Le point faible des TPE reste la trésorerie. L’enquête réalisée par le Syndicat des indépendants (SDI) dresse un état des lieux des difficultés rencontrées auprès des banques. Face à l’aggravation du phénomène, l’organisation interprofessionnelle patronale porte actuellement quatre mesures qui permettraient aux TPE de s’en sortir.
Des découverts, quand ils sont autorisés, qui coûtent très chers…
La réponse bancaire aux besoins de trésorerie sous forme de crédit classique est en forte diminution pour atteindre moins de 19% (33% en 2016). Toutefois, note le SDI, 46% des TPE se voient accorder des découverts à un taux moyen compris entre 10,54% et 14,05%, soit un coût 5 à 7 fois supérieur à un crédit classique. L’absence de solutions proposées par les banques atteint 31% (contre 13% en 2016). Le calcul du taux d’emprunt sur compte courant débiteur tient compte uniquement des agios, mais pas des commissions d’intervention qui sont la conséquence directe des augmentations successives de découverts. Ces commissions sont appliquées à chaque opération pour un coût variant de 9 euros à 12 euros. Selon les calculs de l’Ordre supérieur des experts comptables, la prise en compte de ces frais pour le calcul du TEG appliqué sur les découverts conduirait à constater un taux effectif moyen de 22%. Pour limiter ces frais et agios, les responsables des TPE se disent prêts à accepter une formule de crédit adapté (micro-crédit, crédit court) à un taux élevé (7 à 8%).
Accentuation de la dégradation des trésoreries en 2018
52% des dirigeants de TPE ont constaté une dégradation de leur trésorerie l’an dernier (contre 38% en 2016). 40% des personnes interrogées ont été impactées par les mouvements sociaux des gilets jaunes et ce sont les entreprises de 1 à 5 salariés qui ont été les plus touchées. Une situation jugée très préoccupante par le SDI, sachant que les entreprises de 1 à 5 salariés représentent 86% des TPE (source Dares). 50% des dirigeants déclarent être à 5 000 euros de leur seuil de stabilité, 83% fixe à 15 000 euros le montant dont ils auraient besoin.
Un exemple chiffré de frais et agios qui fait peur…
Le SDI cite l’exemple d’une petite structure en alimentation rapide à Lyon. La gérante avait besoin d’un fonds de roulement de 1000 euros mais sa banque lui a refusé toute autorisation de découvert. Résultat, le compte courant de l’entreprise a connu 198 incidents bancaires durant l’année, qui ont généré 2 573 euros de frais et agios bancaires, pour un besoin de fonds de roulement réel de 1000 euros seulement.
Les propositions du SDI pour permettre aux TPE de sortir la tête de l’eau
- Le plafonnement des frais de toute nature perçus à l’occasion du traitement des irrégularités de fonctionnement du compte courant pour les TPE (et les entrepreneurs individuels)
- L’extension de la portabilité des comptes bancaires aux comptes courants des TPE (et des entrepreneurs individuels)
- L’obligation bancaire d’information sur les coordonnées du Correspondant TPE de la Banque de France au-delà de 3 mois de découvert non autorisé
- Mise en place d’un micro-crédit de trésorerie (jusqu’à 15 000 euros) directement accessible via une plateforme BPI France, en lien avec la Médiation du crédit
Publié par Sylvie SOUBES