du 24 avril 2008 |
ÉDITO |
Incohérence administrative
Réussir
à faire partager le même point de vue à André Daguin,
à Didier Chenet, et à la CGT, il n'y a que l'administration française
capable d'un tel exploit (parmi d'autres, hélas) à propos du statut
des salariés en situation irrégulière ! Encore une fois, les
pouvoirs publics ont attendu qu'une crise éclate au grand jour pour envisager,
enfin, une solution satisfaisante à la fois pour les employeurs, les
salariés et le respect des règles sur l'immigration.
Car le phénomène
n'est pas nouveau, et des contentieux ont déjà éclaté
à grands renforts de médiatisation, tant il est vrai que l'observateur
le mieux disposé à l'égard du pouvoir ne peut qu'hésiter entre
Kafka et Ubu.
Depuis plusieurs années, le secteur de l'hôtellerie-restauration
fait partie des métiers 'en tension', selon l'expression consacrée, pour
trouver le personnel dont il a besoin. Et face à une pénurie
dont les causes sont multiples, l'embauche d'immigrés en situation irrégulière
s'est développée sans grande difficulté, malgré les dérives
que provoque toute transgression de la loi.
Avec, il ne faut pas l'oublier, une
tolérance proche d'une coupable complicité de la part des organismes de
collecte des cotisations sociales comme du fisc, les employeurs payant leurs cotisations,
les salariés également, qui, en outre, sont priés, papiers ou pas,
de s'acquitter de l'impôt sur le revenu.
On comprend, sans être
dupe de l'instrumentalisation sous-jacente d'une détresse humaine, les arguments
de la CGT qui dénonce la duplicité de l'administration face au problème.
Duplicité renforcée par une circulaire de juillet dernier, qui exige
des employeurs de faire vérifier la régularité des documents présentés
par leurs salariés étrangers, et donc, de dénoncer les irrégularités
et… de licencier les intéressés, au fait, pour quel motif ? D'où
la demande du président de l'Umih de régulariser tous les salariés
concernés, dont il estime le nombre à 50 000.
De son côté, M. Xavier Bertrand, ministre du Travail,
s'en tenant à la ligne gouvernementale, a annoncé un examen "au
cas par cas" des demandes de régularisation. Autant dire que la question
risque de ne pas être résolue dans de brefs délais.
Il est évident que les pouvoirs publics ne peuvent faire
preuve de laxisme à l'heure où l'immigration clandestine est un
fléau planétaire, dont les principales victimes sont les immigrants dont
le nombre, malheureusement, est appelé à exploser si la 'crise alimentaire'
perdure dans de nombreux pays. Mais il est impossible d'ignorer les 'tensions' sur
le marché du travail dans la profession. Il n'est que temps qu'une solution négociée
entre représentants des organisations professionnelles,
des salariés et des pouvoirs publics, soit adoptée dans
un souci de clarté, d'efficacité et d'équité.
L. H.
zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3078 Hebdo 24 avril 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE