du 4 septembre 2003 |
FORMATION |
n RÉFORME DE L'APPRENTISSAGE
Le gouvernement veut revaloriser l'image et le statut de l'apprenti. Des améliorations qui devraient faciliter l'embauche, le parcours professionnel des jeunes et la pérennité des PME en France.
Par K. Kulawick et Y. Goasdoué
L'apprenti bénéficiera
désormais d'un vrai statut, équivalent à celui de l'étudiant grâce à une 'carte
d'étudiant professionnel'.
Renaud Dutreil,
secrétaire d'Etat aux PME, au Commerce, à l'Artisanat, aux Professions libérales et à
la Consommation, a présenté, le 27 août dernier, lors du Conseil des ministres, les
grandes lignes d'une réforme de l'apprentissage (inspirée du modèle suisse qui a été
un franc succès) qui doit déboucher sur un projet de loi, et qui sera éventuellement
insérée dans la réforme Fillon sur la formation professionnelle en fin d'année.
Cette réforme répond au problème, majeur dans l'hôtellerie-restauration, d'embauche
des entreprises qui se retrouvent trop souvent devant un personnel non qualifié, et d'un
autre côté, un nombre croissant de jeunes au chômage (les moins de 25 ans représentent
17,5 % des chômeurs, soit 415 000 personnes) qui sortent de leurs études sans diplôme
(150 000 par an) ou qui n'ont pas de qualification (57 000 par an). Il y a un réel manque
d'apprentis en France, et le gouvernement compte faire passer leur effectif de 364 000 à
500 000, pour faire face en particulier aux départs en retraite (notamment des chefs
d'entreprise) qui seront toujours plus nombreux dans les prochaines années. En effet,
d'ici 10 ans, 5,5 millions d'emplois (dont 550 000 chefs d'entreprise d'ici 15 ans) seront
vacants pour cause de départ à la retraite, alors qu'on comptera 200 000 collégiens en
moins (50 % des apprentis sortent du collège). L'apprentissage coûte 3 Mds e chaque
année, et est financé à moitié par la taxe d'apprentissage. Toutefois, malgré son
développement, il n'y aura pas d'augmentation des prélèvements obligatoires pour les
entreprises.
Mauvaise image
Jusqu'à présent, les places en apprentissage étaient principalement 'distribuées' à
des jeunes en échec scolaire dans les filières générales, alors que leur intégration
professionnelle est, la plupart du temps, réussie (75 % des jeunes trouvent un emploi
après leur apprentissage). Et c'est cette même connotation négative 'mauvais en classe
= filière manuelle' qu'il faut corriger pour rétablir une image positive de
l'apprentissage auprès du public et des jeunes. Le ministre parle de "diversité
des savoirs" et veut casser cette hiérarchisation 'intellectuel contre manuel'.
D'autant plus que cette idée reçue ne tient plus : ces dernières années,
l'apprentissage tend à tirer ses élèves vers le haut. Le nombre d'apprentis de niveau V
est en baisse (de 79 % à 65,9 % entre 1996 et 2002), tandis que les niveaux IV, III, II
et I (les 3 dernières étant des formations supérieures) sont en hausse depuis 1996.
Un statut d'étudiant professionnel
Pour redorer le blason de l'apprentissage et faire connaître ses différentes filières
auprès des jeunes, des familles et des établissements scolaires, et s'adapter au besoin
des entreprises, le gouvernement entame un projet ambitieux de transformation du statut et
de l'image de l'apprenti, notamment à travers des campagnes de communication nationales.
L'apprenti bénéficiera désormais d'un vrai statut, équivalent à celui de l'étudiant
grâce à une 'carte d'étudiant professionnel' ouvrant des droits, et qui l'aidera face
aux problèmes de logement, de transports, d'assurances, etc. Sa rémunération (dès
qu'il aura acquis une certaine qualification) sera revue à la hausse, ses droits aux
allocations familiales pourraient être maintenus, et le gouvernement pourrait également
créer une 'prime au premier équipement', l'équivalent d'une prime de rentrée scolaire.
Pour se démocratiser, le système de l'apprentissage doit s'ouvrir et s'adapter à un
plus grand nombre, non plus seulement aux collégiens, mais aussi aux salariés, aux plus
âgés et aux plus diplômés. Bref, les cycles d'apprentissage devront être adaptables
à différents profils, avec un parcours de formation adapté au mieux pour chacun (le
ministre insiste sur la création de passerelles et d'équivalences entre les filières),
et, à terme, pouvoir s'inscrire dans l'option d'un cursus européen d'apprentissage.
Le rôle de formateur dans l'entreprise va également être revalorisé. En effet, le
statut de maître d'apprentissage pourrait être reconnu par les conventions collectives,
et pourrait lui-même bénéficier d'un nouveau statut, d'une meilleure qualification et
formation. Le gouvernement veut resserrer les liens entre les maîtres d'apprentissage et
les enseignants de CFA. Dans ce rapprochement, les entreprises pourraient également
donner leur avis sur les rythmes scolaires en collaboration avec les CFA. Le ministère
continue ses réflexions sur une médiation qui faciliterait l'intégration du jeune du
CFA à l'entreprise. Le taux de rupture des contrats étant trop élevé pour l'instant
(25 %), Renaud Dutreil entend veiller aux abus des entreprises. Les dérogations
(d'horaires, etc.) accordées notamment à la restauration et à la boulangerie seront
également renforcées.
Côté grand public, dès le collège, des formations 'métiers' seront mises en avant. De
la sixième à la troisième, seront mis en place des stages 'découverte' sous
convention. Et dès la quatrième, des options 'métiers' seront développées, ainsi que
des classes en alternance. zzz68p
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L'Hôtellerie Restauration n° 2837 Hebdo 4 Septembre 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE