du 25 septembre 2008 |
EN DIRECT DU BRÉSIL |
GRÂCE À UNE "CUISINE D'INTONATION BRÉSILIENNE MARQUÉE PAR LA MÉTHODOLOGIE FRANÇAISE"
LAURENT SUAUDEAU, LE CHEF AUX MULTIPLES TALENTS
L'élève de Paul Bocuse a tracé son chemin au Brésil, depuis son arrivée en 1980. Maître cuisinier de France depuis 2004, il diversifie ses activités et s'investit tout particulièrement dans la formation, à travers son école des arts culinaires.
Laurent Suaudeau. |
Chef,
consultant, fondateur d'une école culinaire, auteur, créateur d'une franchise
de glaces à l'italienne… Laurent Suaudeau mène sa carrière
en fonction de ses coups de coeur. Pourtant, ce ne fut pas "l'amour au premier
regard", entre le Brésil et lui. "Paul Bocuse m'a envoyé
à Rio de Janeiro en 1980, comme chef assistant au Saint-Honoré, le restaurant
du Méridien. C'était difficile de se retrouver dans un restaurant où les
produits étaient très limités", se souvient-il. Après quelques
mois, il explore les marchés locaux et invente, avec Claude Troisgros,
une "cuisine d'intonation brésilienne marquée par la méthodologie
française" qui deviendra sa marque de fabrique. Le jeune homme prend
rapidement la tête du restaurant, avant de se mettre à son compte en
1986. Il ouvre le Laurent - une cinquantaine de couverts et une trentaine d'employés
- à Rio, puis implante son enseigne dans la 'capitale gastronomique du pays',
São Paulo.
L'an 2000 marque un tournant dans sa
carrière : l'école des arts culinaires Laurent, "un rêve de longue
date", voit le jour à São Paulo. Chaque année, quelque 250
participants suivent des modules d'une semaine portant sur des thématiques
aussi variées que les volailles, les légumes, la boulangerie-pâtisserie,
la cuisson sous vide… "Au Brésil, les formations en restauration sont
un grand business. Elles sont chères et leurs professeurs n'ont jamais travaillé
dans un restaurant. Les enseignements théoriques peuvent être intéressants,
mais sur le plan pratique, c'est à revoir", estime-t-il. Le chef prend
donc le contre-pied de l'enseignement brésilien en proposant un travail de
démonstration autour du fourneau, et en inculquant des valeurs qui lui sont
chères. "Ici, notre métier est devenu du grand glamour. L'image du
maître n'existe pas. On oublie que notre profession, c'est une discipline,
le respect, la transmission des connaissances", déclare celui qui a fait
ses armes auprès de Jean Guérin, Michel Guérard, Jean Ramet
et Paul Bocuse. 80 % des élèves inscrits à l'école Laurent
sont des professionnels du secteur. Mais l'objectif est de créer à terme
une école professionnalisante avec des sessions de six mois à un an.
Des projets plein la tête
En parallèle, Laurent
Suaudeau continue d'exercer ses talents de chef au sein de l'Espace culturel Laurent, un lieu VIP destiné à
des réceptions d'une vingtaine de personnes. Il s'est également fait plaisir
en ouvrant, en octobre dernier, une boutique de glaces élaborées selon
la méthode italienne, Vipiteno. Il y propose 24 saveurs, des plus classiques
aux plus originales, comme la coupe Carioca (gelée à base de bière,
glace au pain d'épices et émulsion à la bière), la coupe Figue
balsamique (purée de figues, sorbet de figues aux noix et extrait de vinaigre
balsamique) ou encore la Concombre vodka.
À 51 ans, le chef bouillonne de projets
: développer la franchise Vipiteno, publier un troisième ouvrage, ouvrir
un restaurant Laurent dans un resort de luxe en 2009, et surtout, mettre en place
un système d'apprentissage au Brésil. "Je suis fils d'ouvrier. Si je
n'avais pas eu la chance d'être né dans un pays comme la France et de
suivre un apprentissage, je n'en serais pas là. Parmi les gens que j'ai formés
ici, il y a
des cas extraordinaires. Par exemple ce gamin de 19 ans, analphabète,
qui a commencé à la plonge dans mon restaurant à Rio. Il avait
une arme à la ceinture car le soir, il rentrait à la favela et avait
peur de se faire descendre. Il s'est présenté au Bocuse d'or et a obtenu
la dixième position. Aujourd'hui, il dirige trois restaurants au nord du Brésil",
raconte-t-il. Laurent Suaudeau entend
convaincre
les autorités brésilienne et française de subventionner son projet.
Pour que cuisine rime avec intégration.
Violaine Brissart
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laurent.com.br
vipiteno.com.br
Le Brésil au Sial 2008
Au mois d'octobre prochain, Laurent Suaudeau participera au Sial Paris. Au sein du pavillon Brésil, il servira quelques plats à base de produits typiquement brésiliens. L'occasion de découvrir des saveurs exotiques comme le tambaqui, le jabuticaba ou le bacuri.
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L'Hôtellerie Restauration n° 3100 Hebdo 25 septembre 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE