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Même l'été, il faut lire les gazettes, miroir de notre société, de nos comportements et reflet de la façon dont nous sommes perçus. Enfin presque. Pour la profession, c'est hélas une tradition bien ancrée dans les médias, la flagellation est systématique, qu'il s'agisse de l'accueil, de l'hygiène, du respect du droit du travail, et on en passe.

Ainsi, la semaine dernière, le supplément économique du "Figaro", qui n'est habituellement pas une lecture hilarante, entre la hausse des cours du Brent et les taux directeurs de la Fed, nous a gratifiés d'un reportage qu'on ne supposera pas spontané, avec une brigade de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF pour les habitués de la sémantique bureaucratique) dans le quartier Beaubourg à Paris. Il fallait s'y attendre, c'est pas brillant. Dans l'une des zones les plus anciennes de la capitale, on découvre soudainement qu'il y fait chaud en été, qu'il n'y a pas beaucoup de place dans les cuisines et que les insectes semblent particulièrement affectionner le quartier. Le contraire, il est vrai, eut été surprenant, et il n'est pas besoin d'être un fin limier de Bercy pour déceler la désagréable présence des rampants en des lieux où ils n'ont rien à faire. D'après vous, ils étaient où, les cafards complaisamment décrits par la stagiaire du Figaro ? Dans un resto, bien sûr, puisqu'il est évident, dans l'esprit de tout bon plumitif, que ces sales bêtes se nourrissent essentiellement là où il y a des vivres. Passons…

De toute façon, c'est chaque année la complainte qui tourne vite à l'attaque en règle contre les mêmes cibles dont la profession a le triste privilège de faire partie. Bien sûr, on n'est pas jaloux, mais les mêmes folliculaires ne cessent, au cours de la saison, de nous vanter les immenses mérites de fermes-auberges, où, comme chacun sait, règne un professionnalisme sans faille, les joies du camping, modèle incomparable de confort estival, voire les satisfactions intenses du cornet de frites avalé au bord du bitume.

Autre figure imposée de l'été, le travail saisonnier. Le débat sur Europe 1, mardi dernier, a fait très fort avec des intervenants savamment choisis, et le talent, il est vrai, d'un représentant de la CGT à qui l'animateur a laissé pratiquement le champ libre pour déverser son idéologie antipatronale la plus basique : au cas où vous ne le sauriez pas, vous êtes de vils exploiteurs d'un peuple affamé par des salaires de misère et des conditions de travail dignes de Germinal.

Et pour faire bonne mesure, la même semaine, la CFDT s'est distinguée avec un communiqué dénonçant les "milliards" - oui, vous avez bien lu -, les "milliards" que le gouvernement vous a donnés aux frais du contribuable pour compenser l'absence de baisse de TVA en restauration.

Allez, bonne saison, vos clients ne lisent pas forcément les mêmes choses.   
L. H.  zzz80