du 24 mai 2007 |
L'ÉVÉNEMENT |
IL CONCERNE DANS UN PREMIER TEMPS LES DÉTENTEURS DE LICENCES II, III, IV
LE PERMIS D'EXPLOITATION EST ENTRÉ EN VIGUEUR
Le décret d'application du permis d'exploitation des débits de boissons est enfin paru au Journal officiel. Voulu par la profession, ce permis, conçu véritablement comme un "outil de prévention", va permettre aux exploitants d'être mieux armés contre les fermetures administratives. Entre autres.
Sylvie Soubes
Le
permis d'exploitation est un "outil de prévention", destiné aux
exploitants de débit de boissons. Son obtention est liée à une
formation portant sur la législation et la réglementation qui touchent
l'activité. L'objectif recherché a été, dès le début,
le moyen de pouvoir s'opposer au principe des fermetures administratives qui tombent
toujours en amont des jugements, que l'exploitant soit coupable ou non. C'est Jean-Marc
Le Carour qui a lancé l'idée à la fin des années 1990.
À l'époque, le dossier paraît pourtant "trop contraignant"
pour le secteur. Il est surtout "trop novateur" constate le syndicaliste,
qui ne baissera pas les bras pour autant. Membre dissident de la Confédération,
membre fondateur de l'Umih, son élection à la vice-présidence de
la branche des cafés, bars, brasseries de la rue d'Anjou, aux côtés
de Jean-Louis Clauss, lui ouvre de nouvelles perspectives. Jean-Marc Le Carour
saisit alors l'occasion de faire entendre sa voix et défend son projet devant
le directoire de l'Umih qui vote à l'unanimité sa mise en chantier,
et laisse carte blanche au Breton. Le projet est d'autant plus séduisant qu'il
représente désormais un atout de taille pour les bistrotiers : leur offrir
un bouclier réaliste face à la menace omniprésente d'une fermeture
administrative. La bataille est toutefois loin d'être gagnée. Sur le
terrain, les adhérents de l'Umih ont du mal à comprendre l'intérêt
d'une formation, surtout obligatoire… Retour à la case départ
? Non. Sa rencontre avec le député du Vaucluse est un succès. Thierry
Mariani, fidèle défenseur de l'hôtellerie-restauration - il
a
notamment créé et présidé le groupe de l'hôtellerie
et de la restauration de l'Assemblée nationale - prend le relais auprès
du gouvernement, et devient notamment, en 2003, le seul à réussir à
faire bouger une disposition sur les fermetures administratives qui date de 1942…
Son ambition ? Que les exploitants de cafés puissent s'exprimer et se défendre.
Le ministre de l'Intérieur s'appelle alors Nicolas Sarkozy. Le permis,
de son côté, est encore loin d'aboutir, mais, et ce sera sa nouvelle
force désormais, les principales organisations patronales travaillent de concert
pour son aboutissement. Baptisé "permis d'exploitation", son principe
est officialisé dans le cadre de l'article 23 de la loi relative à l'égalité
des chances du 31 mars 2006. "Ce texte avait déjà été adopté
à l'unanimité le 26 février 2004 dans le cadre du projet de loi
relatif aux responsabilités locales, et ce n'est qu'en raison de l'obstruction
parlementaire de l'opposition, lors de la 2e lecture de ce texte, que
mon amendement n'avait pas été retenu lors de l'utilisation de l'article
49, alinéa 3, de la constitution. Cette fois-ci, mon amendement a pu aller
jusqu'au bout de la procédure parlementaire et devenir réalité",
se réjouit alors Thierry Mariani. Étape suivante : son décret d'application,
paru au Journal officiel du 16 mai 2007, avec 2 mois de retard sur le calendrier.
Pour Thierry Mariani, rien de méchant. L'enjeu est beaucoup plus important.
"C'est un changement de culture qui se met en place. Ça fait 3 ans et
demi de boulot, mais surtout, ce permis a montré que les gens pouvaient s'investir
ensemble et dans un projet où ils revendiquaient leurs responsabilités."
La grande force de ce permis étant effectivement dans sa philosophie : la connaissance
de la loi pour mieux la respecter et mieux se faire respecter des pouvoirs publics.
L'Upih a effectué 1 des 3 sessions test. Pour Christian Navet, président de l'Union patronale (Umih), ce permis "va éviter des fermetures administratives, et c'est ce qu'il faut avoir en tête. La formation porte sur les horaires, les affichages obligatoires, les problèmes de drogue… Il ne faut surtout pas voir ça comme une contrainte supplémentaire, mais bel et bien comme un outil de prévention… Aujourd'hui, nous avons prévu pour l'Île-de-France une série de sessions qui devraient débuter rapidement. Nous attendons bien sûr la parution au Journal officiel de la liste des établissements agréés pour lancer nos formations. Cela devrait se faire rapidement. Nous allons toutefois commencer un peu à l'aveuglette car nous ne savons pas combien de participants nous allons avoir. Sachant que le texte prévoit une formation de 3 jours pour les exploitants ayant moins de 10 ans d'activité et une formation de 1 jour pour ceux ayant 10 ans révolus. Si nous démarrons par Paris, il y aura, à terme, des sessions dans chaque département d'Île-de-France, et pour des raisons pratiques, si une date ne convient pas à un exploitant, il pourra suivre une session dans un autre département de l'Île-de-France puisque la formation délivrée comprendra l'ensemble des dispositions applicables en Île-de-France. Je vous rappelle que la formation va comporter des spécificités locales qui vont permettre de bien comprendre et de bien appréhender l'activité." Au terme de chaque formation, l'Upih va distribuer aux participants un guide pratique de la création et de la reprise d'entreprise. Un ouvrage qui évoque aussi bien les démarches à effectuer pour enregistrer son entreprise que l'établissement d'un dossier de crédit, ou encore, la protection sociale. Intéressant.
Côté Synhorcat, les atouts à retenir : "Cette formation obligatoire, d'une durée au minimum de 20 heures et répartie sur 3 jours, donne lieu à la délivrance d'un permis d'exploitation valable 10 ans. À l'issue de cette période, la participation à une formation de mise à jour des connaissances, d'une durée au minimum de 6 heures, permet de prolonger la validité du permis pour une nouvelle période de 10 années. Au terme de cette formation, les exploitants doivent avoir une connaissance, notamment, sur toutes les dispositions légales relatives à la prévention, la lutte contre l'alcoolisme, la protection des mineurs et la répression de l'ivresse publique, mais aussi, de la législation sur les stupéfiants. Cette formation vise, depuis le 2 avril 2007, les personnes déclarant l'ouverture, la mutation, la translation ou le transfert d'un débit de boissons à consommer sur place de 2e, 3e et 4e catégories, et au 2 avril 2009, elle sera ouverte à toute personne déclarant un établissement pourvu de la petite licence restaurant ou de la licence restaurant." "Ce permis constitue le moyen pour l'exploitant de connaître l'étendue de ses obligations, mais aussi, de ses droits. Il lui permet de ne pas être sanctionné pour avoir enfreint des lois dont il ignorait l'existence. C'est l'outil idéal pour que l'exploitation d'un établissement se fasse dans de bonnes conditions et acquérir une crédibilité face à l'administration", précise Hervé Dijols, vice-président du Synhorcat.
Pour la CPIH : Moderne, le président national de la CPIH, Jean-François Girault, a annoncé, dès jeudi matin, à l'ensemble de ses présidents et responsables départements par SMS, la parution du décret. Ses commentaires à chaud : "Ce décret était attendu depuis déjà quelques mois, et nous ne pouvons que nous féliciter de sa publication. Pour sa part, la CPIH a créé un organisme CPIH Formation pour assurer cette formation. Comme pour l'ensemble des organismes de formation susceptibles de proposer cette formation, nous sommes désormais dans l'attente de la délivrance de l'agrément que nous sommes, avec la publication de ce texte, en mesure de demander. Les premières formations sont donc soumises à la délivrance des agréments aux organismes de formation, ce qui risque de nécessiter encore quelques semaines. À l'heure actuelle, ces formations ne peuvent donc pas être assurées dans la mesure où aucun organisme n'a obtenu l'agrément nécessaire à la tenue de ces stages. Dès cette formalité accomplie, CPIH Formation sera en mesure de fonctionner sur l'ensemble des départements dans lesquels la CPIH est implantée. Pour la CPIH, cette formation constitue une avancée significative vis-à-vis des professionnels qui recevront ainsi, avant leur installation, une formation relative aux responsabilités mises à leur charge par les dispositions du Code de la santé publique. Ces responsabilités sont importantes et complexes, il est bon qu'ils les connaissent, cela leur permettra sûrement d'éviter certains désagréments." zzz26v
Texte
du décret d'application du permis d'exploitation
JO n° 113 du 16 mai 2007 page 9
183 texte n° 66 - Ministère de l'Intérieur et de l'Aménagement
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L'Hôtellerie Restauration n° 3030 Hebdo 24 mai 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE