du 27 juillet 2006 |
RESTAURATION |
AVEC COCCIN'ART
Rencontre culinaire d’un 3e type
Bordeaux (33) Une librairie, drôle d’endroit pour installer ses fourneaux. Et pourtant, à l’initiative de Coccin’Art, l’association de chefs girondins -Marx, Portos, Etchebest, & Co-, une quinzaine de toques ont investi les allées de la librairie Mollat à Bordeaux, régalant de trouvailles culinaires des clients séduits.
L’acte est fondateur. Dans les allées de la
plus grande librairie indépendante de France, la nourriture intellectuelle se
doublait d’autres douceurs tout aussi épicuriennes. Pastels Cariocas, revisité
par Yves Gravelier, avec coquilles Saint-Jacques, zeste de foie gras, julienne
de légumes, coriandre fraîche et lait de coco ; sucette de grenier médocain
imaginée par Nicolas Frion (Le Chapon Fin) ; émulsion de sardines à l’huile
servie dans un cornet de glace, signé Nicolas Magie (La Cape à Cenon) ; frites
d’un genre nouveau, préparées par Michel Portos (Le Saint-James à Bouliac) ; la
sucette glacée version fromage dessert, création du célèbre pâtissier Antoine
fils ; maki d’asperges blanches de Blaye à la tomate confite concocté par Franck
Salein (Les Sources de Caudalie) ; fraîcheur fraises de circonstance pour
Philippe Etchebest (Plaisance à Saint-Émilion) ; galette de porc haché aux
épices des frères Shan… Ou encore de drôles de petits pois sortis de la toque de
Thierry Marx…
15 chefs ont suscité la curiosité, ravi les palais, délié les
langues, créés une sacrée ébullition durant une après-midi animée ‘en live’ par
deux graffeurs Blade et Snake, et un musicien. Art urbain et cuisine même
combat. En début de soirée, les chefs retrouvaient le public dans un salon à
l’étage pour une tribune ouverte. Thierry Marx, fondateur de Coccin’Art avec
Philippe Etchebest et Michel Portos, lançait le débat : “Coccin’Art, c’est
d’abord l’association d’une amitié, le partage d’une même passion, d’une vision
commune de la cuisine. La volonté est de créer des événements et de faire parler
des chefs bordelais, de nous faire entendre alors même que l’on dit qu’à
Bordeaux la gastronomie est absente, ce qui est faux.” Étoilés ou pas, rattachés
à une maison prestigieuse ou installés à leur compte, signant une cuisine gastro
ou une pizza, les membres de l’association partagent la même créativité, se
veulent libres, sans frontières, croisent les courants, sont ouverts sur le
monde, sur les arts urbains, sont en en phase avec la rue. La discussion
glissait très vite sur la ‘street-food’, laquelle “doit accueillir sur tous les
trottoirs du monde la cuisine française” ; sur le chef décomplexé, Jamie Oliver
- dont Michel Portos dira qu’il possède tous ses livres et tous ses tabliers.
“Le mot ‘gastronomique’ accolé aux restaurants est totalement démodé”, lance le
chef étoilé du Saint-James à Bouliac. Va-t-on assister à une mutation de ces
maisons ? Au sein de Coccin’Art, boule d’énergie créative, c’est une certitude.
La mutation est en tout cas en marche.
Brigitte Ducasse zzz22v 987j3
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L'Hôtellerie Restauration n° 2987 Hebdo 27 juillet 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE