"Le taux d'agression est heureusement faible, puisque 4 %
des dirigeants CHR indiquent qu'un de leur salarié a été victime d'une
agression lors de son trajet entre le domicile et son lieu de travail. Dans ce
cas, il est assez logique que ce ne soit pas la préoccupation première des
professionnels. Il faudrait de toute façon mettre en perspective les autres
secteurs d'activité concernés par des transports de nuit, comme la santé ou la
boulangerie. Les enjeux de sécurité, en France, font partie des fonctions
régaliennes de l'Etat. L'employeur ne peut pas se substituer à tout. Ce qui
pose réellement problème, c'est la difficulté à trouver un logement proche du
lieu de travail. Habiter Paris, par exemple, est devenu inabordable pour une
majorité de personnes et ce n'est pas propre à notre branche, analyse Roland Héguy, président confédéral
de l'Umih. S'assurer
que le salarié soit bien arrivé sur son lieu de travail et qu'il en reparte
dans de bonnes conditions est du ressort de l'employeur. Faciliter le
stationnement par la mise à disposition d'un parking lorsqu'il vient en voiture
est un atout certain. Mais assurer la sécurité des voyageurs dans les
transports en commun revient aux sociétés de transport... En tant que chefs d'entreprises,
que ce soit dans l'hôtellerie ou dans la restauration, quand nous avons
des populations jeunes ou fragiles, on va s'en préoccuper mais c'est du cas par
cas",
ajoute-t-il.
L'allongement
des durées de transport est également pointé du doigt par le président du GNI
et du Synhorcat, Didier Chenet. "Ce n'est pas l'aspect
sécuritaire qui est en question, mais la fatigue qu'il engendre. Cet
allongement a un impact sur la santé. Quand quelqu'un fait une heure trente de
transport, et ça deux fois par jour, cela devient un problème. Dans le cadre de
l'action sociale CHR, nous finançons le permis de conduire pour les jeunes et
les apprentis, car c'est un accès au travail. A part dans les grandes
métropoles, le seul moyen de locomotion pour une majorité de personnes, c'est
la voiture. D'autre part, Quand un salarié se fait agresser et c'est rare
heureusement, on le sait quasiment à chaque fois. Nous sommes dans un secteur
composé de TPE et de PME. La communication passe entre dirigeants et salariés.
Quant à demander à un salarié qu'il nous envoie un SMS quand il est arrivé chez
lui, c'est très intrusif comme principe."
Il y a deux ans, compte tenu de l'état d'enneigement,
la Fagiht-GNI a conseillé à ses adhérents de dire à leurs salariés de rester chez
eux. "C'était
tout à fait exceptionnel et ça relevait du bon sens paternaliste, explique la directrice
générale du syndicat. En montagne, les trajets sont assez souvent
organisés. Je connais des établissements qui se regroupent pour mettre en place
des systèmes de navettes pour leurs salariés. Pour certains salariés, le
transport consiste à prendre des remontées mécaniques ou la motoneige. Nous sommes,
dans notre secteur et pour nos salariés, avant tout confrontés à une
problématique de moyens et de conditions pratiques d'accès au travail", termine Catherine De Bruyne.
Publié par Sylvie SOUBES
vendredi 22 janvier 2016