du 1er juin 2006 |
VIE PROFESSIONNELLE |
LES JOURNÉES D'ACTUALITÉ EN PRÉVENTION
Réflexions pour évaluer et anticiper les risques en hôtellerie-restauration
Bordeaux (33) À l'occasion des Journées d'actualité en prévention, l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a invité des professionnels de la restauration, mais aussi des représentants de l'Umih, afin d'expliquer les problématiques du secteur pour le comprendre davantage et trouver des solutions afin de développer une meilleure prévention dans les entreprises.
De gauche à droite : Charly Belisson de l'Umih, Serge Coubes de la Cram Aquitaine, Nathalie Lacouture, service santé au travail de Périgueux, Alain Renwick, Compass Group France, François Fleurette, INRS, et Jean-Paul Domenc, représentant des salariés Eurest. |
Le
secteur de l'hôtellerie-restauration sous les feux de l'actualité des
Journées d'actualité en prévention, qui se sont déroulées
à Bordeaux. Raison principale : le nombre élevé d'accidents du
travail et des maladies professionnelles dans ce secteur. Pour l'année 2004,
l'indice de fréquence (c'est-à-dire le nombre d'accidents avec arrêt
pour 1 000 salariés) est de 44 pour les hôtels avec restaurants et de
47 pour les restaurants et cafés-restaurants, alors que l'indice de fréquence
moyen national, tous secteurs d'activités confondus, est de 39.
En outre, il ressort des statistiques nationales
2 types d'accidents qui surviennent le plus fréquemment : les chutes de plain-pied
(30 % des accidents du travail du secteur) et les manutentions manuelles (28 % des
accidents du travail et une partie des maladies professionnelles). Ces 2 problèmes
sont intimement liés à la conception et à l'aménagement
des lieux de travail, mais aussi à la pratique et à l'organisation
du travail. Pour une grande partie des professionnels, la prévention des risques
n'est qu'une contrainte réglementaire supplémentaire parmi tant d'autres.
Contraintes ayant aussi un coup financier pour l'entreprise.
La table ronde à laquelle ont
participé des représentants de la profession en la personne de Charly
Belisson de l'Umih, de Alain Renwick pour Compass Group France, accompagné
de Jean-Paul Domenc, représentant des salariés Eurest, mais aussi de Nathalie
Lacouture, du service santé au travail de Périgueux, de Serge Coubes de
la Cram (Caisse régionale de l'assurance maladie) Aquitaine, et de François
Fleurette, de l'INRS, permettra aux participants de mieux appréhender la profession
afin de pouvoir proposer des solutions pour développer une meilleure prévention
dans les entreprises.
Comment intégrer la prévention
dans l'entreprise
Alain Renwick rappelle que
la prévention des risques n'est pas courante dans le secteur de la restauration.
À cela plusieurs raisons : la tradition, la fatalité de l'accident,
le coup de feu qui entraîne une certaine précipitation. Le groupe Compass
a décidé de s'investir dans la prévention pour plusieurs raisons.
Respecter la législation, mais pas uniquement. Faire de la prévention
un atout de sa politique sociale en impliquant les partenaires sociaux. Le bénéfice
pour l'entreprise : réduire le coût de l'insécurité au travail.
Le coût direct d'accident du travail est estimé à 6 ME par an
pour le groupe.
Alain Renwick
précise que si Compass est un groupe à envergure mondiale, la problématique
reste la même pour la restauration traditionnelle, dans la mesure où
il gère beaucoup d'unités de petite taille avec des équipes de 5
à 7 salariés en moyenne. Mais il doit faire face à une autre
difficulté qui est celle de travailler dans les locaux de clients, et par conséquent,
pas maîtres de l'organisation et de l'aménagement.
Pour Serge Coubes, la prévention dans les
entreprises évolue trop lentement, alors que les textes datent de 2000 : "En
effet, la loi oblige tous les employeurs à mettre en place un document unique
de prévention des risques, et ce, depuis 2001. Mais ce document unique de prévention
ne doit pas être fait uniquement pour respecter les textes de loi. Il doit
être réalisé selon une certaine méthodologie afin de prévenir
les risques et permettre d'améliorer les conditions de travail. La prévention
n'est pas un frein à l'économie de l'entreprise. La sécurité
est contraignante quand elle tombe comme un cheveu sur la soupe. Mais elle peut
être appréhendée de façon globale et intégrée dans
les conditions de travail."
Jean-Paul Domenc précise toutefois
que "les salariés sont méfiants vis-à-vis de ces mesures. La
sécurité ne se décrète pas et doit être intégrée
par les salariés. Pour cela, il est nécessaire de travailler sur le long
terme pour arriver à mener des actions de sécurité sur le terrain".
C'est la raison pour laquelle la prévention
se planifie, s'organise, et surtout doit faire l'objet d'une action continue. Le
groupe Compass propose donc une publication mensuelle pour sensibiliser ses salariés
à la sécurité. Cette action est accompagnée d'une mobilisation
de l'encadrement, de formation initiale avec rappels, mais aussi d'affichages des
consignes.
Pascale
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L'Hôtellerie Restauration n° 2979 Hebdo 1er juin 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE