L’Hôtellerie Restauration : Que répondez-vous aux hôteliers qui voient dans les chambres d’hôtes une menace concurrentielle ?
Florence Mardirossian et François Gauthier : L’hôtellerie de cinq chambres, c’est un segment que le secteur a du mal à préserver en France, certainement en raison du modèle économique. Et l’heure étant à la reconquête, il faut reconstruire tout le pan de l’hébergement, en partant du plus petit - comme les chambres d’hôtes - pour aller vers le plus grand, comme les résidences hôtelières gérées. Les chambres d’hôtes ne sont pas une menace concurrentielle. Nous ne sommes pas sur les mêmes volumes ni les mêmes services. La plupart des maisons d’hôtes, par exemple, n’ont pas de personnel. Avec cinq chambres et un accueil de maximum quinze personnes, on ne peut pas concurrencer l’hôtellerie, on ne répond pas aux mêmes demandes. Il faut plutôt prendre en compte la diversité que cela apporte. Il y a certains territoires où il n’y a pas d’hôtels, mais où l'on peut trouver un refuge, un gîte ou une chambre d’hôte.
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On entend souvent dire que les chambres d’hôtes ne sont soumises à aucune réglementation. Est-ce vrai ?
Les chambres d’hôtes ne peuvent proposer que cinq chambres et accueillir quinze personnes au maximum. Les règles sont proportionnelles à notre taille, ce qui justifie qu'ils n'entrent pas dans la catégorie des établissements recevant du public (ERP). Mais sinon, les règles sont les mêmes que pour les hôtels : obligation de transparence en matière d’affichage des prix, permis d’exploitation pour les tables d’hôtes et licence restauration dans la cadre de la vente d’alcool.
Propriétaires de maison d’hôte et hôteliers font-ils le même métier ?
La différence fondamentale, c’est que dans le cadre d’une chambre d’hôtes, le propriétaire est chez lui. Vivre sur les lieux est même une obligation. C'est une contrainte dont il s’accommode très bien, car l'accueil est complètement différent. Pour la partie restauration, les hôtes ne sont pas des chefs, ils ne proposent pas plusieurs choix aux clients, il n’y a pas de menu. Les tables d’hôtes ont pour objectif de mettre en valeur les produits du terroir, en achetant en direct avec les producteurs de la région. Et au-delà de cette démarche locale, les hôtes sont des acteurs du tourisme durable. Les volumes leur permettent plus facilement de mettre en œuvre les cahiers des charges en la matière.
Pourquoi le GNI crée-t-il un département spécifique pour les chambres d’hôtes ?
Le GNI s’adresse uniquement aux propriétaires de maisons d’hôtes dont c’est l’activité principale, et qui en tirent la majorité de leurs revenus. Nous avons un besoin, en tant que chambres d’hôtes, d’être représentés, notamment auprès des organismes publics. Nous sommes démunis aujourd’hui, par exemple face à l’Urssaf. On doit payer la taxe de séjour à nos territoires et, en même temps, nous n’existons pas auprès de certains organismes publics ou semi-publics qui proposent des plans de relance, par exemple. Pendant la crise sanitaire due au Covid, cette profession a été totalement abandonnée, personne ne savait quoi faire au niveau de la règlementation. En fonction des régions, les règles ne sont pas toujours les mêmes : il faut donc absolument que l'on soit aidés, pour négocier pour la filière. Les chambres d'hôtes et gîtes occupent un vrai créneau dans le paysage touristique : nous appellons donc à la fin du flou artistique, pour nous qui devons payer nos impôts et nos taxes comme tout le monde.
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Publié par Romy CARRERE