du 15 juin 2006 |
JURIDIQUE |
LE GOUVERNEMENT PRÉSENTE SON PLAN
COMMENT FAVORISER L'EMPLOI DES SENIORS
Suppression de la contribution Delalande, création d'un CDD spécifique aux seniors, sont les mesures phare du plan présenté par le gouvernement, qui vise à favoriser le maintien des seniors dans le monde du travail, permettre leur réinsertion et aménager les fins de carrière.
C'est
en présence de Jean-Louis Borloo, ministre de l'Emploi, et de Gérard Larcher,
ministre délégué, que Dominique de Villepin a présenté
le 6 juin, au Conseil économique et social, un plan national concerté
pour l'emploi des seniors.
Ce plan, qui a été élaboré
dans le cadre d'un groupe de travail réunissant partenaires sociaux et représentants
de l'État, reprend notamment les dispositions de l'accord interprofessionnel
du 13 octobre 2005.
L'objectif est d'augmenter le taux
d'emploi des 55-64 ans pour parvenir à 50 % en 2010. En effet, la France
est l'un des pays européens où le taux d'emploi des seniors est le plus
bas avec seulement 37 % en 2004 contre 41 % en moyenne dans les autres pays. Par
ailleurs, le taux de chômage des seniors est 10 fois supérieur à
la moyenne nationale.
Ce plan s'organise autour de 5 objectifs
essentiels : faire évoluer les représentations socioculturelles, favoriser
le maintien dans l'emploi des seniors, favoriser le retour à l'emploi, aménager
les fins de carrière et mettre en place un comité tripartite pour assurer
l'application de ce plan dans la durée. Ces objectifs sont déclinés
en 31 actions concrètes. Nous vous présentons les mesures phare de ce
plan.
Un certain nombre de mesures annoncées
figurent déjà dans le projet de loi pour le développement de la
participation et de l'actionnariat du salarié qui doit être présenté
ce mois-ci en Conseil des Ministres.
Maintenir l'emploi des seniors
Plusieurs mesures ont été
retenues afin de maintenir l'emploi des seniors.
Généraliser la pratique des entretiens
de 2e partie de carrière et des bilans de compétences
En outre, pour les demandeurs d'emploi de plus
de 45 ans, il est prévu que l'ANPE réservera un quota significatif de
bilans de compétences approfondis au sein des Centres interinstitutionnels
de bilans de compétences (CIBC).
Réviser les accords abaissant l'âge
de mise en retraite
La possibilité ouverte aux branches de négocier
des accords abaissant, en dessous de 65 ans, l'âge à partir duquel
les employeurs peuvent mettre d'office leurs salariés à la retraite
seront progressivement fermés. Les accords actuels devront être révisés
afin qu'ils cessent de produire leurs effets le 31 décembre 2009 au plus tard.
Mais aussi il est prévu de développer
la politique contractuelle en faveur des seniors
et favoriser les accords prévisionnels de gestion des emplois et des compétences
dans les PME.
Réinsérer les seniors
sur le marché du travail
350 000 personnes de plus
de 50 ans sont demandeurs d'emploi et subissent, sur le marché du travail,
une discrimination liée à leur âge. La probabilité de retrouver
un emploi pour un salarié de plus de 50 ans est de 33 % contre 60 % pour les
moins âgés. Le plan vise à ramener ce taux à 45 % en 2010
en développant plusieurs mesures.
Supprimer à terme la contribution
Delalande
Instaurée en 1987, la contribution Delalande
est une cotisation versée par l'employeur à l'occasion de la rupture
du contrat de travail d'un salarié âgé de plus de 50 ans. Le montant
de cette contribution varie selon l'âge du salarié et l'effectif de l'entreprise,
et peut aller jusqu'à 12 mois de salaire. Cette cotisation avait pour but
de protéger l'emploi des salariés âgés, mais a eu des effets
pervers en constituant, dans les faits, un frein à l'embauche des seniors.
Il est prévu de supprimer progressivement
cette contribution Delalande. Cette disposition sera insérée dans le projet
de loi sur la participation et l'actionnariat du salarié, qui doit être
présenté ce mois-ci en Conseil des Ministres. Dès la parution de
la loi, la contribution ne sera plus due en cas de rupture du contrat pour les nouveaux
embauchés. Cette contribution sera définitivement supprimée en 2010.
Mobiliser les contrats aidés en
faveur des seniors
En 2006, l'État se fixe un objectif de
20 000 Contrats initiative emploi (CIE) qui seront réservés aux demandeurs
d'emploi de plus de 50 ans.
Création d'un CDD de
18 mois
Il est prévu d'instaurer un CDD
de 18 mois, renouvelable une fois, pour les demandeurs d'emploi de plus de 57 ans
en recherche d'emploi depuis plus de 3 mois ou bénéficiaires d'une convention
de reclassement personnalisé. Ce CDD, déjà dénommé 'CDD
seniors', permet de voir doubler la durée normale d'un contrat à durée
déterminée. Il doit faire l'objet d'un décret en septembre.
Aménager les fins de carrière
Ce plan veut mettre fin
à la rupture brutale de l'activité salariée, en permettant aux
salariés d'aménager leur temps de travail en fin de carrière ou de
pouvoir travailler au-delà de 60 ans. Pour ce faire, il est prévu d'encourager
la retraite progressive ainsi que le cumul emploi retraite.
Promouvoir la retraite progressive
Celle-ci permet aux salariés de
plus de 60 ans de poursuivre à temps partiel une activité, tout en bénéficiant
d'une fraction de leur pension inversement proportionnelle à la durée
travaillée. Ce qui permet aussi au salarié d'améliorer ses droits
définitifs. Jusqu'en 2008, pourront en bénéficier les salariés
justifiant de 150 trimestres de cotisations. Les décrets rendant ces mesures
applicables devraient paraître prochainement.
Améliorer le régime
de la surcote
Prolonger son activité au-delà
de 60 ans en ayant la durée nécessaire pour bénéficier du taux
maximal de liquidation de pension permet de majorer la pension de 3 % par année
supplémentaire.
Ce taux de surcote va être réévalué.
Le taux sera maintenu à 3 % pour la première année d'activité
après 60 ans, puis passera à 4 % les années suivantes, pour atteindre
5 % au-delà de 65 ans.
Améliorer le cumul emploi-retraite
pour les bas salaires
Aujourd'hui, il est possible de cumuler un revenu
d'activité et de pension, mais à la condition que les revenus de cette
reprise d'activité, ajoutés au montant de l'ensemble des pensions et allocations
perçues, ne dépassent pas le montant du dernier salaire d'activité
perçu avant de partir en retraite. Cette limite est souvent défavorable
pour les bas salaires.
C'est la raison pour laquelle il sera
possible de cumuler revenus d'activité et de pension avec, pour seule condition,
de ne pas dépasser 1,6 fois le Smic.
Encourager la pratique du tutorat dans l'entreprise
En permettant à d'anciens salariés à la retraite de revenir dans
l'entreprise pour y exercer des missions de tutorat. Les rémunérations versées
au tuteur ne seront pas prises en compte pour l'application des règles de cumul
emploi-retraite. Cette disposition a été rajoutée dans le projet de loi sur la
participation et l'actionnariat du salarié.
Pascale Carbillet zzz60t zzz60c zzz60e
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