du 1er juin 2006 |
CONJONCTURE |
À BOURGES (18), AVIGNON (84) ET LA ROCHELLE (17)
DES FESTIVALS POUR DOPER L'HÔTELLERIE LOCALE
L'économie touristique ne se satisfait plus des fréquentations de clientèles habituelles, qu'elles soient d'affaires tout au long de l'année, de loisirs dès la période de la belle saison, et enfin, pour les territoires qui ont la chance d'être dotés d'un riche patrimoine culturel ou historique, d'une part importante de clients étrangers.
La Cité des papes organise son festival depuis 1946. |
Pour faire connaître une destination, donner une image à un territoire, faire parler d'une ville, tous les élus sont à la recherche d'une idée originale pour faire de l'événementiel touristique. On en compterait pas moins de 2 000 en France chaque année. Cela ne date pas d'hier. Avignon est né en 1946, Bourges, il y a 30 ans. Mais si le produit s'avère bon in fine, cela n'a pas été sans des hauts et des bas au fil des années. Qu'est-ce qu'apporte un festival à l'hôtellerie locale ? Cette manifestation ne fait-elle pas fuir la clientèle traditionnelle ? Quid en cas d'annulation de dernière minute ?
Bourges, un festival de
professionnels
En 2006, le festival de
Bourges a encore fait le plein. "230 000 entrées ont été recensées
dans le cadre du festival, soit 50 000 de plus qu'en 2005, et pas moins de 5 000
chambres ont été réservées dans les hôtels", nous
a-t-on confirmé à la direction du Printemps de Bourges. "On a affiché
complet toute la semaine, déclare Jean-Claude Leray, directeur général
de l'Hôtel de Bourbon, 3 étoiles, et président de l'office de tourisme.
Mais nous ne sommes pas les seuls. Tous les hôtels de toutes les catégories
en ont profité. Sur les 1 200 chambres que constitue le parc hôtelier
de la ville, tous ont été concernés. Mais les clients sont tous des
professionnels. Il s'agit de maisons de disques, de sociétés de production,
de partenaires privés ou publics du festival, de journalistes, d'artistes…"
Car les festivaliers, en tant
que tels, sont peu nombreux à descendre dans les hôtels. Pour l'essentiel,
il s'agit de la population locale qui n'a pas besoin de se loger, ainsi que d'un
public très jeune (91 % a moins de 35 ans), peu argenté, qui ne se loge
donc pas dans les hôtels. L'affluence du festival profite également à
toute l'agglomération car les 1 200 chambres de Bourges ne suffisent pas à
répondre à la demande. Ainsi, les villes de Vierzon situées à
30 km, de Saint-Amand-Montrond, et même de Sancerre profitent de cette 'manne
festivalière'. Par ailleurs, de nouvelles demandes apparaissent. Pour la première
fois, l'office de tourisme a enregistré des demandes pour des chambres d'hôte
ou chez l'habitant, "de manière à être au coeur de la ville".
En revanche, du côté des
commerçants comme du côté des restaurants,
les effets sont plus hétérogènes. En effet, hormis les spectacles
qui se tiennent dans la journée sur le lieu du festival, un partenariat est
passé avec plus de 50 établissements en centre-ville, qui proposent des
miniconcerts variés. Sont concernés les cafés et restaurants de taille
modeste du centre. Par ailleurs, cette clientèle supplémentaire ne bouleverse
pas les habitudes de la clientèle habituelle. En effet, comme le festival se
situe toujours pendant les vacances de Pâques, la clientèle 'habituelle'
n'est pas pénalisée : c'est une période où l'activité économique
diminue. Le Printemps de Bourges, c'est une aubaine, et cela continue depuis 30
ans.
Avignon, le pape des festivals
avec ouverture sur l'international
Véritable référence
dans le milieu culturel, et figure emblématique des festivals depuis 60 ans,
le Festival d'Avignon a également été le premier à être
passé au crible des experts pour en comprendre le mécanisme et les retombées
économiques. D'après l'étude d'Anne Berger réalisée en
1995, les milliers de festivaliers avaient dépensé 42,4 MF pendant leur
séjour en ville en 1995. 479 salariés étaient employés par le
festival, dont la moitié vivant dans l'agglomération avignonnaise, et
l'activité touristique induite avait conduit à la création de pas
moins de 1 000 emplois saisonniers dans l'industrie hôtelière, la restauration,
les commerces…
Chaque année, ce festival,
qui s'étend sur 3 semaines, est devenu pour le commerce et le tourisme de la
ville une nécessité. Pourtant, sensible aux événements économiques,
il a subi également, depuis
sa création, une certaine évolution, et les professionnels du tourisme
ont dû s'adapter. Le grand choc est venu de l'annulation du festival en 2003.
Cela a été un coup très dur pour les hôteliers, qui s'étaient
- pour certains - uniquement reposés sur la fréquentation du festival
: "En 2003, quand on nous a annoncé l'annulation du festival, j'ai eu dans
l'après-midi 60 chambres annulées, confie Michèle Michelotte,
représentante de l'hôtellerie indépendante à Avignon. Les
hôtels qui avaient l'habitude de ne recevoir que la clientèle du festival
ont, du jour au lendemain, perdu toute leur clientèle. En ce qui nous concerne,
avec une capacité de 10 chambres seulement, nous avons perdu 30 lits sur 15
jours, et cela, à 3 semaines de la date d'ouverture."
Alors, depuis cette période, les comportements
ont changé. Les hôteliers se sont davantage ouverts à la clientèle
touristique internationale : "Nous gardons pendant tout l'été un nombre
de chambres suffisant pour notre clientèle étrangère, composée
d'Américains, d'Australiens, de Belges…, qui ne viennent pas forcément
pour le festival. Alors forcément, en ajoutant le tourisme, les chambres deviennent
rares sur la ville pendant le mois de juillet." Cela dit, l'hôtellerie
se porte plutôt bien. Les 1 228 chambres de centre-ville et les 1 427 chambres
des zones périphériques, sans compter Villeneuve-lès-Avignon, affichent
un taux d'occupation annuel moyen se situant entre 65 et 70 % selon les hôtels.
"Si certains ont tendance à penser qu'il manque des chambres en ville,
il est difficile de créer un hôtel parce qu'il manque des lits pendant
le festival", s'exclame encore Michèle Michelotte. Pour répondre à
cette demande néanmoins,
la ville songe à rénover plusieurs bâtiments, mais dans l'immédiat,
c'est la catégorie haut de gamme qui va se compléter grâce au rachat
du Grand Hôtel par le prestigieux hôtel 4 étoiles le Cloître
qui, de ce fait, va accroître sa capacité de 40 à 50 chambres.
Chambres à la folie
à La Rochelle
Autre type de festival,
les Francofolies de La Rochelle. Ayant lieu en pleine saison estivale (du 13 au
18 juillet), il est une vitrine pour la région. Mais les organisateurs doivent
s'y prendre à l'avance. "Nous travaillons par quotas, précise-t-on
au siège du festival. Tous les hôtels du groupe Accor sont concernés
ainsi qu'un certain nombre de petits hôtels de charme." La capacité
hôtelière retenue est d'environ 200 chambres par jour, toutes catégories
confondues.
Même si le centre-ville
bénéficie en premier de ce festival, c'est en réalité toute
la région Poitou-Charentes qui a su tirer parti de cette manifestation. Des
séjours de plus longue durée sont ainsi retenus dans la région avant
et après le festival, notamment sur l'île de Ré.
Si les festivals ont une incidence
directe sur l'hôtellerie, les effets attendus sont toujours à espérer
sur le long terme, multiples pour la destination : la création d'emplois, souvent
pérennes, mais de toute façon saisonniers, une occupation maximale des
hôtels, et donc l'augmentation des recettes de l'économie locale, l'amélioration
de l'image de la destination, et l'adaptation du territoire à de nouveaux
publics.
zzz70 zzz20h zzz20r
Complément d'articles 2979p9
Fréquentations |
C* ou E* |
1996 |
1998 |
2004 |
2006 |
Cinéscénies du Puy du fou |
C |
329 300 |
350 000 |
1 138 000 |
|
Festival de la BD d'Angouleme |
C |
154 836 |
173 800 |
220 000 |
|
Festival
d'Avignon |
C |
121 995 |
NC |
108 000 |
|
off |
|
|
|
450 000 |
|
Printemps de Bourges |
E |
200 000 |
NC |
200 000 |
230 000 |
Francofolies de la Rochelle |
E |
63 000 |
NC |
122 102 |
|
Rencontres de la photo d'Arles |
C |
85 356 |
113 420 |
NC |
|
Festival théatre de rue Aurillac |
E |
90 000 |
115 000 |
NC |
|
Festival Coutry Music Mirande |
E |
80 000 |
107 000 |
160 000 |
|
Jazz in Marciac |
C |
100 000 |
|
18 000 |
|
Festval des Jardins Chaumont s/ Loire |
E |
120 000 |
128 000 |
NC |
|
Festival court métrage Clermont Ferrand |
E |
NC |
117 000 |
NC |
|
Source : ODIT |
C* = comptées
E* = estimées
Explications :
Cinéscénies du Puy du Fou 2004 : entrées parc +
Cinéscénies
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L'Hôtellerie Restauration n° 2979 Hebdo 1er juin 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE