du 14 septembre 2006 |
MARKETING |
Innover en hôtellerie, c'est loin d'être une mince affaire. Accor y est pourtant parvenu avec son enseigne Suitehotel. Et ce tant dans le 'hard' que dans le 'soft'. Avec ses chambres de 30 m2 et ses nombreux services en libre accès, la marque redonne au terme accueil ses lettres de noblesse. Analyse détaillée…
Claire Cosson
Suitehotel : liberté et sens de l'hospitalité enfin retrouvés
Gwenaël Le Houérou, directeur des opérations marketing et des ventes : "Les 3 valeurs-clés de la chaîne sont : l'espace, le bien-être et l'hospitalité." |
Alain
Bonnet est un homme d'affaires heureux. Terminée la galère quand il couche
loin de son domicile ! Il a déniché son 'home sweet home'. "Depuis
18 mois, je passe en moyenne 2 à 3 jours par semaine au Suitehotel Porte
de Montreuil, confie, ravi, le sous-directeur de la caisse primaire du Var.
C'est un second chez-moi ! La suite est spacieuse, qui plus est, équipée
d'un coin cuisine. Je suis enfin autonome. Cerise sur le gâteau : les échanges
avec les équipes sont très conviviaux."
Quel enthousiasme. À croire
qu'Olivier Devys (président de Suitehotel) et Gwenaël Le Houérou
(directeur des opérations, du marketing et des ventes) ont payé notre
homme. Si c'était le cas, ils ont dû casser leur tirelire. Selon une
enquête de satisfaction, 98 % des voyageurs ayant séjourné chez
Suitehotel se disent en effet prêts à racheter le produit et 97 % à
le recommander. Des chiffres record. Qui, en soi, n'ont rien d'étonnants. Dès
son origine en 1998 - projet initié par Paul Dubrule, coprésident d'Accor,
à partir d'une réflexion sur le développement des All Suites aux
États-Unis -, Suitehotel a été conçue pour répondre aux
besoins de liberté et de personnalisation du service exprimés par les
consommateurs. Besoins d'autant plus importants qu'un profond changement des modes
de vie s'est opéré durant la dernière décennie rejetant les
valeurs traditionnelles contraignantes et statiques.
Une démarche devenue la véritable
marque de fabrique de l'enseigne du leader de l'hôtellerie européenne.
8 ans après l'ouverture du 1er maillon à Lille Aéroport,
Suitehotel se refuse d'ailleurs toujours à couper le cordon avec sa clientèle.
Un véritable espace à
vivre
"La chaîne m'a
convié 3 jours à Séville lors des 3e rencontres internationales.
Je me suis exprimé librement sur le produit. J'ai trouvé cela osé
et courageux. Clairement, notre avis les intéresse", commente Alain Bonnet,
qui aimerait bien que l'une des idées qu'il a proposée lors de ce rendez-vous
soit retenue. Sans cesse à l'écoute, Suitehotel a évidemment mis
dès le départ toutes les chances de son côté. Pourquoi, cependant,
cette marque hôtelière
plaît-elle autant ?
Réponse : en fait, la chaîne ne renonce
pas à la fonction de base de l'hôtellerie, à savoir proposer
une chambre d'hôtel. Mais elle offre bien plus. C'est un véritable espace
à vivre ! À commencer par la chambre, rebaptisée suite. Pour
ne rien imposer au client, celle-ci bénéficie d'une surface de 30 m2
(20 % de plus que la chambre Novotel et près de 2 fois celle d'Ibis), à
appréhender en fonction du moment et de ses envies. Grâce à une
cloison japonaise coulissante,
le visiteur peut passer d'un confortable espace 'sommeil' donnant accès à
la salle de bains (douche et baignoire séparées) à un 'espace de
vie'.
Espace où il peut travailler à son
aise : un large bureau, une ligne téléphonique directe avec numéro
dédié et messagerie vocale, l'accès internet et le service wifi Orange.
Ajoutons que le voyageur en vadrouille a aussi la possibilité, dans cet espace
de vie, d'organiser des réunions, de recevoir des amis ou ses enfants lors
d'un week-end. Le tout étant accompagné d'une télévision grand
écran (chaînes satellite), d'un coin cuisine (micro-ondes, fontaine,
réfrigérateur et bouilloire) et d'une méridienne. De quoi franchement
favoriser le bien-être, l'une des 3 valeurs fondatrice de la chaîne.
À noter du reste que des massages sont offerts tous les jeudis soir aux résidents.
Le bonheur, en quelque sorte.
Abolition des contraintes
de temps
Et à toute heure
! Car Suitehotel abolit également les contraintes de temps. Un petit creux
en pleine nuit ? Un fax à envoyer d'urgence ? No problem. Certes, la chaîne
a supprimé ce qui n'est pas indispensable dans un 3 étoiles : restaurant
et salles de réunion. "La satisfaction du client est assurée à
travers l'espace dont il dispose à titre privatif dans sa chambre et l'équipement
approprié, rappelle le président de la marque. Concernant les autres
besoins, dispose à titre privatif dans
sa chambre et l'équipement approprié, rappelle le président de
la marque. Concernant les autres besoins, Suitehotel y répond par la présence
d'un collaborateur 24h/24 dans l'établissement, et une large gamme de services
accessibles à tout moment depuis le lobby."
Résolument contemporain, avec des senteurs
personnalisées (parfum Suitehotel intitulé 'A6dulé') et une identité
sonore affichée, le lobby (superficie maximale de 150 m2) est de
fait devenu le point névralgique de l'hôtel où chacun agit à
sa guise. Le business center - internet haut débit et webcam sans frais - y
est ainsi ouvert non-stop. Tout comme sont en libre-service la salle de repassage,
celle de remise en forme, l'espace culturel (partenariat avec les éditions
de La Martinière) et la Boutique Gourmande, concept de snacking haut de gamme.
À noter également l'existence d'un bar (Comptoir Nomades), lieu incontournable
de rencontres, qui s'inspire du voyage et des cinq continents.
"Suitehotel, c'est une autre façon
de vivre l'hôtel", résume enjoué Gwenaël Le Houérou.
Une autre façon de vivre l'hôtel, qui améliore sensiblement les
relations avec les consommateurs. En deux mots : on renoue ici avec l'origine même
du métier d'hôtelier, l'hospitalité.
Être capable d'identifier
la personnalité du client
Un terme souvent galvaudé
dont Suitehotel fait son cheval de bataille. "L'aménagement de Suitehotel
diffère de celui d'un hôtel classique. Cela nous permet d'être
polyvalents (accueil, bar, Boutique Gourmande) et de ne plus nous cacher derrière
un desk. De cette façon, les rapports humains sont facilités", témoigne
Vanessa Tarcile, assistante au Suitehotel Porte de Montreuil. D'autant plus fortement
que les collaborateurs de la chaîne suivent un cycle de 3 formations - analyse
de la personnalité, relation à l'autre, gestion des personnes différentes
- afin de prendre conscience du plaisir qu'éprouve l'autre à être
reconnu en tant qu'individu propre.
"Accueillir un client en
lui demandant s'il a réservé une chambre et à quel nom, ce n'est
pas cela l'hospitalité. Pas plus que de lui établir une facture, précise
Gwenaël Le Houérou. C'est être capable d'identifier la personnalité
de son interlocuteur, ses attentes et les anticiper. C'est aussi indiquer les bons
plans à proximité des hôtels… Ces derniers ayant été
préalablement testés par nos équipes." En clair, les réceptionnistes
sont en train de changer de métier chez Suitehotel. "Avant, on leur demandait
80 % de savoir-faire et 20 % de savoir être ; maintenant, c'est l'inverse",
surenchérit le directeur des opérations.
Une 'quasi-révolution' dans le
monde de l'hôtellerie classique que la petite dernière pousse très
loin. Au point, par exemple, de prêter une Smart à tous les clients
qui séjournent chez Suitehotel dans le cadre d'un forfait spécifique.
Plus étonnant encore : tous les membres du siège ont collé sur leur
téléphone un joli petit sticker sur lequel est inscrit : "J'appelle
les hôtels only de 10 à 18 heures." Le client est roi partout !
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SUITEHOTEL S'OUVRE
À LA FRANCHISE
À ce jour, le réseau compte 19
unités, dont 13 en France, 4 en Allemagne, 1 en Autriche et 1 en Suisse. Un
chiffre insuffisant qui va croître au cours des prochaines années. "Nous
visons 100 hôtels d'ici à la fin 2012 : 50 dans l'Hexagone et 50
en Europe", indique Olivier Devys. Pour atteindre cette taille critique, Accor
travaille sur plusieurs fronts. D'abord en filiale sur des villes françaises
cibles telles que Marseille, Lyon-Pardieu, Bordeaux… L'enseigne va également
développer la franchise sur son marché d'origine. Les partenaires historiques
d'Accor ont d'ailleurs d'ores et déjà mordu à l'hameçon.
Le groupe Boissée Finance (dirigé par Stanislas Rolin), celui de Farines,
a ainsi ouvert des unités en Suisse et à Montpellier. COMBIEN ÇA COÛTE ? - Durée du contrat 12 ans |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2994 Magazine 14 septembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE