Ruralité : la sonnette d'alarme de l'Umih

Rodez (12)

Publié le 27 avril 2018 à 17:58
Rodez a accueilli lundi 9 avril les Assises de la ruralité organisées par l'Umih, qui souhaite déclencher un mouvement et poser les bases d'une reconstruction durable de l'activité rurale. « La ruralité est une grande cause qui mérite la mobilisation de tous » a indiqué en ouverture Hervé Bécam, vice-président confédéral de l'Umih. Aujourd'hui n'est pas une fin en soi mais un acte fondateur, destiné à fédérer les énergies ». Et celles-ci sont multiples, comme l'ont prouvé les témoignages qui se sont succédé en tribune. Christian Tesseydre, maire de Rodez s'est battu comme son prédécesseur pour l'implantation du musée Soulages, musée d'art contemporain situé à l'entrée du centre historique de la ville.  Alors que ce musée n'était qu'à l'état de projet, un sondage indiquait que 85% des ruthénois étaient contre. « Depuis son ouverture, en 2014, les offres d'emploi ont augmenté de 30%. Le musée s'est hissé parmi les premiers de la région Occitanie. Notre objectif est désormais de doubler sa fréquentation mais pour cela, nous avons besoin de mettre en place des packages 'tourisme' en Aveyron, qui bénéficieront à l'ensemble du territoire ». Cette notion d'animation a été omniprésente durant l'ensemble des travaux. Elle est nécessaire pour attirer les visiteurs mais aussi pour recréer une vie locale. Au premier plan bien sûr, les cafés, les hôtels, les restaurants. En 2015, France Boissons a initié les rencontres « Comptoirs & Territoires » qui permettent aux élus locaux et aux patrons d'établissements d'échanger sur les difficultés rencontrées et de proposer des solutions, explique Franck Fléchard, directeur de la communication de la filiale de distribution d'Heineken. « Pour reprendre un établissement en zone rurale, il faut un accompagnement spécifique. Cela demande une compréhension du tissu local, des besoins qui sont différents en fonction des lieux ». Charles-Edouard Barbier qui est hôtelier-cafetier-restaurateurs dans l'Oise, membre de l'Umih 60 et labellisé Bistrot de Pays, le confirme. « La base, c'est proposer des services de proximité adaptés. Mais cela ne suffit pas, il faut donner d'autres raisons de venir, attirer la clientèle des villes avoisinantes par des événements, en n'hésitant pas à innover, à tenter ». Dans son établissement de Heilles, celui-ci a même osé un défilé de mode sur le thème de la lingerie en partenariat avec une boutique de Beauvais. 

Savoir s'adresser aux clientèles locales

Autre expérience intéressante, celle de Charles Moncouyoux et son Bus 26. « Avec mon épouse nous avons fait cinq ans chez Régis et Jacques Marcon. Quand on a ensuite voulu ouvrir un établissement à la campagne, les banques nous ont dit que ça ne marcherait jamais. A force de réfléchir, nous avons décidé d'ouvrir il y a trois ans un restaurant itinérant. Nous nous installons un mois dans un village, mais en arrivant le matin et en repartant le soir. On investit des endroits très différents mais qui redonnent vie aux villages. On pensait s'adresser aux 30/50 ans et ce sont les 40/90 ans qui réservent… Pour recréer de l'activité, je pense qu'il faut aussi donner aux communes des éléments de communication. Le travail doit se faire en partenariat. » Fabrice Galland, président de la Fédération International des Logis, a présenté récemment en Haute-Marne le nouveau concept développé par le réseau dans les communes de moins de 2000 habitants : l'Auberge de Pays by Logis. « Ce sont des boutiques-hôtels de 7/8 chambres, que nous accompagnons et qui s'adressent certes aux touriste, mais également à la clientèle locale. Ces implantations vont se faire en collaboration avec les acteurs locaux et des exploitants qui ont la volonté de construire un projet ». D'autres outils apparaissent. Même la Sacem s'y met. Son représentant, Dominique Grenier, a annoncé un abattement supplémentaire de 25% (sur le tarif protocolaire Umih) pour les petits établissements situés dans des communes de moins de 2 000 habitants dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 100 000 euros. A ses côtés à Rodez, le chanteur Yves Duteil, membre du conseil d'administration de la Sacem et maire pendant 25 ans d'un village de 750 habitants. Près d'une trentaine d'intervenants ont ainsi plaidé la cause de la ruralité, dénonçant principalement sa méconnaissance. Le retrait des pré-enseignes en est le meilleur exemple pour Frédéric Néraud, président de Tourisme Loiret ou pour Vanik Berberian, président de l'Association des Maires Ruraux de France, qui fustigent tous deux des normes pensées pour les grandes villes, au mépris de la campagne et de sa réalité. 


Publié par Sylvie SOUBES



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