du 10 mai 2007 |
ÉDITO |
"Attachez vos ceintures"
Cette
expression qui relève davantage du Code de la route ou du transport aérien
que de l'analyse politique correspond parfaitement à la situation que nous
allons vivre au cours des prochains mois, dans la mesure où le nouveau
locataire de l'Élysée sait très bien que le début du mandat
présidentiel est déterminant pour la réussite du quinquennat.
Cette image que nous devons à la plume éclairée
de Jean d'Ormesson dans un éditorial percutant du Figaro correspond
bien évidemment à une attente des 53 % d'électeurs qui se sont
exprimés en faveur de l'action et du mouvement.
Or, nous le savons, le chantier est immense, et les promesses
de la campagne ne seront pas toutes mises en Ïuvre en 3 mois.
Inutile, ici, de reprendre le programme complet de Nicolas Sarkozy,
que tout citoyen a reçu avant le scrutin. Mais les grandes lignes de la politique
économique conditionnent bien évidemment l'avenir de toutes les entreprises,
quelle que soit leur taille. Et c'est peu dire qu'il va falloir aux nouveaux maîtres
du pouvoir à la fois un sens aigu de l'équilibre, une détermination
sans faille, une aptitude à convaincre hors du commun, et un savoir-faire
diplomatique exceptionnel. Reprenons : d'abord, et c'est très important pour
les employeurs et les salariés, l'exonération d'impôt sur le revenu
et des charges sociales pour les 'heures sup' au-delà de 35 heures devra
être mise en Ïuvre rapidement dans le cadre de la revalorisation du travail
et la relance du pouvoir d'achat. Reste à déterminer si cette décision
contribuera au développement de l'emploi par le biais de la diffusion de ressources
disponibles pour la consommation.
Autre élément tout aussi essentiel dans la politique
économique que veut conduire le nouveau président : l'élaboration
d'un contrat de travail unique fondé sur la fameuse 'flex-sécurité'
danoise chère à de nombreux économistes. En essayant d'éviter
les méandres technocratiques, comprenons qu'il s'agit pour l'employeur de pouvoir
embaucher et débaucher plus facilement, notamment grâce au principe de
la 'rupture mutuellement consentie', à l'instar du divorce, et pour le salarié
de bénéficier des garanties liées au contrat de travail s'il se trouve
au chômage, par le biais d'une intervention du service public de l'emploi.
Et puis bien sûr, la fiscalité. Immense chantier
dont nous n'épuiserons évidemment pas ici l'essentiel. C'est la loi
du genre, le nouveau président a beaucoup promis, et notamment de baisser en
10 ans de 4 points les prélèvements obligatoires, ce qui est énorme.
Et comme il s'agit aussi de faire de la politique, les baisses les plus 'visibles'
par le contribuable électeur concerneront d'abord l'impôt sur le revenu,
l'impôt sur les sociétés sans oublier les droits de succession et
l'aménagement de l'ISF dont on nous dit qu'il pourrait décider les stars
du showbiz à ne plus traîner leur spleen dans les vertes vallées
d'Helvétie.
Et la TVA, dans tout cela ? Bon, ce sera dur : elle représente
aujourd'hui 46 % des recettes fiscales, et a l'immense avantage d'être
totalement indolore pour le consommateur qui la paie sans sourciller à chaque
acte de consommation. Comme il faudra bien que l'État poursuive en même
temps le retour à un équilibre des finances publiques conforme à
la fois aux exigences européennes et à l'allégement de la dette,
la baisse de la TVA est un objectif qui devient lointain. D'autant que l'élection
présidentielle française n'a pas modifié les règles de prise
de décision au niveau européen.
Les 'primes Sarkozy' sur les salaires de la profession ont sans doute de beaux
jours devant elles : après tout, ce n'est pas si mal.
L.
H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3028 Hebdo 10 mai 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE