du 27 mars 2008 |
RESTAURATION |
INSPIRATIONS D'ICI ET D'AILLEURS...
Échange franco-japonais à l'école Ferrandi
Paris (VIe) Pascal Barbot, le jeune chef 3 étoiles de L'Astrance à Paris, a animé un atelier de cuisine franco-japonaise, organisé par l'Académie de cuisine japonaise présidée Yoshihiro Murata, du restaurant Kikunoi à Kyoto. Échanges passionnants.
Pascal Barbot. | Yoshihiro Murata. |
Le
wasabi, le thé Matcha et le yuzu étaient à l'honneur lors de l'atelier
de cuisine franco-japonaise organisé le 17 mars à l'école Grégoire
Ferrandi. Les démonstrations de chefs des deux pays étaient suivies de
dégustations, le tout commenté par Pascal Barbot, chef de l'Astrance
à Paris, et agrémenté des connaissances de Yoshihiro Murata,
chef du Kikunoi à Kyoto.
Le wasabi, tubercule de la famille des ignames
et pommes de terre, servait autrefois davantage pour stériliser le poisson
qu'en tant que condiment. Ses fleurs blanches sont également consommées
avec sa tige après cuisson. Pour travailler la racine fraîche, les chefs
ont employé la râpe à wasabi traditionnelle qui est recouverte
de peau de requin.
Christophe
Pelé, chef du Royal Monceau à Paris, a ouvert cette exhibition en
présentant un Tartare de noix de Saint-Jacques en marinade de granny smith
au wasabi frais et nougat d'amandes. Il fut suivi par Takeshi Kuroyanagi,
chef du Mugitoro à Aichi. Pour exécuter son Rouleau de légumes
avec saumon et céleri-rave, chips de légumes au wasabi, il a réalisé
un mélange de tubercule frais et de tubercule en poudre. Ce dernier est un
produit contenant également du raifort, notre wasabi occidental.
Le thé Matcha, une sensation
de verdure
Deuxième produit à
l'honneur, le thé Matcha est en fait une sélection des plus jeunes feuilles
de thé vert tamisées
puis réduites en poudre. Il a la particularité de se consommer non pas
infusé, mais directement dilué dans l'eau chaude et il offre une véritable
sensation de verdure. Pascal Barbot souligne que le thé vert Matcha est très
présent dans la culture des pâtisseries japonaises. Cependant, lors de
l'atelier, les chefs ont opté pour des élaborations salées.
Éric Briffard, Le Régence à
Paris, démarra cette démonstration. Dans son amuse-bouche, Caillé
de brebis glacé au thé Matcha, Barba Juan à la provençale,
le chef a choisi de démontrer une application du thé Matcha sans cuisson.
Un mélange audacieux entre un aliment nippon francisé au sein d'une préparation
méridionale.
Hideki Shimoguchi, Chikurin
à Kyoto, a réalisé un Surinagashi de Maccha-dofu et Maccha-miso-dengaku
de foie gras. Selon lui, le thé Matcha s'accorde bien avec le foie gras car
il détient la capacité d'atténuer le gras en bouche. Au Japon, le
tofu mixé avec du thé Matcha est un accord évident qui sert de sauce
aux plats.
Le yuzu, salé ou sucré
Le yuzu, agrume japonais,
ne se consomme pas en tant que fruit car sa chair est bien trop acide. Au Japon,
on le cuisine à différents stades de son développement, car il
peut déjà être prélevé encore vert sur l'arbre. Son
zeste, son jus, ses fleurs, voire même les germes de ses pépins, sont
couramment utilisés au sein de la cuisine nippone pour des préparations
salées comme sucrées.
Nobuhisa Yoshida, restaurant
Shuhaku à Kyoto, a choisi de traiter à la fois la chair et le zeste
du yuzu, mais également quelques pétales de la fleur d'agrume en fin de
dressage dans son Yuzu-miso-katsu de langoustines, oursins et petites clovisses
au wasabi, avec Ken de wasabi, de yuzu et de céleri-rave. Il nous expliqua
que la julienne de céleri-rave plongée quelques instants dans de l'eau
glacée, permettait de désolidariser les fines lamelles qui prenaient alors
une jolie forme recourbée.
Fabrice Biasolo, Une Auberge
en Gascogne à Astaffort, a présenté son Tartare d'asperges vertes,
eau de poulet rôti, hollandaise au yuzu et une touche de réglisse. L'eau
de poulet rôti est une expérimentation très récente du chef
qui n'est pas sans rappeler le principe du dashi, un bouillon japonais à
l'équilibre complexe, réalisé suivant une forme d'extraction de certains
aliments apportant la fameuse saveur 'umami' (la 5e saveur après
le salé, le sucré, l'amer et l'acide, découverte au début du
XXe siècle).
Cette rencontre culinaire franco-japonaise
a permis d'appréhender la technique, la sensibilité et l'approche de ces
produits par ces 6 chefs, à travers deux nationalités. Un échange
instructif.
Tiphaine
Campet zzz22v
Article précédent - Article suivant
Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 3074 Hebdo 27 mars 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE