Votre regard sur l'année 2018 dans son ensemble ?
Nicolas El Hakim : En mai, les grèves perlées de la SNCF adossées aux mouvements d’Air France ont eu des conséquences importantes sur l’activité. Les établissements situés près des gares et des Monuments parisiens ont subi des baisses de chiffre d’affaires de 30 % en moyenne. Dans mon restaurant situé avenue du Maine, Les Cèdres du Liban, j’étais à - 40% par rapport à 2017 avec, ensuite, de juin à septembre, des baisses de - 5 à - 10%. A l’inverse, l’activité dans mon établissement situé près du métro Vaugirard, qui travaille essentiellement avec une clientèle locale, s’est stabilisée. Si les 9 premiers mois de l’année ont été bons dans l’ensemble pour l’hôtellerie parisienne, ça été compliqué pour la restauration. Octobre et novembre ont été en revanche exceptionnels. Chez moi, j’étais entre + 15 et + 20% dans les deux entités. Il y a eu un regain de consommation. Les gens semblaient avoir retrouvé le moral, ils ressortaient, ils avaient plaisir à consommer. Beaucoup de restaurants prévoyaient de pouvoir reconstituer une trésorerie à bout de souffle.
Comment avez-vous vécu la fin de l'année ?
Décembre a été catastrophique avec des annulations en masse et des samedis vides. Quasiment tout le monde a été impacté par les mouvements des Gilets Jaunes. Aux Cèdres, je bénéficie d’une clientèle étrangère importante, qui s’est désistée compte tenu des événements. Je fonctionne dans cet établissement qui est là depuis plus de 40 ans avec les voyagistes et je suis très actif sur les réseaux sociaux. Même la clientèle de province, avec laquelle je travaille aussi compte tenu de l’emplacement, n’est pas venue. Normalement, je suis complet pour Noël et je jour de l’An. Pour le réveillon, j’avais une table de 15 américains de prévue qui s’est décommandée. J’ai fait 50 couverts aux Cèdres au lieu de 80.
Oû en est-on aujourd'hui ?
Tout a été plombé avec les manifestations, avec des répercussions sur l’emploi, sur les prix. Brader les prix n’est pourtant jamais bon en restauration. En ce qui me concerne, j’avais fait dans le courant de l’année un prêt car je comptais investir dans des travaux. Aujourd’hui, ce prêt m’a juste permis de palier à la baisse de trésorerie. Si je ne l’avais pas eu, je serais à découvert. Economiquement, ce n’est pas sain. Certains collègues m'ont dit avoir fair des prêtes à la consommation pour ne pas être dans le rouge. Aujourd’hui, l’Urssaf vous décale vos points de cotisation. Mais l’activité tourne au ralenti. Le climat n’est pas favorable à la consommation. On ressent un manque d’envie, une morosité ambiante. Aux Cèdres, j’étais à 55 000 euros de chiffre d’affaires en décembre 2017. En décembre 2018, je suis à 38 000 euros de chiffre d’affaires.
Quel est votre point de vue en tant que représentant syndical ?
Il faut que ce mouvement cesse et qu’on se mette autour de la table pour négocier. Mais ces négociations ne doivent pas concerner uniquement les Gilets jaunes. Les TPE doivent impérativement participer. En décembre, les commerces ont subi 2 milliards d’euros de perte. L’image de la France est déplorable à l’international. Je vous rappelle que de nombreuses entreprises étaient prêtent à venir suite au Brexit. Tout est désormais en suspens. Pire, en restauration, j’ai des collègues qui choisissent de vendre et de quitter la France pour partir s’installer à l’étranger parce qu’ils en ont ras le bol de l’instabilité et des taxes. Les Jeux Olympiques arrivent à grands pas et rien ne se met en place. Or, 2024, c'est demain.
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Publié par Sylvie SOUBES