du 13 mars 2008 |
ÉDITO |
Contradictions
Il devient de plus
en plus difficile de suivre l'évolution législative en matière de
droit du travail, tant les textes se succèdent à un rythme de plus en
plus rapide, créant parfois une incertitude juridique qui ne facilite pas la
gestion de l'entreprise.
Dernier exemple en date : la fin du CNE, ce fameux contrat nouvelles
embauches qui ne devait pas être complètement inutile puisque plusieurs
milliers d'entre eux ont été signés depuis son lancement il y a moins
de deux ans. Sans revenir sur un dispositif qui allait dans le sens, indispensable
aujourd'hui, de la flexibilité dans les relations du travail, il faut néanmoins
regretter que des raisons purement idéologiques ont conduit syndicalistes et
magistrats à dénaturer le sens de ce contrat au point qu'il n'est plus
possible de l'utiliser.
Et comme conservatisme et démagogie font bon ménage
dans notre douce France, le Gouvernement n'a pas hésité à annoncer,
dès la semaine dernière, la fin du CNE, afin de complaire aux pleureuses
patentées de la CGT relayées comme il se doit par des médias qui
préfèrent l'incantation à l'analyse. Il est vrai que c'est moins
fatigant pour les neurones.
Tout cela prêterait à rire si, dans le même
temps, les pouvoirs publics n'avaient cru bon de se gargariser, à juste titre
il est vrai, des chiffres publiés par l'Insee sur le chômage.
Avec 7,8 % de la population active à la recherche d'un
emploi, la France réalise sa meilleure performance depuis… 1983, sans
qu'aucun de nos gouvernants ne s'interroge sur les causes réelles de cette
bonne nouvelle. Certes, tous les dispositifs législatifs de la création
ne feront jamais une bonne ou une mauvaise conjoncture, car l'économie, et
c'est heureux, ne se décrète pas. Où en serions-nous, en effet, s'il
suffisait d'édicter des règlements pour faire avancer les choses ? On
a vu naguère les ravages de 'l'économie administrée' pour ne pas
y revenir.
Mais l'autosatisfaction ne suffit pas non plus pour assurer l'avenir.
Se congratuler de la baisse spectaculaire du chômage et souhaiter que la tendance
s'accélère est tout naturel.
Avec l'objectif d'atteindre un taux de chômage de 5 % d'ici
à 2012, le Gouvernement se fixe une échéance politiquement explicable
qui devra s'accompagner de sérieuses révisions de nos relations du travail
si l'on veut éviter les difficultés que connaissent déjà certaines
professions, dont l'hôtellerie-restauration, qui peinent à recruter
un personnel qualifié.
Pas besoin d'être un statisticien éminent pour savoir
qu'en dessous de 5 % de chômage, c'est un quasi plein emploi, certes satisfaisant,
mais générateur de surchauffe, et donc d'inflation si les relations du
travail ne sont pas suffisamment fluides. Et de ce côté-là, il
y a encore beaucoup à faire dans notre pays où le conservatisme syndical
semble avoir encore de beaux jours, ce qui ne pourra que se retourner contre ceux
qu'il prétend défendre.
Quatre ans ne seront pas de trop pour débarrasser l'économie
française des entraves qui l'empêchent de lutter à armes égales
avec ses concurrents. D'autant que la mondialisation, dont il est inutile de se
demander si l'on est pour ou contre, joue pour les pays qui acceptent d'affronter
le vent du large, pas en faveur des adeptes d'un protectionnisme stérilisant.
L.
H. zzz80
Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 3072 Hebdo 13 mars 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE