du 27 décembre 2007 |
RESTAURATION |
Complément d'article
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le chef du Jules Verne
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UNE NOUVELLE ÈRE POUR LE JULES VERNE
ALAIN DUCASSE À LA TOUR EIFFEL
Paris (VIIe) Alain Ducasse a tenu les délais et a inauguré, samedi 22 décembre au soir, Le Jules Verne, restaurant situé au 2e étage de la tour Eiffel. Pas si simple de s'installer à 125 m du sol dans un espace non extensible et aux contraintes multiples.
Par Nadine Lemoine
Reportages vidéos : Cécile Charpentier
Un ascenseur privé pour atteindre le nouveau Jules Verne, au 2e étage de la tour Eiffel. |
En
février 2007, Alain Ducasse appelle Pascal Féraud, jeune
chef de 34 ans, passé par l'école du Louis XV à Monaco, en poste
à Londres :
- "Comment ça se passe à Londres
?
- Bien chef.
- La tour Eiffel, Le Jules Verne, ça
te dit ?
[Après un blanc de trois secondes]
- Ça m'intéresse chef.
- Tu veux la place ?
- Oui, chef.
- Achète tes billets, tu viens
dans quinze jours."
Un coup de fil important pour Pascal
Féraud. Un appel comme Alain Ducasse en passe fréquemment. "On ne prend
aucun chef ni second à l'extérieur, et je gère leur carrière
moi-même, explique-t-il. Quand je les appelle pour leur proposer un
poste, il me faut la réponse dans la journée, mais avant la fin de l'appel,
c'est mieux !"
L'histoire a commencé en novembre
2006 lorsque la Société d'exploitation de la tour Eiffel (Sete) a voté
à l'unanimité pour le projet présenté conjointement par le
Groupe Alain Ducasse et L'Affiche (filiale de Sodexho) pour la gestion du Jules
Verne, de la brasserie et des différents points de restauration (contrat sur
neuf ans). "L'un sans l'autre, nous n'aurions pas décroché ce contrat,
reconnaît Alain Ducasse. Mais là, nous avons présenté
ensemble la meilleure proposition, fruit d'une vraie expertise. C'est aussi notre
forte implication qui a plu à la Sete. L'idée, c'est de faire un restaurant
d'aujourd'hui, un lieu juste, en harmonie avec la tour Eiffel. Un concentré
de la France d'aujourd'hui. Le moment passé ici doit rester un souvenir unique
pour nos clients." Dix-sept mois d'étude, dont onze mois de développement
et quatre mois de travaux… et Le Jules Verne a ouvert ses portes le 22 décembre.
Les réservations sont prises sur deux mois, "mais en gardant de la place pour les Parisiens qui viennent découvrir le restaurant", précise Alain Ducasse. |
L'assiette de présentation imaginée par Pierre Tachon : un clin d'oeil à la tour Eiffel, et les couverts-baguettes du designer portugais Paulo Vale. | 120 places assises à 125 m du sol avec vue sur tout Paris. |
Deux cuisines
Un ascenseur privé
mène au restaurant. Les portes s'ouvrent, et une ouverture rectangulaire dans
le mur, puits de lumière, attire le regard. C'est la cuisine. La brigade est
là, derrière le passe lumineux qui change de couleur. Une belle surprise
pour le client (la cuisine n'est visible que de cet endroit). Un challenge technique
pour les concepteurs. Un restaurant à 125 m du sol, dans un monument visité
par près de 7 millions de personnes chaque année, c'est multiplier les
contraintes d'espace, de poids, de sécurité… Il a fallu plusieurs
semaines pour vider tout ce qui se trouvait dans l'ancien Jules Verne par le monte-charge
et réaliser l'opération inverse avec l'équipement réalisé
sur mesure.
"On a une cave et une cuisine
de 85 m2 sous le Champ-de-Mars à 200 m de la tour Eiffel qui nous
permettent d'effectuer les préparations 'sales'. Écailler les poissons
et enlever la terre des poireaux au 2e étage de la tour Eiffel,
ça n'a aucun intérêt, explique Alain Ducasse. En haut,
c'est la cuisine 'chaude' pour mijoter, cuisiner. On a vraiment un outil extraordinaire."
Une fois l'accueil passé,
trois salles se succèdent, soit un total de 120 places. La décoration,
sobre et chic, est signée Patrick Jouin. Le spectacle, c'est surtout
la vue sur la Capitale. "Le client ne voit que la table, pas le service. Tout
est caché. Pas de guéridon, de seau à glace qui traîne…",
s'exclame Alain Ducasse. C'est derrière le mur nid-d'abeilles que le client
pourra deviner avec le ballet des silhouettes, que l'on ne se repose pas en coulisses,
dans cette coursive aménagée dans les moindres détails pour une efficacité
millimétrée. En salle, même chose : le rangement au cordeau qui
répond au design épuré de la table. L'assiette de présentation
signée Pierre Tachon, un clin d'oeil à la tour Eiffel, les couverts-baguettes
en argent du Portugais Paulo Vale, une lampe boule, un service poivre et
sel.
La cuisine, "française contemporaine
en harmonie avec son temps", est réalisée par Pascal Féraud :
Pavé de bar façon Dugléré, Grenadin de veau rôti au
sautoir, Volaille de Bresse en fricassée d'écrevisses… 14 plats,
6 desserts. Un menu à 75 E au déjeuner, de 155 à 190 E (dégustation)
au dîner. Le restaurant
est ouvert tous les jours. "Il y aura sûrement un petit service supplémentaire
le soir pour les étrangers qui sont habitués à manger tôt",
estime Alain Ducasse.
Frédéric Rouen dirige la salle,
secondé par Francis Coulon. La sommellerie est confiée à
Grégory Moreau et Roberto Amadei. Gérard Margeon,
chef sommelier du groupe, a élaboré une carte des vins 100 % hexagonale.
Pour les desserts, le chef pâtissier Jean-Baptiste Priolet a travaillé
la carte avec Nicolas Berger, chef pâtissier exécutif du groupe."Comme
pour chaque ouverture, j'ai 60 % d'anciens et 40 % de nouveaux. C'est un bon mix,
dit Alain Ducasse. Nous n'avons aucun problème de recrutement. Il faut
donner de l'ambition et faciliter les évolutions de carrière. J'ai plein
de seconds de grande qualité, il faut bien que j'ouvre des restaurants pour
leur donner une place de chef et pour les garder…" Le Groupe Alain Ducasse
réalise en moyenne 3 à 4 ouvertures par an. Les prochaines ? C'est Adour
au San Régis qui ouvrira ses portes le 28 janvier et un Benoît en avril
2008. zzz22v
Le
Jules Verne
Tél. : 08 26 10 01 97
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