du 18 mai 2007 |
RESTO CONCEPT |
RENCONTRE AVEC LAURENT CARAUX, CRÉATEUR DE 'EL RANCHO'
Un concept tex-mex entièrement maîtrisé
Saint-Brice-sous-Forêt (95) Laurent Caraux, le fondateur - entre autres - de l'enseigne Pomme de Pain et le créateur de la marque El Rancho, a ouvert la 1re unité de cuisine tex-mex à Melun-Sénart (77) en 1992. Le 20e restaurant vient de voir le jour, en périphérie, à Saint-Brice-sous-Forêt, dans le Val-d'Oise.
Laurent Caraux, à la tête de 20 unités El Rancho. |
L'Hôtellerie
Restauration : Laurent Caraux,
vous êtes aujourd'hui à la tête de El Rancho, la chaîne
française de type restauration mexicaine. Après la réussite de
Pomme de Pain, formule de sandwicherie, comment vous êtes-vous tourné
vers la cuisine tex-mex ?
Laurent Caraux :
J'ai
lancé Pomme de Pain dans les années 1980, qui sont, je vous le rappelle,
les années de la restauration rapide. Je l'ai quitté en 1988. J'ai alors
lancé Aubepain, une nouvelle marque de restauration rapide avec Claude Douillard
(Elitair), qui s'est énormément développée dans les aéroports
et les gares. C'était l'époque où ADP et la SNCF cherchaient des
enseignes pour leurs plateformes. Dans les années 1990 s'est alors produit
le boom de la restauration à thème. J'ai senti l'urgence à développer
une restauration thématique. Après une première expérience avec
la marque Antartica, un restaurant thématique à base de poissons, nous
avons imaginé un concept totalement marketing basé sur de la cuisine mexicaine,
l'idée étant de faire voyager le client au cours d'un repas vers le Mexique,
en travaillant non seulement la cuisine, mais aussi le décor, les meubles,
la décoration, et en utilisant les images emblématiques du pays : la couleur,
le soleil, la chaleur et la gaieté… En 1992, nous avons ouvert le premier
El Rancho à Melun-Sénart dans le centre commercial. Ce fut un succès,
et cela nous a permis de bénéficier de l'effet 'réseau' des centres.
Nous en avons ouvert une dizaine autour de Paris d'une taille moyenne d'environ
250 m2.
Aujourd'hui pourtant, vous ouvrez le 20e
restaurant tex-mex à Saint-Brice-sous-Forêt, dans le Val-d'Oise,
un bâtiment solo. Quelles sont les raisons de ce changement de stratégie ?
Nous réorientons le développement vers
des restaurants indépendants depuis 2000. 3 raisons expliquent nos nouvelles
orientations :
Les loyers des centres commerciaux
qui deviennent totalement prohibitifs, ce qui entrave totalement la rentabilité
du restaurant ;
Par ailleurs, nous nous heurtons
à un problème d'horaires. Les centres ferment vers 22 heures et sont
désertés à partir de cette heure-là. Nous nous privons donc
du service de 22 heures ;
Enfin, nous souhaitions créer
un restaurant en solo et sur fonds propres. En étant totalement indépendants,
ils créent eux-mêmes leur attractivité, d'autant qu'ils sont plus
grands (entre 450 et 500 m2). Mais le véritable avantage est que
nous maîtrisons surtout entièrement le concept. Le premier de ce type
fut celui de Lille-Lhomme, qui est d'ailleurs toujours en progression.
Côté inconvénients,
les investissements ne sont pas les mêmes. Il faut ainsi compter environ 2,2
ME pour un restaurant de ce type (foncier inclus), ce qui signifie que pour être
rentable, le restaurant doit réaliser le même montant en chiffre d'affaires
la première année. C'est possible, car ce type de restaurant distribue
quelque 400 couverts par jour.
Le concept a-t-il évolué avec le temps
?
Certainement. Aujourd'hui, il est totalement maîtrisé.
D'ailleurs, les sondages nous confirment que la marque est maintenant totalement
assimilée à la cuisine
mexicaine. La décoration et l'aménagement intérieur sont totalement
normés. La cuisine, pour sa part, est travaillée avec nos fournisseurs
qui nous livrent des produits élaborés (le guacamole, par exemple), et
une partie de la production consiste à faire de la cuisine d'assemblage.
Actuellement, le prix moyen tourne autour de 19 E.
Quelles sont les lignes de force de El Rancho
?
Il y en a 2 : notre politique de ressources humaines
et notre politique marketing. En matière de ressources humaines, nous souhaitons
avant tout favoriser la promotion interne. Nous avons donc mis en place une politique
de formation qui permet au manager, grâce à un DVD interactif, de faire
progresser son équipe, celle-ci étant évaluée avec un quiz test.
Pour les aider, nous avons d'ailleurs recruté 2 formatrices en salle, et nous
sommes en train de recruter un formateur en cuisine. Par ailleurs, pour les nouveaux
arrivants, nous avons mis en place une journée d'intégration, et nous
distribuons à tout le monde un livret d'accueil. El Rancho joue par ailleurs
la carte de l'intégration au sein de la population locale. Nous venons de signer
avec l'ancien ministre, Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion
de l'égalité des chances, la 'charte de la diversité' qui montre
l'engagement de l'entreprise à veiller à respecter la différence
et la diversité. Nous sommes ainsi fiers de constater que plus de 50 % du personnel
a plus de 5 ans dans l'entreprise, et un quart environ plus de 10 ans. Enfin, pour
créer une émulation entre les
équipes,
nous avons également mis en place un concours interne, le Rancho d'or, d'argent
ou de bronze, qui récompense les meilleures équipes. 4 critères sont
retenus : l'évolution du CA, le résultat de l'audit d'hygiène, le
résultat des visites du client mystère, et le bon niveau des ratios d'exploitation.
Le vainqueur se rend aux États-Unis avec l'équipe dirigeante.
Et la politique marketing ?
C'est notre 2e atout. Nous
sommes en phase avec tous nos objectifs pour tout type de clientèle. Nous avons
également notre joker, qui consiste à proposer 2 cartes différentes,
l'une pour le midi, et l'autre pour le soir. Partant du principe que le critère
principal à midi est la rapidité, nous avons une carte courte proposant
plusieurs menus, quelques plats traditionnels et des salades, le tout servi en 30
mn. Le soir, la carte est plus élaborée : elle fait rentrer le client
dans l'univers mexicain, et nous proposons une série de plats plutôt
à la carte. Le retour sur investissement est important puisque nous avons
un différentiel de 3 E sur le prix moyen entre le midi et le soir.
Quelle est votre politique de développement
pour les années à venir ?
Un développement modéré,
dont 1/3 en franchise et 2/3 en fonds propres, avec une préférence pour
le développement sur fonds propres en Île-de-France et le développement
en franchise sur les autres régions. Nous avons mis au point, dans le cadre
de la franchise, un système de portage destiné à aider les membres
de notre équipe qui souhaiteraient investir dans leur propre restaurant. C'est
la société mère qui assure le portage et abonde en fonds propres
à hauteur d'un tiers dans le capital. À ce jour, nous avons monté
une opération de ce type à Torcy, et nous comptons bien en développer
plusieurs autres. Quant au rythme des ouvertures, il restera modéré, à
raison de 2 à 3 restaurants par an, exclusivement sur l'Hexagone. Nous n'avons
encore rien prévu à l'étranger. zzz22v
El
Rancho en chiffres Volume
d'affaires 2006 Conditions d'accès au réseau
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L'Hôtellerie Restauration n° 3029 Hebdo 18 mai 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE