du 14 septembre 2006 |
DEUX JOURS AVEC |
Quelques moments partagés avec le président national de l'Umih dans son fief gersois. Là-bas, l'amitié et la fidélité sont des valeurs sûres.
Sylvie Soubes
Dans l'intimité d'une personnalité
Daguin à Auch
1.
À Auch, comme à Paris, la lecture de la presse en début
de matinée fait partie du rituel.
2.
Sur le marché de la basse ville, à Auch, avec Jo son épouse,
rencontrée à l'école Médéric à Paris.
3. André
Daguin avec le président de l'Umih 32, Bernard Ramounéda.
4. Visite
du Centre régional d'innovation et de transferts de technologies. Ce jour-là,
des ingénieurs étrangers viennent découvrir le
site.
Quelques habitudes romaines persistent dans le Gers. Notamment d'appeler par son nom celui qu'on reconnaît pour chef. Chef de clan, chef de famille, chef de file. Dans les rues d'Auch, croisant André Daguin, certains, tout en le tutoyant, le saluent en lui disant "Daguin". Dans la bouche de Jo, son épouse, le patronyme, plus doux dans l'intonation, exprime l'admiration et la complicité nées sur les bancs de l'école hôtelière Médéric à Paris. Elle l'emploie de manière instinctive, pas régulièrement. Quant aux autres, ils y vont d'une franche poignée de main ou d'une accolade, flanquée, immanquablement, des nouvelles du pays. Car, quand il se promène dans cette coquette cité de pierres, son fief depuis trois générations, le leader syndical des métiers de l'hôtellerie et de la restauration a tous les droits, sauf d'être pressé. Une journée chez lui commence par un petit-déjeuner en terrasse. Loin des regards. Sa maison, la maison familiale, nichée au coeur de la ville, ouvre sur un petit jardin verdoyant, tapissé d'impatiences. Tout y est douceur et charme à l'abri d'un arbre centenaire et du mur de pierres qui longe la ruelle. Ce jeudi-là, c'est jour de marché. L'été bat son plein. Avant de rejoindre Jo pour les courses, André Daguin achète les journaux. Il les parcourt en marchant. Arrivé Porte de Bayonne, il s'arrête. "Nous sommes dans l'une des plus anciennes rues d'Auch", commente-t-il. Le guide est disert.
Albigeste, fleuriste et ami
d'enfance
Un peu plus loin, l'ancienne
halle abrite la Maison du Gers. On y trouve l'essentiel de la production artisanale
et gourmande du département. À l'initiative du site : Paul Lenglet,
Claude Despons, Pierre Soulan et André Daguin, alors président du syndicat
des hôteliers du Gers. "Il fallait un lieu dédié, bien visible,
facilement accessible aux touristes." Au début des années 1990, Daguin
est aussi président de la chambre de commerce et d'industrie du Gers. À
ce titre, il fait construire de nouveaux bâtiments consulaires, beaucoup plus fonctionnels. Avant de
nous les faire visiter, il nous entraîne dans la cour cachée du cloître.
"Ça a aussi été une banque. Maintenant, les coffres-forts servent
de décor à une discothèque." Un regret toutefois. Que l'ancien
jardin religieux ne soit pas mis en valeur par la municipalité. "C'est pourtant
magnifique, n'est-ce pas ?" Ça l'est. Plus loin, le long du Gers, André
Daguin fait remarquer une tour prégauloise, qui a traversé les époques,
et cet "escalier de pierres roulant". Comprenez de guingois, aux marches
inégales, âgé seulement de 150 ans. La promenade est instructive,
ponctuée par de multiples rencontres. La plus étonnante ? Un bras qui
s'agite à la vitre baissée d'une camionnette. "Eh ! Bonjour, RMC.
C'est super de vous écouter", s'écrie le conducteur. Déjà,
la veille à Paris, un chauffeur de taxi l'avait reconnu à sa voix,
et l'avait félicité pour sa participation aux Grandes Gueules,
l'émission sur Radio Monte-Carlo. La restauration, au-delà des fourneaux
! Dans la basse ville, les étals regorgent de beaux produits. "Quand j'étais
gamin, c'est là qu'on jouait aux boules", lâche le patron de la
rue d'Anjou. Quand il était à la tête de l'Hôtel de France,
alors 2 étoiles Michelin, le cuisinier venait là pour "voir
les cours et la qualité". Mais il achetait "en
direct", sur place, chez les producteurs. Sur le marché, il nous présente
"Albigeste", le fleuriste, un pote, qui aurait pu être le meilleur
3/4 centre de rugby s'il n'avait pas habité à côté du terrain.
"Son père ne voulait pas qu'il joue. Une grande perte pour le ballon ovale.
Heureusement, il jouait à l'extérieur." Daguin cherche Jo. Elle
est en train de choisir des melons pour le week-end. À chaque instant ou
presque, quelqu'un ou quelqu'une se retourne ou s'approche pour faire la causette
avec l'enfant du pays qui goûte une tomate, s'inquiète d'un sac de haricots
blancs posé en plein cagnard. En fin de matinée, direction le Centre régional
d'innovations et de transferts de technologies. André Daguin a bataillé
fort pour que cet outil à disposition des petits producteurs locaux soit
relancé. C'était en 1988. Depuis, le succès est au rendez-vous. Les
agriculteurs et les artisans viennent conditionner leurs productions sous agrément
européen. Canard, porc, légumes, fumoirs, panification, autoclaves, hotte
à flux ultra-propre,
surgélation… Il existe également une salle de dégustation dans
laquelle "on peut faire varier le son et la lumière". Histoire de montrer
que les résultats d'une dégustation sont sensibles à l'environnement.
Daguin y tenait beaucoup. "Ils n'auraient pas les moyens d'investir dans le matériel
nécessaire à la bonne commercialisation des produits. Ce centre permet
de maintenir et de développer l'activité des très petites entreprises
sans que les exploitants soient pris à la gorge." Une voie intelligente
au maintien de la ruralité. Lors de notre passage, on découpe l'autruche.
"On ne sauve pas l'agriculture en tant que telle, mais en démontrant sa
complémentarité", note Daguin. Le Centre européen d'entreprises
et d'innovation, dédié à tous ceux qui veulent entreprendre ailleurs
que dans l'agriculture, a également été une volonté de l'ancien
président de la CCI. La journée se poursuit à une demi-heure de
route, à Castera-Verduzan. Bernard Ramounéda veille sur le restaurant
Le Florida, et coiffe la casquette de président
de l'Umih 32. Le casino, inauguré en 2000, a redonné un coup de jeune
au village thermal. Les machines à sous ont été autorisées
dès 2002. Le nombre d'habitants est en hausse, avec une cinquantaine d'emplois
à la clé. "Nous sommes au centre de gravité exact du Grand Sud-Ouest",
commente André Daguin avant de nous emmener à Jéguin. Le 12 août,
c'est la Foire aux vins. La 22e du nom. Fidèle, le Gascon la défend
et en fait la promotion depuis sa création. "C'est le seul village où
il n'y a pas un pied de vigne, ajoute-t-il l'oeil malicieux. Et pourtant,
Jéguin signifie cep de vigne en celte." Le saviez-vous ?
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L'Hôtellerie Restauration n° 2994 Magazine 14 septembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE