du 22 mars 2007 |
L'ÉVÉNEMENT |
PARMI LES 10 CANDIDATES SÉLECTIONNÉES À L'ISSUE DES ÉPREUVES ÉLIMINATOIRES
Victoire en duo pour le MOF Gouvernante
Le 23e concours des MOF marquera l'histoire. Pour la 1re fois, les gouvernantes y ont eu le droit de cité. Technique, gestion, créativité, sens du management et de la communication ont rythmé les épreuves de cette nouvelle classe. Source de stress supplémentaire, les finalistes essuyaient les plâtres. Organisation parfaite et ambiance conviviale ont permis à Sandrine Kouyoumji et Gaëlle Breteau de réaliser leur rêve.
Les 10 candidates ( de gauche à droite : Sandrine Cassarin, Céline Seban, Caroline Courtois, Marie Brier, Françoise Gobled, Gaëlle Breteau, Sandrine Kouyoumji, Sarah Hochelaf, Catherine Le Lay, Marie-Françoise Frambourt, ont notamment planché sur le thème de l'oreiller. |
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Il
leur a fait passer des nuits blanches. D'ordinaire pourtant, cet objet-là
- l'oreiller - permet de s'abandonner rapidement aux bras de Morphée. À
voir les traits tirés des 10 candidates sélectionnées pour la finale
de la 1re édition du MOF Gouvernante - les 14 et 15 mars à
Évian-les-Bains -, il n'y avait cependant aucun doute. Le petit coussin sur
lequel on pose sa tête est parvenu à troubler le sommeil de plusieurs
d'entre elles. Normal. Ces prétendantes au titre suprême devaient réaliser,
en guise de chef-d'oeuvre, un support commercial à placer dans une chambre
d'hôtel, sur ce thème précis. "La qualité de la literie
constitue une des attentes majeures de la clientèle. Raison pour laquelle nous
avons choisi l'oreiller parmi les éléments qui la compose. Dans cette
épreuve, le jury a évalué la créativité et la force de
persuasion des concurrentes", souligne Nicole Spitz, présidente du MOF
Gouvernante.
En l'occurrence, la 'nuit' a porté conseil.
L'imagination était au rendez-vous. Côté matières et formes,
il y en a eu ainsi pour tous les goûts : oreillers carrés, rectangulaires,
en aile de papillon… garnis de crin de cheval, de plumes, en mousse, à
eau, à gravité linéaire ou bien encore à coussin d'air,
à ions magnétiques… De quoi rêver. D'autant plus profondément
que ces polochons étaient proposés à la carte. Une carte façon
menu de restaurant, pour certaines finalistes. Une carte matérialisée
par un cube magique, pour une autre. Une carte, telle une incitation au voyage.
Et puis il fallait oser, une carte d'oreillers lovée dans une mini-taie brodée
main, bien sûr.
Cerise sur 'l'oreiller' : les projets
étaient en général chiffrés. "Histoire de rappeler que la
gouvernante n'est pas une fée du logis, mais qu'elle gère l'un des plus
gros postes de fonctionnement d'un hôtel", souligne Maïté Audoux,
vice-présidente.
"Merci d'avoir osé"
D'ailleurs, dès l'ouverture
du concours, les compétences en gestion des candidates ont été testées
avec une étude de cas - durée de 2 h 20 - traitant de l'aménagement
de 2 étages en chambre dite 'exécutive' dans un 4 étoiles. Esprit
d'analyse, de synthèse, concentration, établissement d'un budget - le
moins coûteux évidemment - ont rythmé cet
atelier. "Je n'ai pas beaucoup aimé cette épreuve", a avoué
Marie-Françoise Lambourt, assistante gouvernante générale à
l'Ambassador (Paris). Tout comme l'atelier numéro 4 - connaissance des produits
et matériaux - dont le volet concernant la pierre l'a aussi déstabilisé.
Après avoir découvert 3 échantillons de pierre, les candidates devaient
les identifier puis exposer leur technique d'entretien en moins de 10 minutes.
Une 'reconnaissance' pas si facile à effectuer.
Même au toucher. Idem pour le sujet sur les moquettes et celui consacré
au choix du linge de toilette pour l'équipement d'une exploitation 3 étoiles.
L'angle management du personnel n'était guère plus aisé. Rendez-vous
compte ! En à peine 15 minutes, il fallait que les postulantes démontrent
leur sens de la concertation et de l'autorité. Le problème à résoudre étant de convaincre une équipe
de nettoyer des chambres supplémentaires alors qu'elle avait déjà
effectué son quota quotidien… Qui plus est, avec des finances réduites
!
Enfin, l'atelier sur la relation clientèle/ou
fournisseur mettait en exergue d'autres qualités indispensables à toute
bonne gouvernante générale : l'esprit d'initiative, le respect des exigences
clients et la bonne communication avec les autres services. Le tout accompagné
d'une maîtrise indispensable de l'outil informatique. Autant de compétences
que les 2 lauréates possédaient. Avec comme -pour les 8 autres - l'amour
du métier chevillé au corps et le courage d'avoir accepté de participer
à une première. "Merci à toutes d'avoir osé", résumait
ainsi Nicole Spitz à l'annonce des résultats.
Claire
Cosson
zzz14
Sandrine Kouyoumji,, assistante gouvernante générale au Bristol (Paris)
Elle
a tout juste franchi la trentaine, et déjà on sent poindre la future
gouvernante générale. Sandrine Kouyoumji, fille de traiteurs, affiche
en effet une sacrée personnalité. D'emblée, on détecte son sens
de l'autorité et son goût du challenge. Cela ne l'a pas empêché
d'être à cran durant les épreuves. D'ailleurs à l'issue
de la présentation de son chef-d'oeuvre, cette diplômée d'un BTS
hôtelier (Clichy) et d'une maîtrise sciences et techniques (Strasbourg)
doutait sérieusement. "Je pense qu'ils n'ont pas apprécié mon
cube magique. J'ai pourtant argumenté pour leur expliquer le côté
à la fois ludique et commercial de ce support", confiait la finaliste
à chaud. Désemparée, elle l'était aussi après l'étude
de cas. "Le nombre de documents qui nous a été remis m'a induit en
erreur. Il fallait en réalité faire le tri", commentait Sandrine à
la sortie de l'examen.
N'empêche. Notre protagoniste a été reconnue par
ses pairs. Donc, elle avait bien toutes les compétences requises pour accéder
au titre suprême. Et ce, même si la prétendante disait ne bénéficier que d'une seule expérience professionnelle.
Mais quelle expérience ! Celle de travailler depuis 1999 avec Madame
Barbier, gouvernante générale au Bristol. "J'ai beaucoup appris avec
elle. C'est une source inépuisable d'infos", confie Sandrine. Les livres
qu'elle a potassés, les sites qu'elle a consultés et les personnes qu'elle a rencontrées au
cours des derniers mois lui ont sans doute également été utiles.
Entreprises de nettoyage, directeurs généraux, DRH, fournisseurs et autres
gouvernantes générales, Sandrine a fait le tour de tous les interlocuteurs
possible pour se préparer. Une démarche qui a porté ses fruits. D'autant
mieux que la jeune femme croit dur comme fer en l'importance capitale de son métier
dans le bon fonctionnement d'une entreprise hôtelière. C'est peut-être
même le véritable secret de sa réussite !
Gaëlle Breteau, assistante gouvernante générale au Hilton Arc de Triomphe (Paris)
La scène vaut le coup d'oeil. Dans une
des salles du Royal Évian, le jury s'apprête à dévoiler
les noms des gagnantes. Côté candidates, l'angoisse se lit sur tous
les visages. Nicole Spitz prononce le nom de la première lauréate : Gaëlle Breteau. L'espace de quelques secondes, la jeune femme (28 ans) reste sans
réaction. Elle n'y croit pas. Normal. L'intéressée est du genre à douter de ses capacités. Des capacités pourtant réelles.
En témoigne cette victoire obtenue après 3 mois de travail acharné.
"J'ai énormément travaillé. D'abord sur le chef-d'oeuvre, en effectuant de multiples recherches auprès
des fournisseurs et de mes collègues", raconte, émue aux larmes, Gaëlle.
"Ensuite, j'ai sollicité un DIF pour améliorer mon
anglais avant le concours tout en allant visiter un fleuriste, un blanchisseur…
Histoire d'élargir mes connaissances. Je me suis aussi remise dans le bain
du BTS et j'ai planché sur différents sujets comme les notions
d'amortissement…", ajoute-t-elle avec humour.
Heureux hasard, il y en avait justement un amortissement à calculer. Reste que la victoire de Gaëlle ne doit rien au hasard. Loin s'en faut. Titulaire d'un
BTN et d'un BTS en apprentissage, la candidate a été
formée à bonne école. D'autant mieux qu'elle a fait ses débuts
entre les mains expertes de Gabriella Puchwein, gouvernante générale au Hilton
Suffren. Aujourd'hui, elle officie aux côtés d'Iliana Guiot-Gullin
avec laquelle "j'apprends tous les jours quelque chose de nouveau", commente la lauréate.
Et de poursuivre : "Le MOF a été une sacrée
remise en cause personnelle. Mais c'est aussi une victoire pour notre profession
pas encore assez connue."
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