du 22 juin 2006 |
VIE PROFESSIONNELLE |
PLAN DE CROISSANCE ET DE MODERNISATION
DU "DONNANT, DONNANT" SELON JEAN-FRANÇOIS GIRAULT
Pour le président de la CPIH *, le contrat de croissance a été signé dans un contexte "donnant, donnant", favorable à l'ensemble de la profession, même si toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. Celui-ci revient pour L'Hôtellerie Restauration sur les points essentiels du plan.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
L'Hôtellerie
Restauration : A posteriori,
comment regardez-vous la signature du contrat de croissance et de modernisation
?
Jean-François
Girault : Ce contrat qui
vient d'être signé par l'ensemble des syndicats professionnels constitue,
à n'en pas douter, une avancée significative pour l'évolution de
nos métiers. Pour autant, son adoption ne satisfera pas tout le monde. Quelle
décision, au demeurant, peut prétendre aujourd'hui faire l'unanimité
? L'actualité se charge de nous rappeler que la plupart des élections
en Europe et ailleurs se gagnent (et se perdent) sur le fil du rasoir : 50/50. Les
majorités qui se dégagent sont de plus en plus relatives quels que soit
le lieu ou le sujet, tant les opinions, les positions sont désormais partagées,
pour ne pas dire clairsemées. Pour ce contrat, il en va de même ! S'il
va améliorer la situation de nombreux professionnels des CHR, il ne résoudra
pas pour autant - et nous le savons tous - les problèmes de l'ensemble de la
profession.
Quelles sont vos inquiétudes
?
Il ne faudrait pas qu'une catégorie
particulière, les entreprises qui n'ont pas de salariés, s'estiment oubliées,
même si les mesures adoptées aujourd'hui ne leur apportent pas tous les
avantages espérés. Je peux comprendre à la fois leur impatience
et leur exaspération. Cela ne fait pas d'elles pour autant les mal-aimées
de notre profession, même si quelques chefs d'entreprise en ont le sentiment.
Comme responsables d'organisations patronales, nous avons le devoir de protéger
les plus faibles, les plus exposés économiquement, de nos adhérents,
mais c'est en adoptant une attitude réaliste que nous pouvons y parvenir, et
non en ayant une démarche démagogique ou provocatrice.
Qu'est-ce qui vous paraît,
à ce stade, essentiel de souligner ?
L'aide forfaitaire à l'emploi
pour les CHR, communément appelée 'prime Sarkozy', est pérennisée.
Il faut savoir que les effets de celle-ci devaient cesser au 31 décembre dernier.
Or, non seulement elle est prorogée mais de surcroît, elle augmente pour
la restauration traditionnelle, passant de 114 à 180 E par mois et par salarié,
et ce, quel que soit le montant du salaire. Sans ce contrat de croissance et
de modernisation, au 1er janvier
2007, cette aide n'existait plus, il faut bien le savoir. De plus, il est prévu
d'augmenter l'aide de 57 à 90 E pour les hôtels-restaurants et les
cafés-tabac. Certains prétendront que cela ne suffit pas à embaucher
du personnel. L'avenir dira ce qu'il en est. Il reste qu'en contrepartie des nouvelles
aides accordées par ce contrat de croissance, l'objectif de la profession est
de progresser vers la création de 40 000 nouveaux emplois contre 20 000 à
l'heure actuelle. S'agit-il là d'un challenge trop ambitieux ? En tout état
de cause, ce chiffre de 40 000 n'est pas une obligation qui nous est fixée,
mais seulement une indication vers laquelle la profession doit tendre. À
l'impossible, nul n'est tenu, et il ne sert donc à rien de mêler notre
voix aux 'déclinologues', adeptes des scénarios de catastrophe fiction
car ce n'est pas ainsi que nous ferons évoluer la situation. Quant à
la négociation d'une nouvelle grille de salaires, avant la fin de l'année,
il nous appartient d'y réfléchir et de faire au gouvernement, ainsi qu'aux
organismes paritaires, des propositions réalistes qui soient acceptables par
la profession. On l'a bien compris, avec ce plan de croissance et de modernisation,
c'est 'donnant, donnant !' pour les uns (pouvoirs publics) et pour les autres (organisations
professionnelles), et que les rêveurs (il en existe dans nos rangs comme ailleurs)
retombent les pieds sur terre.
Et la TVA dans tout ça ?
Pour nous, la baisse de la TVA et la
diminution des charges demeurent les priorités des priorités, et ce, même
si les améliorations apportées par le contrat de croissance et de modernisation
ne doivent pas être occultées ou minimisées. J'en rappelle quelques-unes
au passage : le mini-forfait de charges sur les heures supplémentaires, le
mini-forfait de charges sur les extras pour les entreprises de moins de 20 salariés,
la mise en place d'une charte des droits des entreprises, ainsi que celle du titre
de Maître Restaurateur, la simplification de la procédure en matière
d'aide à l'emploi, ou encore l'apparition d'un médiateur départemental.
Toutes ces mesures doivent permettre à nos entreprises de progresser et de
se moderniser. En ratifiant ce plan, nous n'avons cependant rien abandonné
de nos légitimes revendications auprès des pouvoirs publics, notamment
la réduction de la TVA à 5,5 % pour laquelle le gouvernement s'est engagé
à poursuivre la négociation avec l'Union européenne. Et contrairement
à ce que disent - ou pensent - certains, les organisations professionnelles,
que nous représentons, n'ont pas vendu leur âme en signant ce contrat.
Mieux que beaucoup, nous savons qu'il reste encore beaucoup à faire dans
de nombreux domaines tels que celui des charges sociales, de la fiscalité,
de la complexité administrative, etc., et nul doute qu'à 12 mois d'une
échéance électorale de premier plan, nous serons amenés de plus
en plus souvent à faire entendre notre voix. Et que l'on se rassure, à
la table des négociations, nous saurons choisir nos couverts, y compris, s'il
le faut, de longues cuillères. Pour autant, encore convient-il de ne pas diaboliser
nos interlocuteurs et de laisser la porte ouverte au dialogue.
* CPIH : Confédération des professionnels indépendants de l'hôtellerie zzz74v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2982 Hebdo 22 juin 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE