du 29 mars 2007 |
JURIDIQUE |
UN DOSSIER TRÈS COMPLET
LES CONDITIONS D'ÂGE DU DÉPART À LA RETRAITE
Les règles en matière de retraite ont été modifiées ces dernières années. Pas toujours facile de s'y retrouver. Les conditions d'âge minimum à respecter pour être à la retraite vont dépendre aussi des conditions de départ de cette mise à la retraite.
L'article
16 de la loi du 21 août 2003 portant réforme des retraites a fait passer
de 60 à 65 ans l'âge à partir duquel un salarié peut être
mis d'office à la retraite par son employeur.
Cependant, cette même loi a prévu 2
exceptions permettant à l'employeur de mettre un salarié à la
retraite avant l'âge de 65 ans. Il s'agit des cas suivants :
Lorsque cette possibilité
a été prévue par une convention ou un accord collectif étendu
conclu avant le 1er janvier 2008 et qui fixe des contreparties en termes
d'emploi ou de formation professionnelle ;
Lorsque le salarié se trouve
en fin de dispositif de préretraite (préretraite progressive, cessation
d'activité des travailleurs salariés ou dispositif de préretraite
d'entreprise).
Dans tous les cas, l'âge de mise
à la retraite d'un salarié ne peut être inférieur à
60 ans et à la condition qu'il puisse bénéficier d'une pension
de vieillesse à taux plein.
En outre, il faut savoir que si un
employeur décide de mettre d'office un salarié à la retraite alors
que ces deux conditions ne sont pas remplies, la rupture du contrat de travail s'analyse
comme un licenciement.
Plus d'une centaine de branches professionnelles
ont ainsi conclu des accords étendus qui abaissaient l'âge de la mise
à la retraite en dessous de 65 ans, voire pour certaines en dessous de l'âge
de 60 ans. Ce qui n'est pas le cas de la convention collective des CHR du 30 avril
1997.
L'employeur décide de
mettre un salarié à la retraite
L'article 33 alinéa
2 de la convention collective des CHR relatif au départ à la retraite
à l'initiative de l'employeur prévoit qu'il ne peut procéder à
la mise à la retraite du salarié que si ce dernier remplit les deux
conditions suivantes :
Pouvoir bénéficier
d'une pension vieillesse à taux plein,
Remplir les conditions d'âge
minimum.
En pratique, l'employeur ne peut mettre
d'office à la retraite un salarié avant que ce dernier n'ait atteint
l'âge de 65 ans et à la condition qu'il ait bien tous ses trimestres,
soit 160, ce qui correspond à 40 ans de cotisations.
Bien vérifier que le
salarié ait son nombre de trimestres
Outre cette condition d'âge,
l'employeur doit aussi vérifier, avant de commencer toute procédure de
mise à la retraite, que le salarié remplisse la 2e condition
: toucher une retraite à taux plein. Pour cela, l'employeur doit demander
au salarié de lui transmettre son relevé de carrière qui est établi
par la caisse d'assurance vieillesse. Si le salarié refuse, l'employeur n'a
pas d'autre choix que de s'adresser au juge des référés, qui peut
ordonner au salarié de le communiquer sous astreinte. C'est la seule solution.
Car en vertu du secret professionnel, il est interdit aux caisses d'assurance vieillesse
de transmettre ces informations directement à l'employeur. Si vous commencez
la procédure de mise à la retraite de votre salarié et qu'il s'avère,
par la suite, que ce dernier n'avait pas le nombre de trimestres suffisants, vous
ne pouvez pas interrompre cette procédure et revenir en arrière sans l'accord
de votre salarié. Faute de cet accord, la rupture du contrat s'analysera en
un licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Attention à une rupture
hâtive
Un arrêt de la Cour
de cassation, en date du 28 février 2006, a condamné un employeur à
verser des dommages-intérêts au salarié pour licenciement sans cause
réelle et sérieuse. Dans cette affaire, l'employeur avait notifié,
le 31 octobre 2000 par écrit à un salarié, qu'il serait mis à
la retraite le 30 avril 2001. Le salarié ne répond à l'employeur
qu'à cette date ; il ne pourra pas bénéficier d'une pension à
taux plein. L'employeur en prend acte. Il rectifie et notifie au salarié le
17 avril 2001 sa décision de reporter de 1 an sa mise à la retraite,
soit au 30 avril 2002. Le salarié conteste cette décision. Les juges vont
condamner l'employeur au motif qu'une mise à la retraite qui a été
notifiée ne peut être rétractée qu'avec l'accord du salarié. La Cour décidera
que la rupture du contrat de travail, intervenue le 30 avril 2002, n'était
pas une mise à la retraite, mais un licenciement sans cause réelle et
sérieuse. En conséquence, l'employeur sera condamné à verser
des dommages-intérêts au salarié.
Départ volontaire à
l'initiative du salarié
L'article 33 alinéa
1 de la convention collective prévoit que tout salarié quittant volontairement
l'entreprise pour bénéficier d'une pension vieillesse devra informer son
employeur par lettre recommandée avec accusé de réception en observant
un préavis égal à celui dû en cas de licenciement sans que
cela ne puisse excéder 2 mois. La durée de ce préavis est fixée
pour un salarié ayant une ancienneté de plus de 2 ans à 1 mois
quand il a le statut d'employé, 2 mois pour un agent de maîtrise et 3
mois pour un cadre.
Le salarié, pour faire
valoir ses droits à la retraite, doit en principe avoir au moins 60 ans.
Cependant, cette condition d'âge de 60 ans peut être abaissée pour
deux catégories de salariés :
Ceux ayant commencé à
travailler très jeunes,
Les personnes handicapées
répondant à certaines conditions d'incapacités permanentes.
Départ anticipé
à la retraite
Si l'âge minimum légal
de départ à la retraite est normalement fixé à 60 ans pour
tous, l'article 23 de la loi du 21 août 2003 a introduit une possibilité
de départ anticipé à partir de 56 ans à compter du 1er
janvier 2004 pour les personnes ayant commencé à travailler jeunes (entre
14 et 16 ans) et qui justifient de très longues carrières.
Si vous avez entamé votre
carrière professionnelle à 14, 15 ou 16 ans, vous n'êtes plus
obligé d'attendre l'âge de 60 ans pour prendre votre retraite dès
lors que vous réunissez les 3 conditions cumulatives suivantes :
Vous devez justifier de 168
trimestres d'assurance validés (42 ans) ou de périodes reconnues comme
équivalentes et décomptées comme pour le calcul du taux à
la retraite (maladie, chômage…). Ces trimestres peuvent avoir été
acquis dans le régime général ou dans un ou plusieurs autres régimes.
Vous devez aussi justifier d'un
certain nombre de trimestres cotisés. En effet, sur les 168 trimestres d'assurance
validés, l'assuré doit justifier d'une durée minimum de cotisations
:
- Pour un départ à 56 ou 57 ans il faut justifier de 168 trimestres
cotisés (42 ans) ;
- Pour un départ
à 58 ans il faut justifier de 164 trimestres cotisés (41 ans) ;
- Pour un départ
à 59 ans il faut justifier de 160 trimestres cotisés (40 ans).
Avoir commencé à
travailler avant 17 ans, c'est-à-dire avoir commencé votre carrière
professionnelle à 14, 15 ou 16 ans.
Vous êtes considéré
comme ayant débuté votre carrière professionnelle à l'un des
ces âges, si vous avez cotisé à l'assurance vieillesse pendant
5 trimestres minimum à la fin de l'année civile de votre 16e
ou 17e anniversaire. Si vous êtes né au cours du 4e
trimestre et que vous ne totalisez pas cette durée, vous devez alors justifier
d'au moins 4 trimestres au titre de l'année au cours de laquelle est survenu
votre 16e ou 17e anniversaire.
Les périodes validées
Certaines périodes
sont réputées avoir donné lieu à cotisations et sont considérées
comme validées. Il s'agit :
Des périodes de
service national : un trimestre est décompté par période d'au moins
90 jours consécutifs ou non ;
Des périodes d'incapacité
temporaire pour maladie ou maternité ;
Mais un assuré ne peut bénéficier
au maximum que de 8 trimestres réputés cotisés (4 trimestres au titre
du service national et 4 au titre de la maladie). Le total des trimestres cotisés
ou réputés cotisés ne peut dépasser le nombre de 4 pour une
année civile.
Pascale Carbillet
zzz60e
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