Alors qu’Airbnb annonçait en février des résultats record pour 2022, avec des revenus en hausse de 40 % sur l’année et - pour la première fois depuis sa création en 2008 - un profit net positif, le ciel n’est pas entièrement dénué de nuages pour la plateforme de meublés touristiques. Son action a en effet chuté de plus de 11 % à Wall Street le 9 mai dernier, en raison de perspectives encore incertaines pour le printemps et le début de l’été. De plus, dans de nombreux pays dont la France le mécontentement des élus et les tentatives réglementaires pour limiter la progression de ces locations ne cessent de s'amplifier, afin de préserver le parc locatif privé et le pouvoir d'achat des habitants, qui voient les prix des logements s'envoler. La ville de Paris mène le combat depuis de nombreuses années, suivie de nombreuses agglomérations touristiques comme La Rochelle, Saint-Malo, La Baule, Bordeaux, Toulouse ou encore de plusieurs communes du Pays basque.
“Une bonne nouvelle”, selon l’Umih
Airbnb a annoncé début mai une série de 50 nouveautés, “inspirées par les remarques de ses utilisateurs” dont la mise en avant de la catégorie chambres, le concept original de la plateforme. Un retour aux sources lié à l’augmentation de 40 % des locations de chambres privées en 2022, ce que le groupe explique par le désir des voyageurs de louer des logements moins onéreux en réponse à l’inflation et à l’augmentation des prix moyens dans le secteur de l’hébergement. “Les chambres sont souvent plus abordables que les hôtels et elles permettent de découvrir les villes de façon plus authentique”, avance Brian Chesky, PDG et cofondateur d’Airbnb.
Une nouvelle concurrence directe pour les hôtels ? “Absolument pas !, affirme Véronique Siegel, présidente de la branche hôtellerie de l’Umih. Ce que je vois, c’est qu’Airbnb est attaqué de toutes parts – notamment par l’Umih depuis 2018 – et le modèle de locations meublées est de plus en plus fragilisé. Ce retour aux sources est une bonne nouvelle parce que cela signifie qu’ils ont vraiment peur et qu’ils se retranchent.”
L’arbre qui cache la forêt ?
Du côté de l’Association pour un tourisme professionnel (Atop), qui lutte contre la concurrence déloyale des meublés touristiques, le nouveau président, Patrick Hayat, est plus mesuré. “On a l’impression qu’Airbnb renoue avec ses fondamentaux, Brian Chesky déclarant lui-même qu’il avait eu l’impression que la machine s’était emballée au fil des années et que cet ADN s’était perdu. Nous voyons donc cette annonce de façon plutôt positive, en nous demandant toutefois si ce n’est pas l’arbre qui cache la forêt puisqu’à Paris par exemple, 86 % du parc [présent sur la plateforme] est constitué d’appartements vides.” Et d’ajouter : “Les prix des meublés sont devenus plus élevés qu’à l’hôtel. Cette mesure a aussi pour but de rendre l’offre d’Airbnb plus attractive."
Parmi les autres nouveautés présentées par la plateforme, Airbnb annonce la création du passeport hôte, qui donne des informations précises sur le loueur de la chambre, mais également de nouveaux filtres permettant de basculer des chambres aux logements entiers, et des fonctionnalités permettant de respecter la vie privée et la sécurité des voyageurs.
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Publié par Roselyne DOUILLET