation : "Certains clients
n'ont pas voulu prendre le risque de venir en centre-ville, préférant
reporter leur séjour sur un hôtel en périphérie."
Dans les autres grandes villes
de province, comme Marseille ou Lyon, l'impact des manifestations anti-CPE a surtout
été le fait des grèves de transports, obligeant les clients à
réorganiser leurs déplacements. Au final, on observe que les arrivées
anticipées et les départs retardés - à cause d'annulations
d'avions ou de trains - ont partiellement compensé les annulations de dernière
minute. À l'hôtel Radisson SAS de Lyon, le mois de mars a été
touché par une baisse des journées d'études, mais le lien de cause
à effet avec le CPE n'est pas évident. Fort heureusement, l'activité
hébergement s'en est même mieux sortie que l'an dernier, puisque les
objectifs que s'était fixés Yves Grardel, directeur de l'hôtel,
ont été dépassés grâce à une activité satisfaisante
durant les week-ends. À Marseille, les grèves du 28 mars ont été
totalement éclipsées dans les hôtels par un congrès qui se
tenait dans la cité phocéenne. Quant aux hôteliers de la Côte
d'Azur, ils craignaient que les groupes étrangers, qui génèrent la
majeure partie de leur volume d'affaires sur cette période, hésitent à
venir en France et annulent leurs séminaires ; mais ce sont finalement les clientèles individuelles qui
ont préféré reporter leur déplacement.
Effets négatifs des images
Gilles Legendre, également
président du Club hôtelier de la métropole rennaise, s'inquiète
désormais de l'impact des événements sur le moyen terme : "Quels
effets auront les reportages diffusés par les médias ces dernières
semaines, en particulier auprès des touristes étrangers ?" À
Paris, première place touristique française, certains hôteliers
enregistrent déjà un ralentissement des demandes de réservations
par rapport à l'an passé sur le
week-end de Pâques, les clients préférant se reporter sur d'autres
destinations, évitant ainsi tout risque logistique.
Ce type d'événement a un effet immédiat
limité, lié aux problématiques de transport, mais ne paralyse pas
pour autant l'activité économique d'une ville. Dans la capitale, seuls
les hôtels situés à proximité des aéroports ont été
touchés par les annulations ou retards de vol. Cependant, la couverture médiatique
de ces incidents touche les clientèles de loisirs qui préfèrent éviter,
pendant leur temps de congé, de se retrouver confrontés à des problèmes
de transport, généralement plus pénalisants à Paris que dans
les autres villes de province.
Enfin, les mouvements sociaux ont eu
parfois des effets sur l'exploitation des hôtels. Le blocage temporaire des
transports en commun et des axes routiers a également touché les personnels
des hôtels, qui ont parfois dû faire preuve d'ingéniosité
pour être présents devant les client.
BDO
MG Hôtels & Tourisme
zzz70
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L'Hôtellerie Restauration n° 2973 Hebdo 20 avril 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE