du 10 juillet 2003 |
ÉDITO |
Il est inquiétant de voir avec quelle constance, avec quel naturel,
les gens aujourd'hui sont prêts à défendre leurs intérêts personnels, au détriment
de l'intérêt collectif. Le refus de toute évolution, de tout changement dans des
habitudes de vie, de travail, les amène à des comportements revendicatifs excessifs,
qui, à terme, vont aussi à l'encontre de leurs propres intérêts. Ces derniers mois ont
été particulièrement mouvementés en matière de conflits sociaux, et à chaque fois,
les mécontents n'ont réagi que par rapport à des intérêts propres et immédiats quand
ils n'ont pas été guidés par un discours idéologique. La force de résistance au
changement est telle qu'elle aveugle et interdit toute capacité d'analyse objective de la
situation.
Aujourd'hui, tous les conflits ont des suites lourdes sur la vie des entreprises, et les
plus petites, les plus fragiles, se trouvent les premières en danger. Et ce sont dès
lors leurs salariés qui seront les premiers concernés par les restrictions imposées par
les reculs d'activité dus à ces mouvements. Des petites entreprises où l'entrepreneur a
pris tous les risques, où il a investi tout ce qu'il avait et s'est engagé auprès des
instituts financiers sur des remboursements. Des entrepreneurs qui voient leur activité
suspendue du fait de l'impossibilité des gens de voyager, du fait des livraisons
interrompues et qui recevront tout de même, alors qu'ils n'ont pu réaliser de chiffre
d'affaires, l'ordre de payer envoyé par les organismes sociaux et fiscaux... Tout retard
sera pénalisé alors que le service public aura été interrompu... C'est la règle et
parce que c'est la règle, le chef d'entreprise n'aura d'autre choix que de licencier le
peu de personnes qu'il fait travailler. Des salariés qui ne seront entendus de personne
et qui vivront ces moments avec d'autant plus d'amertume qu'ils auront perdu leur emploi,
sous prétexte que certains voulaient défendre leurs intérêts personnels et vivront
encore plus mal leur revendication de paiement des jours de grève. Pendant ce temps, on
continuera à prôner ce droit à la grève, on continuera à trouver légitime qu'une
économie soit bloquée des jours durant par des revendications personnelles, alors que
dans son ensemble, c'est à l'appauvrissement de la société que l'on assiste. Des
conflits qui ne font que des perdants, certains plus fortement touchés que d'autres...
Sera-t-on capable un jour dans ce pays d'avoir un sens des relations sociales qui
permettrait de placer l'intérêt collectif au centre des négociations sans avoir à
descendre dans la rue pour que chacun mesure le poids de ses troupes ? Gardons espoir...
PAF zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2829 Hebdo 10 Juillet 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE