du 25 janvier 2007 |
PERSPECTIVES |
PREMIÈRE CONFÉRENCE DU SIRHA 2007
La restauration d'hôtel doit "raconter une histoire au client"
Comment mieux vendre la restauration hôtelière et quelles nouvelles actions entreprendre ? Tels étaient les thèmes de la première conférence de ce Sirha 2007.
Une
véritable offre de restauration dans un hôtel, ce n'est plus une option
: c'est une obligation pour l'hôtellerie moderne", a lancé Christophe
Collin, directeur marketing restauration Sofitel, en ouvrant, samedi 20 janvier,
le premier cycle de conférences de ce Sirha 2007. Si cet événement
- ayant pour thème 'La restauration hôtelière : la qualité
pour un service à part entière ?' - n'a pas déplacé les foules,
mais a néanmoins permis de soulever certains points.
En effet, alors que la restauration hôtelière
fait, depuis longtemps, figure de parent pauvre de la restauration commerciale,
les professionnels du secteur semblent désormais bien décidés à
faire bouger les choses.
Innover en restauration
C'est du moins l'avis de
Jacques Bally, directeur du centre de formation Alain Ducasse : "Ces
dernières années, les restaurateurs indépendants ont énormément
innové dans leur restaurant, tant en cuisine que dans l'accueil. En explosant
les contraintes et en ne se mettant pas d'oeillères, ils ont inventé de
nouvelles choses. Ils ont réussi à proposer des prestations plus en
accord avec les attentes des clients d'aujourd'hui. J'ai l'impression que la restauration
hôtelière commence à s'inspirer de cette démarche. Elle va
plus de l'avant, elle innove." D'autant que les enjeux sont visiblement de taille
: "Aujourd'hui, un hôtel ne peut se passer de un ou de plusieurs restaurants,
poursuit Jacques Bally. Sans cela, il va dans le mur. Le restaurant est
devenu une base majeure de la rentabilité d'un hôtel. Plus que cela,
je pense même que le restaurant doit être aujourd'hui perçu par
les hôteliers comme un élément différenciant. Dans un marché
de plus en plus compétitif et mondialisé, c'est par la qualité ou
l'originalité de son restaurant qu'un hôtel va pouvoir se démarquer
des autres." Une position que partage le chef - mais aussi hôtelier -
Jacques Pourcel.
"Pour se différencier,
il n'y a qu'une solution : cultiver sa personnalité." Une recette simple
qui, selon lui, fonctionne aussi bien en France qu'au Japon ou en Chine. "Pendant
des années, nos clients avaient du mal à aller manger à l'hôtel.
Aujourd'hui, ils y vont sans se poser de
questions.
Ça prouve qu'en se battant avec ses armes, sa technicité, qu'en étant
cohérent et en accord avec soi, on peut faire bouger les choses dans la restauration
hôtelière."
Pour autant, le salut des hôtels - notamment
des établissements de luxe - doit-il passer par le recrutement de chefs prestigieux,
comme cela se fait beaucoup en Asie, aux États-Unis ou à Paris ? Jacques
Bally, du groupe Alain Ducasse, a quelques doutes : "Les chefs ne pourront
pas continuer à multiplier les établissements sans revoir leur stratégie.
Jusqu'à présent, un chef pouvait se baser sur un ou 2 concepts. Désormais,
c'est fini. Il va lui falloir en lancer 10 ou 15."
Chefs modulables
Une opinion qui rejoint celle d'Hervé
Fleury, d.g. de l'Institut Paul Bocuse. "Aujourd'hui, ce ne sont pas
forcément les plus grands noms de la gastronomie qui vont pouvoir porter la
restauration hôtelière. L'hôtellerie n'a pas besoin de cuisiniers
se limitant à ce qu'ils savent faire, mais plutôt de chefs capables
de s'adapter à la clientèle, à la ville ou au pays dans lequel
ils travaillent. Il faut innover."
Pourtant, lorsqu'on leur pose la question
des innovations possibles dans la restauration hôtelière, les professionnels
présents en indiquent vite les limites. Faut-il mettre en place des restaurants
thématiques dans les hôtels ? "C'est risqué car ils lassent très
vite", prévient Jacques Bally. Doit-on miser sur le design ? "Oui, à
condition d'avoir la capacité de tout changer tous les 3 à 5 ans",
souligne Christophe Collin. Innover pour le petit-déjeuner, le repas le plus
pris à l'hôtel ? "Difficile, poursuit Christophe Collin. Car
les clients ont presque tous les mêmes réflexes : ils veulent se sentir
chez eux. Vous avez beau proposer les petits-déjeuners les plus novateurs qui
soient, ce que veulent les clients, c'est du café frais, de vrais croissants
et du bon pain. Rien d'autre." Le seul optimiste : Jacques Pourcel. "À
mon avis, l'avenir de la restauration hôtelière, c'est le service global
où le client est accompagné, pris par la main, où l'on raconte une
histoire. Avec la décoration, la cuisine, mais aussi en mettant en avant le
patrimoine de la région où l'on s'implante. En ce sens, Michel Bras à
Laguiole reste un visionnaire."
Mat
Gallet
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L'Hôtellerie Restauration n° 3013 Hebdo 25 janvier 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE