La réalité semble dépasser la fiction. La marque hôtelière lifestyle Leven, basée à Manchester (Grande-Bretagne), a annoncé que son deuxième établissement se situerait à Decentraland : dans cet univers parallèle, les utilisateurs pourront rencontrer leurs pairs sous forme d’avatars, ou participer à des événements bien-être. Aux États-Unis, chez Roomza, les hôtels physiques se contenteront de proposer des chambres : tous les espaces communs, quant à eux, seront déployés dans le métavers. De son côté, la chaîne néerlandaise citizenM a acheté un terrain dans le métavers créé par le jeu vidéo The Sandbox, afin d’y construire un hôtel virtuel. La vente de NFT (actifs numériques certifiés) attachés à des œuvres d'art numérique finance le projet, tandis que les 2 000 acquéreurs se verront offrir des récompenses échangeables dans les hôtels citizenM de leur choix. Bienvenue dans le métavers.
Une offre de consommation disruptive
Coût, pollution numérique, nombre d’utilisateurs restreint, réglementation du marché, confidentialité des données, collecte ou encore stockage d’informations : les freins sont actuellement nombreux. Mais pour Romain Lecomte, manager chez KPMG Hospitality, cette technologie est promise à un bel avenir : “Le métavers dans le secteur du tourisme en est encore à ses prémices, cependant, il pourrait d’ici quelques années représenter un outil de promotion puissant, ainsi qu’une nouvelle offre de consommation totalement disruptive”, prévoit l’expert dans l’étude 'L’industrie hôtelière française en 2022'.
Améliorer l'expérience client
Le métavers présente en effet de multiples possibilités. Grâce à la création d’un jumeau numérique, les futurs clients effectuent des visites virtuelles de l’établissement en amont, ce qui doperait les ventes incitatives. Sur place, il est possible de suggérer à la clientèle des itinéraires virtuels personnalisés (attractions, musées…). L’expérience peut se prolonger via des services virtuels (coaching sportif, rencontre dans le lounge entre avatars du monde entier…). Le métavers permet donc de renforcer l’image de marque de l’établissement et la fidélisation : en participant à des activités dans le métavers, les clients peuvent bénéficier de récompenses, de codes promotionnels...
Les voyages d'affaires du futur ?
Pour les entreprises, le métavers offre un cadre pour améliorer des événements, accueillir des lieux de réunion ou des espaces de coworking… D’après Euromonitor, 12 % des voyages d'affaires auront lieu dans le métavers en 2027, ce qui réduirait à la fois l'impact environnemental et les frais de déplacement.
Séduire les investisseurs
Selon Joanne Dreyfus, associée transport, hospitalité et services chez Deloitte, le métavers va bien au-delà d’un simple atout marketing : “Si les plans virtuels de l’hôtel sont de très bonne qualité, ils seront utiles pour tout le business. Lors de la construction d’un hôtel, le digital twin [jumeau numérique, NDLR] permet d’accéder au projet et de donner son avis sans aller physiquement sur le site. On peut ainsi facilement présenter le projet et séduire de nouveaux investisseurs.”
Former les équipes
Côté ressources humaines, cet outil pourrait aider à attirer les jeunes talents, servir de support pour les formations ou l’intégration des équipes. “Avec le digital twin, on peut faire un programme d’onboarding avant même que les employés arrivent dans l’établissement : ils se repèrent, voient l’ambiance du restaurant… Pour les formations, Sodexo utilise déjà le métavers pour ce qui est santé et sécurité, les gestes qu’on doit faire ou ne pas faire. C’est beaucoup plus pertinent que de montrer un Powerpoint”, poursuit-elle.
Faciliter la maintenance
Le métavers aurait aussi un intérêt en termes de maintenance : “S’il y a des problèmes d’électricité ou de plomberie, il n’y a plus besoin d’avoir des experts sur place. Avec le digital twin, un service central de maintenance est capable de guider quelqu’un dans l’hôtel pour comprendre le problème et intervenir.” Un véritable couteau suisse.
#Métavers#
Publié par Violaine BRISSART