du 15 mars 2007 |
L'ÉVÉNEMENT |
FORT D'UN BÉNÉFICE EN HAUSSE DE 50,7 % À 501 MILLIONS D'EUROS
ACCOR VOIT LA VIE EN ROSE ET POURSUIT SA STRATÉGIE AU PAS DE CHARGE
Doté d'un logo relooké et d'un nouveau modèle économique dans l'hôtellerie, le groupe tourne une nouvelle page de son histoire. Alors que sa chaîne historique (Novotel) fête ses 40 ans, Accor affiche une santé financière insolente. Reste à boucler le repositionnement des marques hôtelières : un dossier en bonne voie.
Gilles Pélisson : "80 % du parc hôtelier aura été restructuré à fin 2009." |
Tout
sourire ! Tel était Gilles Pélisson - directeur général du groupe
d'hôtellerie et de services - à l'occasion de la présentation
des résultats annuels. Normal. D'une part, il s'exprimait dans l'enceinte du
Pré Catelan, adresse prestigieuse gérée par Lenôtre dont le
chef Frédéric Anton a décroché la 3e étoile
au Michelin. D'autre part, notre homme avait fait le plein de bonnes nouvelles
à communiquer. À commencer par les performances 'record' enregistrées
par sa société en 2006. Les recettes ont bondi de 6,7 % l'an passé
(7,60 MdsE) tandis que le résultat avant impôt et éléments
non récurrents a atteint 727 ME (+ 28,7 %). Au total, Accor a dégagé
un bénéfice net de 501 ME (+ 50,7 %).
De quoi ravir le nouveau patron. Et
les actionnaires, qui ne perdent jamais de vue leur portefeuille. D'ailleurs, la
compagnie fait preuve de 'générosité' à leur égard. Après
leur avoir distribué 500 ME en 2006, Gilles Pélisson a indiqué qu'une
nouvelle opération de rachat d'actions pour annulation de 700 ME allait avoir
lieu, après approbation de l'assemblée générale mixte. Le tout
conduisant, avec un versement de dividende exceptionnel
de 1,50 E, à un 'retour' de cash aux porteurs supérieur à 1 milliard
d'euros. Du jamais vu dans l'histoire d'Accor qui résulte d'une stratégie
savamment pensée, portée par une amélioration sensible de la conjoncture
dans le secteur hôtelier.
Droit
dans ses bottes - selon l'expression consacrée -, le patron d'Accor a en effet
choisi, voilà près de 15 mois, d'accélérer l'externalisation
des murs, de céder les actifs non stratégiques et de se recentrer sur
2 métiers : l'hôtellerie et les services. Une stratégie à laquelle il ne déroge pas d'un poil. À
ce jour, près de 1 milliard d'euros de participations non stratégiques
a ainsi été vendu : une partie des actions détenues dans Club Med, les dernières détenues
dans Compass, 50 % dans Carlson Wagonlit Travel…
Résultats opérationnels
encourageants
De 2005 à février
2007, il a également été cédé pour plus de 3,2 milliards
d'euros de murs d'hôtels. "Nous prévoyons 1,9 milliard d'euros supplémentaires
(376 établissements) sur la période de mars 2007 à décembre
2008", a souligné Gilles Pélisson. Et de préciser : "Nous
avons en outre la possibilité de changer le mode de détention de 550
unités supplémentaires sur 2008-2009." Autrement dit, le groupe en
a encore pas mal sous le pied. Du reste, il s'est d'ores et déjà séparé
de Go Voyages encaissant 210 ME de plus-values et a confirmé la cession de
la restauration collective en Italie d'ici à la fin du 1er semestre
2007. Notons en outre que le sort de la chaîne américaine Red Roof (335
hôtels rénovés à 63 %) sera scellé d'ici à fin
juin.
Des éléments favorables
pour un avenir qui s'annonce de bon augure. D'autant plus sûrement que les
résultats opérationnels sont eux aussi encourageants. Le résultat
brut d'exploitation du groupe a de fait grimpé de 9,7 % à 2,08 milliards
d'euros en 2006. Quant à la marge brute d'exploitation, elle représente
27,4 % du chiffre d'affaires. "Soit la marge opérationnelle la plus forte
enregistrée par Accor", a observé Jacques Stern, directeur général
en charge des finances, des achats et des systèmes d'informations. Une augmentation
de 0,8 point à périmètre comparable qui provient à la fois
de l'activité services et de l'hôtellerie.
La stratégie de recentrage du
leader de l'hôtellerie européenne sur ces 2 principaux métiers se
révèle donc payante. Mieux. Les équipes opérationnelles - 170
000 collaborateurs dans le monde - ont reçu 5 sur 5 le message adressé
par les nouveaux dirigeants et mettent les bouchées doubles. Tant mieux parce
que Gilles Pélisson entend bien poursuivre 'son chemin'. Et ce, à un
rythme
soutenu.
30 000 nouvelles chambres
déjà prévues pour 2007
Sur le plan hôtelier,
Accor prévoit ainsi d'accroître son parc de 42 % d'ici à 2010
avec la création de 200 000 chambres, essentiellement dans les pays émergents
(plus de 60 %), en hôtellerie milieu de gamme ou économique (86 %) et
en contrats de gestion ou de franchise (90 %). Le groupe financera cette croissance
à hauteur de 2,5 milliards d'euros tandis qu'environ 7,5 milliards d'euros
proviendront de partenaires. "22 000 nouvelles chambres ont été ouvertes
en 2006. À ce jour, nous sommes déjà engagés sur 77 000
chambres supplémentaires dont 30 000 pour 2007", a insisté Gilles
Pélisson.
Les projets hôteliers
fleuriront d'autant plus vite que le groupe achève sa 'revue des marques hôtelières'.
Parallèlement au lancement de la marque économique non standardisée
All Seasons (lire encadré page 03), Accor a en effet mis le paquet pour asseoir
la visibilité de Novotel et d'Ibis en 2006. Reste maintenant à régler
le repositionnement de Sofitel qui aura des conséquences inévitables sur
le portefeuille Mercure (décliné en Mercure et Grand Hotel Mercure).
Une tâche loin d'être facile.
Parfaitement conscient néanmoins de l'hétérogénéité
du parc, l'état-major d'Accor a décidé de tailler dans le vif en
procédant à un grand 'ménage de printemps' au sein de son enseigne
haut de gamme. Résultat : sur les 200 établissements portant actuellement
les couleurs Sofitel, 80 vont être cédés ou reconvertis sous une
autre marque.
Rachat de 50 % de Accor Brésil
Positionnée dorénavant
sur le très haut de gamme de l'hôtellerie internationale de luxe alliant
'French Touch' et dernières tendances, le territoire de la marque a par ailleurs
été entièrement redéfini. Le tout se traduisant par une nouvelle identité visuelle épurée
où le symbole fort devient le 'O' de Sofitel.
À l'autre extrémité, Accor doit
trouver une solution dans les plus brefs délais - au risque de voir des taux
d'occupation piquer du nez - à la problématique de ses Formule 1 français.
Après avoir abandonné le projet de rénovation mené avec le designer
Matali Crasset, une remise au goût du jour s'impose. Selon Yann Caillère
- directeur général de l'hôtellerie Europe du Sud, Moyen-Orient,
Afrique et de Sofitel -, le parc devrait être rénové d'ici à
la fin 2009.
Pour ce qui concerne les services,
Gilles Pélisson nourrit toujours les mêmes ambitions : développer
un programme de croissance externe créateur de valeur. Dans l'enveloppe des
500 ME alloués à cet objectif, 100 ME ont été investis en
2006. Mais au-delà de ce plan d'investissement, 2 acquisitions importantes
ont été réalisées : le rachat de 50 % de Accor Brésil ainsi
que la reprise de Kadéos (cartes-cadeaux) auprès de PPR. D'autres
opérations pourraient voir le jour selon les opportunités…
Claire
Cosson
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NOUVELLE ENSEIGNE 2
ÉTOILES NON NORMÉE All Seasons part à la conquête du Vieux Continent La marque prévoit 10 000 chambres d'ici à 2010 dans les principales villes européennes.
Gilles
Pélisson tient ses promesses. En septembre 2006, il annonçait le
lancement d'une nouvelle offre économique non standardisée, complémentaire
à celle d'Ibis "comme l'est Mercure pour Novotel". La semaine
passée, il a dévoilé son projet. Comme nous vous l'avions révélé
dans nos dernières éditions, la nouvelle enseigne européenne est
baptisée All Seasons. Un nom testé et retenu parmi 8 autres propositions
auprès des consommateurs et des professionnels en France et à l'étranger.
Un nom déjà utilisé par le groupe dans la zone Asie-Pacifique où
le succès ne se dément pas depuis un certain nombre d'années. Une offre
'tout compris' |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3020 Hebdo 15 mars 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE