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du 18 janvier 2007
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Entretien croisé entre André Daguin et Jacques Maillot, fondateur de Nouvelles Frontières

Le président de l'Umih, fidèle des Grandes Gueules sur RMC, donne le micro au cofondateur de l'émission, Jacques Maillot. Le créateur de Nouvelles Frontières explique son intérêt pour cette radio, le tourisme et bien sûr l'humanitaire.
Par Sylvie Soubes


"RMC est une radio très interactive. Les auditeurs sont fidèles et très exigeants. On a parfois des mails assassins immédiatement",
sourit Jacques Maillot.

André Daguin : Tu participes aux 'Grandes Gueules' depuis le début. Ça s'est fait comment ?

Jacques Maillot : Quand j'ai commencé en 2004, il y avait une ancienne émission qui s'appelait 'On ne nous la fait pas' et à laquelle j'ai participé sur la fin. J'ai été contacté par Alain Weill qui voulait faire autre chose et pendant l'été j'ai travaillé au lancement avec Karim Zeribi, et bien sûr les deux journalistes qui animent Les Grandes Gueules, Alain Marschall et Olivier Truchot à son lancement. Après, avec Alain Weill et Franck Lanoux, une liste de 'Grandes Gueules' a été créée. Ce qui nous rassemble et nous unit, c'est la possibilité de nous exprimer librement. Quand on a quelque chose à dire concernant l'actualité politique, sociale, économique, la vie quotidienne, on s'exprime. On nous donne les sujets la veille et comme tu le sais, la plupart du temps, ça change au dernier moment. C'est vraiment un dialogue, une discussion. Heureusement qu'on a des points de vue différents. Parfois on est jusqu'à 6 Grandes Gueules sur le plateau, et si tout le monde était du même avis, ça ne serait pas intéressant pour les auditeurs.

A. D. : L'audimat grimpe dur.

J. M. : RMC en est à la vingtième progression consécutive je crois. Participer à cette émission permet de suivre de très près toute l'actualité, aussi bien intérieure qu'extérieure. Ça oblige à écouter les radios concurrentes et la télé. Et ça permet de travailler et de s'exprimer sur des sujets qui nous tiennent à coeur. Ça m'a aussi permis de rencontrer des personnes différentes et de discuter avec elles de sujets que je n'aurais pas abordés dans un autre contexte. Franck Tapiro, par exemple, soutient Israël à 100 % et moi je ne suis pas d'accord avec lui. Ça m'oblige à bien préparer mes arguments… RMC est une radio très interactive. Les auditeurs sont fidèles et très exigeants. On a parfois des mails assassins immédiatement.

A. D. : On est jugé sur ce qu'on dit. Alors on essaye d'éviter les conneries parce que sinon, on se fait plaquer tout de suite par les personnes qui nous écoutent. Savais-tu qu'il existait sur Sud Radio une émission du même nom, à laquelle j'ai participé d'ailleurs ? Le nom ne devait pas être déposé. Je suis d'accord avec toi, ça permet de rencontrer des gens intéressants qui sont dans d'autres secteurs que les nôtres. Quand on est patron de syndicat, il faut faire attention à ne pas s'enfoncer dans le syndicalisme au risque de devenir monomaniaque. On défend mieux les gens quand on le fait avec un peu de recul et de l'oxygène sur l'extérieur. Ça m'est très utile. Chez moi, dans mon pays, les gens m'engueulent parce qu'ils trouvent que je n'y suis pas assez souvent. Il y a tout un monde qui vit autour de cette émission… Quand je parle du tourisme et que je le positionne dans l'économie, c'est une pierre de posée.

J. M. : Puisqu'on a créé un ministère, cela veut dire que le tourisme est une activité majeure. Or, est-il nécessaire d'avoir un secrétaire d'état ou un ministre délégué qui n'a en fait que très peu de moyens à sa disposition ? Vu l'importance du secteur, est-ce qu'il ne devrait pas être rattaché complètement auprès du Premier ministre ? Le tourisme est en plein développement, et il est très créateur d'emplois, pourquoi ne fait-il pas partie intégrante de Matignon ? Bien sûr, en disant ça, je sais que ça peut être dangereux, parce qu'on y mettrait un haut fonctionnaire pour s'occuper de lui. Les élections présidentielles approchent, c'est peut-être le moment de demander un ministre à part entière avec un budget important. Je n'entends aucun candidat s'exprimer réellement sur le sujet. Sarkozy, Royal, Bayrou…, je n'ai pas entendu beaucoup de choses concernant le tourisme venant d'eux. Pourtant Madame Royal était chargée de mission en 1980 sous François Mitterrand !

A. D. : Le tourisme n'est pas mal traité par les politiques, mais il n'est pas traité comme il devrait l'être. Il devrait être mieux encadré, mieux organisé. Il me semble qu'on en est resté un peu à la cueillette. Maison de la France commence à s'organiser et les crédits alloués commencent à être un peu plus importants. Mais c'est récent tout ça.

J. M. : Est-ce que ce n'est pas aux professionnels de prendre en charge certaines actions. J'ai plus confiance dans les professionnels de la restauration, de l'hôtellerie, du tourisme et des transports que dans tel ou tel politique. Quand on voulait faire venir davantage d'Américains ou faire venir des Japonais, on allait sur le terrain vendre nous-mêmes la destination France. Quand je prends l'exemple de Jean-Michel Baylet avec qui j'ai sympathisé et qui a été qui a été ministre du Tourisme, je me souviens qu'il y avait des tas de réunions, que c'était intéressant et extrêmement convivial, mais que le budget était ridicule.

A. D. : Tu viens de dire quelque chose auquel je réfléchis depuis longtemps. Il faudrait qu'on arrive à créer quelque chose entre l'hôtellerie, et par hôtellerie j'entends l'ensemble des branches, et les transporteurs. Il faudrait créer un pôle tourisme qui pourrait vraiment faire le poids.

J. M. : Par rapport aux pouvoirs publics, qu'il y ait ministre ou pas, il faudrait une structure qui fédère le tourisme, l'hôtellerie et les transports. C'est le bon sens. Malheureusement, il y a le problème des présidences, que certains veulent conserver à tout prix…

A. D. : Le mieux serait d'instituer un système tournant, mais pas avec des mandats de 6 mois, qui n'aboutissent à rien. 3 ans seraient bien ! Je passe à un autre sujet, l'apprentissage des langues étrangères. On n'est pas bon en France…

J. M. : La France a un retard important dans ce domaine. Mais cela tient aussi à la responsabilité individuelle. En France, on attend tout de l'État. Je pense qu'il serait bon qu'on s'entende sur une série de mesures régaliennes et que l'État s'en tienne à ça et les fasse bien…

A. D. : Pour le reste, c'est aux gens de se prendre en main. Il faut peut-être aussi se débarrasser de cette espèce de perfectionnisme français pour les langues. Il vaut mieux parler pas très bien un anglais compréhensible que vouloir le parler parfaitement sans y parvenir. Avec ce système, on paralyse les jeunes à l'école.

J. M. : L'accueil en France a encore beaucoup de progrès à faire. Il y a des agences de voyages qui se plaignent qu'elles n'ont pas assez de clients, mais quand vous voyez la manière dont on vous reçoit… À côté de ça, il n'y a pas assez de Français concernés par les voyages à l'étranger. Actuellement, on parle du manque de pouvoir d'achat, du passage à l'euro… Il est certain qu'il y a un nombre de personnes qui ont dû privilégier l'achat de leur logement au détriment des loisirs et des voyages…

A. D. : La France est aussi un pays très agréable…

J. M. : C'est vrai qu'on peut dire sans chauvinisme qu'il y a tout chez nous.

A. D. : Dans certains pays émergents, le tourisme joue un rôle important.

J. M. : Moi je suis très pragmatique. Nouvelles Frontières était une association au départ. Ça a marché, et on a eu des moyens à disposition. Avec l'argent qu'on avait, on a fait énormément de micro-crédits. L'avantage du micro-crédit, c'est que ça permet de financer de la création d'entreprise ou des opérations de développement, et en même temps, cela rapporte des intérêts. Avec ces intérêts, on peut financer d'autres types d'opérations. Au Népal, on a participé à la construction de 2 écoles. À Madagascar, on avait des jeunes femmes qui nous disaient qu'elles n'avaient pas de machines à coudre pour travailler. On leur a acheté des machines, et ça leur a permis de créer un atelier qui a conduit à la création de 150 emplois.

A. D. : L'humanitaire, ça doit être quelque chose qui apporte des solutions adaptées.

J. M. : Quand j'ai vendu Nouvelles Frontières, ils voulaient que je fasse une grande fondation, et que je m'occupe de l'humanitaire, du développement et de tourisme durable… Je n'ai pas voulu, car je voulais garder un pied dans le monde concurrentiel et de l'entreprise. Le monde associatif, c'est bien d'y être, mais je ne voulais pas faire que ça. Ce qui me semble important, quand on travaille avec un pays, c'est de lui apporter quelque chose de concret. J'ai construit pas mal d'hôtels-clubs dans des pays comme la Tunisie, le Maroc ou le Sénégal. Quand on a fait un Palladium à 80 km de Dakar, on n'avait que des Sénégalais. Et tout ce qu'on a fait ça, a participé au développement. Au début, on a eu un directeur français et après on a eu un directeur sénégalais. zzz74v

Repères

Créateur de Nouvelles Frontières, Jacques Maillol réussit à faire décoller les premiers charters de Paris en 1986. Il est aujourd'hui directeur de la publication de l'hebdomadaire Témoignage chrétien et président de l'association humanitaire pour le développement Veu Vert. Il est aussi administrateur de Generali, Voyageurs du Monde.

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L'Hôtellerie Restauration n° 3012 Hebdo 18 janvier 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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