du 29 mars 2007 |
COURRIER DES LECTEURS |
Selon notre syndicat l'Umih, il nous est dit que pour la période du 1er janvier 2005 au 31 janvier 2007 où le personnel avait droit à une demi-journée complémentaire par mois, on devait donner 6 jours uniquement pour toute la période. Or, mon conseiller juridique me dit que la loi est floue et qu'il vaudrait mieux leur donner 12,5 jours correspondant à une demi-journée sur 25 mois. (C. B. sur le forum des Sujets Interactifs)
En effet, l'article 15 de la loi de financement pour la Sécurité
sociale a rétabli la 6e semaine de congés payés en contrepartie
du paiement des heures supplémentaires effectuées entre la 36e
et la 39e heure.
Mais cet article laisse à désirer quant à
sa compréhension et surtout quant à son interprétation. En
effet, il prévoit que "les majorations et repos compensateurs pour les heures
qui peuvent être effectuées entre la 36e et la 39e
sont dues sous la forme de 6 jours ouvrables supplémentaires aux congés
visés à l'article L.223-2 du Code du travail (les congés payés
en clair), ainsi que d'un jour férié supplémentaire à partir
du 1er juillet 2006."
Puis à la fin, il est précisé : "Ces dispositions
sont applicables pour la période allant du 1er janvier 2005…
jusqu'au 31 janvier 2007."
Donc à la lecture de cet article, plusieurs interprétations
sont possibles.
1re interprétation :
Cette 6e semaine accordée
initialement par l'accord du 13 juillet 2004, était donnée à raison
de 0,5 jour supplémentaire de congé conventionnel par mois de travail
(en fait donné dans les mêmes conditions que les congés payés).
Ce qui faisait 3 jours de congés par mois ou une indemnité de congés
payés calculée sur la base de 12 %.
Si on reprend les conditions d'application de l'accord du 13 juillet
en ce qui concerne cette 6e semaine et la période d'application
de l'article 15, on peut dire que les salariés ont droit à 0,5 jour
supplémentaire pendant cette période couverte par l'article 15, soit du
1er janvier 2005 au 31 janvier 2007. Ce qui donne effectivement 12,5
jours de congés conventionnels supplémentaires. C'est la thèse que
j'avais présentée dans les courriers des lecteurs parus dans le n°
3011 de L'Hôtellerie
Restauration
du 11 janvier 2007 (pour lire cet article :
cliquez ici).
2e interprétation :
Le calcul de ce congé conventionnel a en fait démarré le 1er
juin 2005 (selon l'accord de juillet 2004), début de la période de comptabilisation
des congés payés et conventionnels. Donc si on prend cette base de départ,
les salariés ont acquis leurs 6 jours conventionnels supplémentaires sur
la période du 1er juin 2005 jusqu'au 31 mai 2006. Puis à
partir du 1er juin 2006, il recommençait à comptabiliser
une nouvelle année de congés payés soit à raison de 0,5 jour
à partir du 1er juin 2006 jusqu'au 31 janvier 2007, ce qui donne 4 jours
conventionnels supplémentaires et un total de 10 jours conventionnels supplémentaires
sur cette période du 1er juin 2005 au 31 janvier 2007.
Le conseil d'État a annulé le 18 octobre 2006, l'accord
du 13 juillet 2004 en accordant la rétroactivité, c'est-à-dire
en faisant comme si l'accord n'avait jamais existé. Ce qui entraînait
la profession dans le plus grand chaos, mais aussi les salariés et l'administration.
En effet, les salariés auraient pu demander des rappels de
salaires avec la majoration des heures effectuées entre la 36e et
la 39e heure qui devenaient des heures supplémentaires, les employeurs
étaient en droit de récupérer la 6e semaine de congés
payés et le jour férié supplémentaire. Mais cette modification
du calcul des salaires bruts avait aussi un impact sur le calcul des cotisations
sociales ainsi que des allégements de charges qui s'en trouvaient eux aussi
modifiés.
À l'initiative de députés UMP repris par le gouvernement,
il a été pris cet article 15 afin de maintenir au moins une stabilité
de la situation antérieure en maintenant les droits accordés par l'accord
de 2004. Donc c'est sur les
principes
de l'accord de 2004 que l'on interprète cet article et accorde les 10 jours
conventionnels. Cette thèse est celle préconisée par le Synhorcat.
3e interprétation :
L'article 15 prévoit que "la majoration des heures supplémentaires
est due sous la forme forfaitaire de 6 jours ouvrables supplémentaires"
sans préciser que ces jours sont acquis à raison de 0,5 jour par mois
travaillé. Donc, si on s'arrête à une interprétation stricte
de cet article, on peut dire qu'il s'agit de 6 jours forfaitaires qui couvrent la
période du 1er janvier 2005 au 31 janvier 2007 (en effet, le dernier
alinéa de cet article précise que les dispositions prévues au-dessus
sont applicables pour la période du 1er janvier 2005 au 31 janvier
2007). C'est la position retenue par l'Umih.
Plus que l'interprétation de la loi, c'est l'esprit de la
loi qui est important, et cet article 15 avait pour but de maintenir la situation
acquise en attendant la conclusion d'un nouvel accord.
À mon avis c'est
la position du Synhorcat qui est la plus proche de l'esprit de la loi. En outre,
reprendre des jours qui ont déjà été comptabilisés sur
les bulletins de paie des salariés peut entraîner un mauvais climat social
dans vos entreprises, sans parler des recours éventuels des salariés devant
les tribunaux. zzz60o
Comment calculer le taux de majoration des heures supplémentaires
Avant l'avenant n° 2, pour calculer une majoration pour heures supplémentaires, il ne suffisait pas de prendre le taux horaire du salarié en le multipliant par le taux de majoration, mais il fallait recalculer le salaire horaire du salarié en y intégrant notamment les avantages en nature. D'après l'article du 1er mars 2007, il ne faut pas tenir compte des avantages en nature pour ce calcul. Qui a raison ? (Odile sur le forum de L'Hôtellerie Restauration)
Effectivement,
La Cour de cassation dans un arrêt du 23 mars 1989 a considéré que
les avantages en nature nourriture devaient être pris en considération
pour calculer la majoration de salaire due au titre des heures supplémentaires.
C'est la raison pour laquelle dans l'article "application de l'accord du 13 juillet
2004, heures supplémentaires mode d'emploi" dans notre édition du
27 janvier 2005, dans le paragraphe 'sur quelle base calculer les majorations',
nous faisions le calcul sur la base du taux horaire des avantages en nature nourriture.
Cependant cette décision ne peut être invoquée
lorsque les règles de calcul sont prévues par les textes conventionnels.
En effet, en vertu de l'article L 212-5 du Code du travail, "les
heures supplémentaires donnent lieu à une majoration de salaire dont
le taux est fixé par une convention ou un accord de branche étendu (…).
Par contre, le Code du travail est muet sur l'assiette de calcul de la majoration
des heures supplémentaires, laissant aux partenaires sociaux le soin de fixer
les règles en la matière".
En vertu de l'accord du 5 février 2007, ce taux est de 10
% entre la 36e et la 39e heure hebdomadaire de travail, de
20 % entre la 40e et la 43e heure de travail et de 50 % au-delà.
Par la suite, ce texte ajoute, s'agissant des
salariés rémunérés au pourcentage service, que "la rémunération
du salarié payé au pourcentage service ainsi composée devra être
au moins égale au salaire minimal de référence dû en application
de la grille de salaires et en raison de la durée de travail effectuée,
augmenté des majorations afférentes aux heures supplémentaires."
Il est ainsi fait référence au salaire minimal de référence.
Or, la grille de salaires fixant ce salaire minimal de référence
pour chaque niveau et chaque échelon précise que les salaires s'entendent
"hors avantages en nature nourriture et logement".
Dès lors, il apparaît que les partenaires sociaux ont
clairement énoncé le principe devant être retenu. La majoration
des heures supplémentaires doit pour tout salarié, en raison de l'égalité
de statut entre les salariés, qu'ils soient au fixe ou au pourcentage service,
être calculée sur le salaire de base hors avantages en nature nourriture
et logement. D'ailleurs, c'est la méthode de calcul préconisée par
l'Umih et le Synhorcat, qui sont les deux principales organisations patronales signataires
de cet accord. zzz60r
Rubrique animée par Pascale Carbillet.
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L'Hôtellerie Restauration n° 3022 Hebdo 29 Mars 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE