"Mon grand-père était dans la marine et aimait bien passer ses vacances loin de la mer. C’est comme ça qu’il est arrivé à Chamonix", sourit Martin Devictor, qui a, depuis toujours, passé ses étés dans la station. Aujourd’hui, la ville est devenue le siège social de son groupe hôtelier, Mont-Blanc Collection. Une reconversion pour ce quadragénaire qui, après la bulle internet et la finance, s’est “pris de passion pour l’accueil et l’hébergement”. “Nous avons créé avec mon frère et mes sœurs les Chalets des Liarets, une location meublée avec services hôteliers, à Chamonix. J’ai alors fait la rencontre de Romain Trollet : nous nous sommes associés pour lancer en 2011 Le Faucigny, un boutique-hôtel de 28 chambres au style scandinave, hébergé en plein centre-ville, dans une maison ancienne. Nous avions des profils complémentaires. Lui s’occupait de la partie hôtellerie, moi de la finance”, raconte-t-il.
Mais rapidement, Romain Trollet monte son groupe, Assas Hôtels, et Martin Devictor décide de voler lui aussi de ses propres ailes. Il rachète les parts de son ex-associé et crée sa société en 2016. Dans la foulée, il diversifie son offre en ouvrant un appart-hôtel de charme, le Genepy, et l’année suivante, un chalet spa de dix chambres, le Whymper. Son groupe atteint ainsi une capacité d’hébergement d’une cinquantaine de chambres au cœur de Chamonix, sur un segment "3 étoiles +" . “Il y aura toujours un attrait pour le boutique-hôtel de charme à taille humaine, même si le modèle économique est parfois menacé. Il faut donc créer des synergies et repenser la mutualisation des services. Notre développement se fait dans une logique de complémentarité et de proximité”, explique-t-il. L’entrepreneur n’hésite pas à osciller entre l’hôtellerie stricto sensu et les appart-hôtels, dont la “flexibilité est appréciée par les voyageurs”". “La frontière entre les différents types d’hébergement - hôtels, appartements, résidences de tourisme…- est de plus en plus floue. Airbnb vend des chambres d’hôtel, Booking vend des nuits dans des appartements… Le client ne fait plus tellement la différence, du moment qu’il a une offre de services de qualité”, poursuit-il.
Mettre l’accent sur l’humain
Suivi dans son développement par Extendam, puis par la BPI et le Crédit agricole des Savoies, Martin Devictor travaille actuellement sur deux nouveaux projets. En décembre, une vieille maison devrait accueillir trois appartements et, au rez-de-chaussée, un "café de pays lobby" : "Tous nos investissements se situent à proximité, en plein centre-ville. Le Cafevalo sera un lieu de rencontre, le cœur de ce hameau, un peu comme un lobby externalisé où l’on pourra prendre un petit déjeuner ou un brunch, et acheter un snacking à emporter", note-t-il. En juin 2020, un boutique-hôtel de charme ouvrira également en lieu et place de l’ancien bowling de la station, fermé depuis peu. L’adresse de 50 clés pourra accueillir jusqu’à 150 personnes en mixant chambres, appartements et peut-être même dortoirs. Quant aux 700 m² d’espaces de vie, ils abriteront notamment un restaurant à l’esprit brasserie, du coworking et toute une aire de jeux (deux pistes de bowling, billard, baby-foot, mur d’escalade…). "Chamonix a besoin de distractions lorsqu’il ne fait pas beau, note-t-il. Les clients recherchent aujourd’hui un lit, mais aussi des expériences, des activités, des services. Tout cela devient un seul et grand marché.”
Dans ce secteur en pleine mutation, Martin Devictor mise sur la polyvalence (“Il faut gérer en même temps des sujets très différents, réfléchir à la construction d’un nouvel établissement, gérer des problèmes techniques au quotidien…”), et l’humain. “Je souhaite donner du sens et créer des valeurs, autant pour les salariés que pour les clients. Quand un client a vécu un moment fort dans votre établissement, il le gardera peut-être en mémoire toute sa vie. L’humain, c’est ça la plus grande satisfaction de ce métier”, conclut-il.
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Publié par Violaine BRISSART