Vendredi 30 juin, le centre-ville de Montreuil (Seine-Saint-Denis) se réveille marqué par les affrontements qui opposent, depuis trois nuits, jeunes des cités et forces de l’ordre, provoqués par la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine). Dans la nuit du jeudi à vendredi, le centre commercial situé à proximité de la mairie de Montreuil a été particulièrement visé. Presque tous les commerces - pharmacies, parfumerie, opticiens, coiffeur, vêtements, gadgets, boulangerie, chocolatier...- ont été pris pour cible. De nombreuses vitrines sont à terre ou ont été endommagées, des abribus et des poubelles ont été brulés, des magasins ont été pillés…
Ce matin, à l’intérieur des commerces, les gérants constatent, impuissants, les dégâts, et de nombreux menuisiers sont déjà à l’œuvre pour remplacer les vitres brisées par des panneaux de bois. Parmi eux, des restaurateurs ont été visés, plus ou moins violemment : le McDonalds situé non loin de la mairie est fermé ce matin, particulièrement touché ; le Quick a lui rouvert aujourd’hui, malgré les impacts des projectiles. Rue du Capitaine Dreyfus, quelques restaurants indépendants ont été dégradés.
"Dommage collatéral"
Sous couvert de l’anonymat, les restaurateurs se confient : “Je suis installé ici depuis deux ans, et je n’ai jamais eu de problème. Je ne pense pas que les jeunes en voulaient à mon restaurant. Maintenant je croise les doigts pour les nuits à venir, j’espère que mon rideau de fer tiendra bon”, explique un gérant d'une table du centre-ville dont la vitrine a été légèrement endommagée.
Plus loin, un restaurant de vente à emporter a été pillé et dégradé dans la nuit de mercredi 28 à jeudi 29 juin. La jeune manager explique : “Ils ont cassé la vitrine, sont entrés dans le restaurant, ont tout cassé et volé la caisse. L’assurance ne va pas tout couvrir. On a rouvert juste pour prendre les commandes, car on ne peut pas se permettre de rester fermé trop longtemps. Forcément, ça nous touche, mais on a beaucoup de recul, on ne le prend pas personnellement. On sait que c’est un dommage collatéral… Ils s’en sont pris à nous car on n’a pas de volet roulant. D’un autre côté, un de nos clients a monté un groupe WhatsApp pour nous aider, et il y a eu beaucoup de personnes qui ont commandé chez nous en soutien. Certains voisins sont même descendus dans la rue pour défendre le restaurant quand ça s’est produit. Ça fait vraiment plaisir.” Tous deux espèrent que leur établissement sera épargné si d'autres violences venaient à se produire dans les nuits à venir.
Publié par Roselyne DOUILLET