du 27 mars 2008 |
ÉDITO |
Valse à trois temps
Il fut naguère
de bon ton de déplorer l'instabilité ministérielle de la IVe
République fort heureusement remplacée par la Constitution de 1958 censée
garantir la durée indispensable à l'action gouvernementale. Certes,
mais cette appréciation mérite d'être nuancée selon les secteurs
d'activité, certains ayant tendance à un mouvement de perpétuel
balancier au gré de circonstances plus politiciennes que véritablement
stratégiques.
Inutile de se voiler la face, le tourisme pris dans son sens compréhensif
fait systématiquement parti des 'variables d'ajustement' de tout remaniement
ministériel. Il serait révélateur qu'un historien des institutions
analyse, ne serait-ce que depuis vingt ans, le nombre de détenteurs du
portefeuille comparé à celui des PME ou des Anciens combattants, pour
ne rester que dans le registre 'non régalien' selon le langage consacré.
Mais contentons-nous de constater l'instant présent ou
presque : en moins d'un an, la profession en est à son… troisième
ministre ou secrétaire d'État chargé des problèmes du
tourisme. Certes, le quinquennat qui s'est achevé en 2007 s'était
révélé particulièrement stable pour les métiers d'accueil
qui ont bénéficié pendant cinq ans du même ministre dit
de 'plein exercice' dont l'oeuvre en faveur des professions concernées ne marquera
peut-être pas l'histoire. Passons.
Cette tranquille pérennité aurait pu faire espérer
enfin une considération au plus haut niveau qui aurait fait sortir le tourisme
de son statut d'activité secondaire pour être enfin reconnu à
la hauteur de son apport à l'économie nationale, en termes d'emploi,
de fiscalité, d'investissement, ou d'équilibre des comptes extérieurs.
Il faut croire que les clichés de l'ancien temps ont la vie dure et que
l'image de métier 'tertiaire' peu valorisé, quand ce n'est pas la
déplorable expression de l'initiatrice des 35 heures dont on connaît
tout le bien qu'elles apportèrent à notre compétitivité, 'les
petits boulots', est aujourd'hui encore prégnante auprès de 'l'élite'
bureaucratique de notre beau pays.
Bon, comme il vaut mieux 'positiver' les circonstances présentes,
il faut donc que la profession poursuive auprès de M. Novelli, nouveau responsable
ministériel en charge du Tourisme, l'action entamée avec son prédécesseur
Luc Chatel, promu à de nouvelles fonctions en raison de sa belle performance
aux municipales. Et notamment en matière de réforme des normes de classement
des hébergements touristiques dont il est temps à la fois de fixer une
ligne claire et d'écarter quelques élucubrations qui polluent le débat
sans rien apporter de constructif. De quoi alimenter les 'Assises du tourisme' engagées
par M. Chatel et prévues pour le mois de juin, c'est-à-dire demain.
Sans oublier le renouveau d'une espérance de la baisse de la TVA à l'heure où la France va prendre
la présidence de l'Union européenne pour la brève durée d'un
semestre. Voilà en tout cas un beau programme de discussion pour les
dirigeants des organisations professionnelles qui ne manqueront pas d'éclairer
la lanterne d'Hervé Novelli, nouveau secrétaire d'État au Tourisme,
dont il ne faut pas oublier non plus qu'il est également en charge du Commerce,
de l'Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises et des Services. Sans douter
des capacités gouvernementales d'un ministre qui fut dirigeant d'entreprise,
ses multiples responsabilités exigent forcément de la part de ses interlocuteurs
à la fois persuasion, esprit de synthèse, unité d'action et détermination
dans la défense de dossiers argumentés. Là aussi, une vraie valse
à trois temps.
L.
H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3074 Hebdo 27 mars 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE